Imaginez votre rituel du dimanche après-midi : le thé qui infuse, le canapé qui vous appelle, et cette douce parenthèse qu’est Un dimanche à la campagne. Trois invités, une maison perdue dans les champs, Frédéric Lopez en hôte bienveillant… Et soudain, plus rien. L’écran reste noir, ou plutôt, il se remplit de crampons et de mêlées. C’est la douche froide pour des milliers de téléspectateurs.
Pourquoi France 2 met-elle l’émission en pause prolongée ?
La raison est aussi simple que brutale : le sport roi reprend ses droits. La Champions Cup de rugby, cette compétition européenne qui fait vibrer les stades, a besoin de ses créneaux dominicaux. Et sur le service public, quand le ballon ovale appelle, tout le reste plie bagage.
Ce week-end déjà, le match Pau – Northampton a remplacé le magazine. Le suivant ne sera pas plus clément. Conséquence directe : les inédits sont repoussés, compressés, puis purement et simplement annulés jusqu’à l’année prochaine.
Un calendrier sacrifié sur l’autel du rugby
Pour être précis, voici ce qui attend les fidèles :
- 14 et 21 décembre : aucun inédit, place aux matchs de Champions Cup
- 21 et 28 décembre : des best of pour adoucir la pilule
- 4 janvier 2026 : un dernier inédit (Catherine Jacob, Frédéric François, Yann Couvreur)
- 26 janvier 2026 : un second (Marine Delterme, Alessandra Sublet, Nicky Doll)
- Ensuite… plus rien avant 2026, voire plus tard
Autant dire que le cœur de l’émission, sa régularité apaisante, prend un sérieux coup.
Trois ans seulement, et déjà un succès culte
Lancée en octobre 2022, Un dimanche à la campagne a très vite trouvé sa place dans le paysage télévisuel français. Son concept ? Trois personnalités loin de leurs habitudes, dans une grande maison à la campagne, pour cuisiner, jardiner, rire, et surtout se livrer comme rarement.
Ce n’est pas une énième interview. C’est une parenthèse. Un cocon. Un endroit où même les plus réservés craquent. Souvenez-vous de Clara Luciani qui pleure en parlant de son enfance, de Daniel Auteuil qui raconte ses peurs et doutes, ou de Bernard Werber qui se livre sur sa spiritualité. Ces moments, on ne les retrouve nulle part ailleurs.
« C’est l’émission où l’on vient sans carapace. On ne joue plus, on est. »
Un invité anonyme après son passage
Un format qui répond à un besoin profond
Dans un monde saturé de polémiques, de clashs et de buzz, cette émission fait figure d’oasis. Pas de chrono infernal, pas de buzz artificiel. Juste des êtres humains qui se parlent, rient d’un gâteau raté, pleurent sur une chanson. C’est presque thérapeutique.
Et le public l’a bien compris. Les audiences, sans être stratosphériques, sont solides et fidèles. Surtout, les retours sur les réseaux sociaux sont dithémiques : « Merci pour cette bulle de douceur », « J’attends mon dimanche toute la semaine », « C’est mon antidépresseur télévisuel ».
Frédéric Lopez, maître d’un art rare
Impossible de parler de l’émission sans saluer le talent de Frédéric Lopez. L’ancien animateur de Rendez-vous en terre inconnue et La parenthèse inattendue a affiné, au fil des années, une écoute rare. Il sait quand pousser doucement la porte d’une confidence, quand se taire, quand relancer avec une anecdote personnelle.
Ses invités le disent tous : « Avec lui, on se sent en sécurité. » Cette confiance est la clé de voûte du programme. Sans elle, pas de larmes sincères, pas de fous rires spontanés, pas de magie.
La frustration des fans est palpable
Sur Instagram, le compte officiel de l’émission a tenté de positiver : « Petite pause, on revient très vite ! » Mais les commentaires racontent une autre histoire :
- « Non mais sérieusement France 2, le rugby passe avant la culture et l’humain ? »
- « J’ai pleuré en apprenant ça, c’est ma seule émission feel-good »
- « On préfère des mêlées à des moments de vie ? Bravo la priorité… »
Le sentiment dominant ? L’incompréhension. Pourquoi sacrifier une émission qui coûte peu et qui fidélise, pour des droits sportifs déjà très chers ?
Le service public et ses choix discutables
Cette décision pose, une fois de plus, la question du rôle de France Télévisions. Doit-on privilégier à ce point le sport, même au détriment de programmes culturels et humains qui font l’identité du service public ?
Certains y voient une logique purement économique : les droits de la Champions Cup ont coûté cher, il faut les rentabiliser. D’autres parlent d’une vision à court terme : on privilégie l’audience immédiate du sport au détriment d’un rendez-vous qui construit une relation durable avec le public.
Que vont devenir les épisodes déjà tournés ?
La production avait anticipé plusieurs numéros. Certains invités ont déjà passé le week-end à la campagne, ont partagé leurs histoires, leurs émotions. Que va-t-on faire de ces images ? Les diffuser en best of l’année prochaine ? Les garder au chaud pour un retour hypothétique ? Le flou reste total.
Et après ? Un retour vraiment prévu en 2026 ?
Officiellement, oui. Mais dans le milieu, on murmure que rien n’est moins sûr. Une émission interrompue aussi longtemps perd de sa force. Le public risque de prendre d’autres habitudes. Les invités phares seront peut-être moins disponibles. Et Frédéric Lopez lui-même pourrait être tenté par d’autres projets.
Car rappelons-le : l’animateur a déjà connu des pauses longues. Après l’arrêt de La parenthèse inattendue, il avait mis plusieurs années avant de revenir avec ce nouveau format. Rien ne dit qu’il acceptera indéfiniment d’être mis sur le banc de touche.
En attendant, comment combler le vide ?
Pour les irréductibles, quelques solutions de fortune :
- Revoir les anciennes saisons sur la plateforme France.tv
- Écouter les podcasts dérivés où Frédéric Lopez reçoit en solo
- Se plonger dans des émissions similaires (mais aucune n’a tout à fait la même saveur)
- Patienter… ou signer la pétition qui circule déjà sur les réseaux
Parce que oui, une pétition existe. Elle rassemble déjà plusieurs milliers de signatures. Preuve que l’attachement va bien au-delà d’un simple programme télé.
En définitive, cette pause forcée nous rappelle une chose essentielle : dans le flux incessant des programmes, certains rendez-vous sont plus que du divertissement. Ils sont des respirations. Des refuges. Et lorsqu’on nous les enlève, même temporairement, c’est tout un équilibre qui vacille.
Alors oui, il y aura du rugby. Des essais, des transformations, des troisièmes mi-temps. Mais il manquera cette petite maison à la campagne, ces rires autour d’un gâteau, ces silences lourds d’émotion. Et ça, aucun drop ne pourra le remplacer.
On croise les doigts pour un retour plus tôt que prévu. En attendant, bon courage à tous les orphelins du dimanche après-midi. Vous n’êtes pas seuls.









