C’était un soir de décembre 1995. Olivier Doire, passionné de football, recevait des amis pour suivre le match opposant son équipe fétiche, les Verts de Saint-Étienne, au PSG. L’ambiance était électrique dans le salon de son petit appartement au nord de Vichy. Seul manquait à l’appel son frère aîné, Christophe, 28 ans. Quand celui-ci se présenta enfin, il raconta à Olivier avoir failli ne pas venir, suite à un accident domestique impliquant sa femme. Pris dans l’excitation du match, Olivier n’y prêta guère attention. Ce fut la dernière fois qu’il vit Christophe vivant.
Neuf jours plus tard, le 25 décembre, le corps décapité de Christophe Doire était retrouvé au bord d’une route de campagne dans l’Allier. Un meurtre brutal et inexpliqué qui allait faire basculer l’existence d’Olivier. Très vite, les soupçons se portèrent sur un suspect idéal, sans que les enquêteurs ne parviennent à prouver sa culpabilité. Près de trente ans après, Olivier Doire n’a qu’une obsession : débusquer coûte que coûte l’assassin de son frère.
Une quête de vérité dévorante
Depuis ce funeste jour de Noël 1995, plus rien n’a de saveur pour Olivier Doire. Sa vie se résume à traquer l’insaisissable meurtrier qui lui a ravi son frère. Un deuil impossible, qui le ronge de l’intérieur.
Je ne peux pas faire mon deuil tant que je n’aurai pas mis la main sur cette ordure. Je lui ai juré sur sa tombe. C’est devenu vital pour moi, une question de survie.
– confie Olivier, la voix étranglée par l’émotion.
Aux côtés de sa mère, Solange, il s’est lancé dans une traque impitoyable, accumulant les indices, interrogeant sans relâche l’entourage de Christophe. Chaque piste explorée, chaque témoignage recueilli ne fait qu’attiser sa soif de vérité et de justice.
Un suspect insaisissable
Très tôt, les soupçons d’Olivier se sont portés sur un individu au passé trouble, réputé violent et qui nourrissait une rancœur tenace envers Christophe. Malgré de forts éléments à charge, ce suspect n’a jamais pu être confondu, faute de preuves matérielles. Une impunité qui désespère Olivier.
Je suis convaincu que c’est lui. Tout l’accuse. Mais il est malin, il ne laisse rien au hasard. C’est un vrai caméléon, il sait brouiller les pistes. Parfois, je me dis qu’il ne paiera jamais…
– lâche-t-il, amer.
Au fil des ans, Olivier a vu ce suspect mener une vie tranquille, fonder une famille, prospérer dans les affaires. Une réussite qui a pour lui un goût de cendres et attise sa colère.
L’épouse dans la tourmente
Dans sa quête désespérée, Olivier s’est aussi intéressé à l’épouse de Christophe, Marielle. Leur couple battait de l’aile et elle avait une liaison avec le suspect numéro un. De quoi nourrir bien des rumeurs sur son implication.
Marielle a toujours eu une attitude ambiguë. Elle cachait des choses, j’en suis certain. Mais je n’arrive pas à savoir si elle est complice ou si elle a juste peur de parler.
– s’interroge Olivier, tiraillé entre soupçon et pitié.
Près de trente ans après le drame, Marielle vit recluse, rongée par la culpabilité et les regrets. Malgré son ressentiment, Olivier n’a jamais cessé de l’interroger, espérant qu’un jour, elle livrera la vérité tant espérée.
L’énigme de la tête manquante
Parmi les zones d’ombre de cette sinistre affaire, l’absence de la tête de la victime reste une énigme obsédante. Pourquoi cette mutilation barbare ? Qu’est devenu ce macabre trophée ?
C’est une véritable torture de ne pas savoir ce qu’il a fait de la tête de mon frère. J’ai besoin de comprendre, de mettre un sens sur cette sauvagerie gratuite.
– martèle Olivier, hanté par cette abomination.
Pour lui, cette décapitation est la signature du tueur, le symbole de sa cruauté et de sa démence. Une mutilation odieuse qui ajoute encore à son fardeau de chagrin et de colère.
Une nouvelle piste ?
Vingt-huit ans après les faits, l’affaire connaît un rebondissement inattendu. Selon nos informations, un nouveau suspect serait dans le viseur des enquêteurs. Un homme au profil inquiétant, déjà condamné pour des violences.
J’ai appris cette nouvelle piste par la presse. Les gendarmes ne me disent rien, comme d’habitude. Je ne veux pas me faire de faux espoirs, mais je veux y croire. Pour Christophe.
– réagit Olivier, partagé entre lassitude et espérance.
Cette nouvelle piste sera-t-elle la bonne ? Olivier veut le croire, même si les désillusions passées lui ont appris la patience et la prudence. Sa quête de vérité est devenue sa raison de vivre, le moteur d’une existence sacrifiée sur l’autel d’une impossible résilience.
Une blessure éternelle
Presque trente ans après le meurtre de son frère Christophe, Olivier Doire reste un homme brisé, rongé par un chagrin que rien ne peut apaiser. Sa traque obstinée de l’assassin impuni est devenue son unique horizon, sa seule raison de se lever chaque matin.
Parfois, j’ai l’impression d’avoir gâché ma vie à courir après une ombre. Mais je n’ai pas le choix. Je l’ai promis à Christophe. Je ne trouverai la paix que lorsque son meurtrier sera derrière les barreaux.
– confesse-t-il, le regard perdu dans le vide.
En attendant ce jour hypothétique, Olivier et sa mère Solange continuent leur combat, unis dans une même souffrance. Un combat usant, qui a détruit leur famille et volé leur avenir. Mais un combat vital, mû par un amour fraternel plus fort que la mort et ses silences.
Dans les collines embrumées du Bourbonnais, l’affaire du chasseur sans tête continue de hanter les esprits et de nourrir les rumeurs. Et dans le cœur d’Olivier Doire, la flamme vacillante de l’espoir refuse obstinément de s’éteindre. Jusqu’au jour, peut-être, où la vérité éclatera enfin, aussi froide et tranchante que la lame qui trancha la gorge de Christophe, par une nuit sans lune de décembre 1995.