Le Royaume-Uni est sous le choc après l’interpellation d’un élu local pour des propos d’une rare violence. Ricky Jones, conseiller municipal travailliste de Dartford, a été arrêté et mis en examen mercredi pour incitation au meurtre suite à son discours lors d’une manifestation antifasciste à Walthamstow, dans la banlieue de Londres.
Devant une foule de plusieurs milliers de personnes, l’homme politique de 57 ans s’en est pris avec virulence à ceux qu’il qualifie de “fascistes nazis dégoûtants”, lançant à la cantonade : “Nous devons tous leur trancher la gorge !”. Des paroles qui ont immédiatement suscité l’indignation, poussant les forces de l’ordre à intervenir.
Tensions intercommunautaires exacerbées
Ces propos incendiaires interviennent dans un contexte de fortes tensions au Royaume-Uni, secoué depuis plusieurs jours par des manifestations xénophobes qui dégénèrent régulièrement en affrontements. Face à la montée des violences, la police avait déployé un important dispositif de sécurité mercredi, mobilisant plus de 1300 agents dans la capitale britannique.
Le rassemblement antifasciste de Walthamstow se voulait une réponse à cette vague de haine, réunissant des militants venus “prêcher un message de paix” selon les mots de la BBC. Mais le discours de Ricky Jones est venu jeter de l’huile sur le feu, suscitant la consternation jusque dans son propre camp.
Un parti travailliste sous le choc
Dès l’annonce de son interpellation, le Labour a réagi en condamnant fermement les propos de son élu, les jugeant “totalement inacceptables”. “Ce comportement ne sera pas toléré”, a martelé un porte-parole du parti, annonçant dans la foulée la suspension de Ricky Jones.
Une décision radicale mais jugée indispensable pour tenter d’éteindre la polémique et éviter tout amalgame. Car au sein même du Labour, nombreux sont ceux à s’inquiéter des dérives de certains militants, prompts à verser dans la surenchère verbale. Un phénomène qui n’est pas sans rappeler les excès de l’extrême gauche britannique des années 70-80.
La crainte d’une escalade
Au-delà du cas Ricky Jones, c’est bien la montée des violences politiques qui inquiète outre-Manche. Insultes, menaces, appels au meurtre… La radicalisation des discours fait craindre le pire dans une société britannique de plus en plus polarisée. Beaucoup redoutent un embrasement comme celui qu’a connu Londres en 2011.
Pour l’heure, l’élu mis en cause devra répondre de ses actes devant la justice. Présenté à un juge dès cet après-midi, Ricky Jones encourt théoriquement une lourde peine de prison. Son sort sera scruté de près, chacun y voyant un test de la détermination des autorités face à la haine.
Au final, cet énième dérapage verbal témoigne de la déliquescence du débat politique au Royaume-Uni, miné par les clivages identitaires et les rancœurs post-Brexit. Un cocktail explosif qui, s’il n’est pas désamorcé rapidement, pourrait faire basculer le pays dans une spirale de violences incontrôlables.