Le gouvernement travailliste de Keir Starmer présente ce mercredi son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en juillet dernier. Un exercice délicat et décisif pour le reste de son mandat, qui doit permettre de rééquilibrer des finances publiques mal en point, au prix de décisions “douloureuses”. Des hausses d’impôts et des coupes dans les dépenses sont au programme.
40 milliards de livres à trouver
C’est à la Chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, que revient la lourde tâche de présenter et de défendre les choix du gouvernement. Selon les informations relayées par la presse, elle devra trouver jusqu’à 40 milliards de livres (48 milliards d’euros) par an d’ici 2030 pour éviter un retour de l’austérité. Le tout avec une dette publique qui atteint déjà 100% du PIB.
Alourdissement des impôts
Pour renflouer les caisses, le gouvernement mise notamment sur une hausse des prélèvements obligatoires. Sont évoqués un alourdissement de l’impôt sur le capital, une réforme des taxes sur l’héritage et surtout une augmentation des cotisations patronales, qui pourrait rapporter à elle seule 20 milliards de livres selon une source au Trésor citée par le Times.
Réduction des dépenses
Du côté des économies, sont déjà actées la hausse de la TVA sur les écoles privées, une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises énergétiques, le plafonnement à 3 livres du ticket de bus et la fin du chèque énergie pour des millions de retraités. Cette dernière mesure concentre les critiques, y compris dans les rangs travaillistes.
Maintien des services publics
Malgré ce contexte d’austérité, le gouvernement entend préserver certains services publics “accablés par plusieurs années de négligence économique” selon Rachel Reeves. Le budget de la santé (NHS) sera ainsi substantiellement revalorisé. 1,4 milliard de livres seront consacrés à la rénovation des écoles et 1,8 milliard aux services de garde d’enfants.
Pendant trop longtemps, on a prétendu qu’on pouvait réduire les impôts et dépenser davantage pour les services publics. On ne peut pas.
Keir Starmer, Premier ministre britannique
Un budget “sur le fil du rasoir”
Alors que la popularité du gouvernement est déjà au plus bas, ce budget constitue un “risque inhabituellement important pour la livre” selon Matthew Ryan, analyste chez Ebury. La réaction des marchés aux hausses d’impôts et aux nouveaux emprunts sera scrutée de près. Les syndicats patronaux attendent de pied ferme les arbitrages qui les concernent.
Rachel Reeves devrait justifier ces mesures impopulaires par la nécessité de combler un “trou noir” de 22 milliards de livres dans les finances publiques, hérité selon elle des années de gouvernance conservatrice. Elle insistera aussi sur l’évolution à venir des règles budgétaires qui permettra “d’emprunter plus, mais seulement pour investir”. Un numéro d’équilibriste pour le gouvernement travailliste, sur la ligne de crête entre redressement des comptes publics et promesse d’un Royaume-Uni plus florissant.