La cour d’assises de la Haute-Savoie a rendu son verdict dans une affaire de viols, agressions et atteintes sexuelles impliquant un ancien professeur de 39 ans et l’une de ses élèves âgée de moins de 15 ans au moment des faits. L’homme, qui comparaissait libre après deux mois de détention provisoire, a été condamné à une peine de 5 ans d’emprisonnement dont 4 avec sursis.
Selon les éléments de l’enquête, l’histoire entre l’enseignant et son élève avait débuté en 2019 à Annecy, lorsqu’il lui avait fait la bise pour son treizième anniversaire. Leur relation avait ensuite pris une autre dimension pendant le confinement du printemps 2020, à travers de nombreux échanges de mails dans lesquels ils se déclaraient leur amour.
Une relation prohibée, des abus répétés
Au fil des mois, les contacts physiques entre le professeur et l’adolescente s’étaient multipliés et intensifiés, que ce soit en forêt, dans une salle de classe ou encore dans la voiture de l’enseignant. À l’été 2021, ils avaient même eu des rapports sexuels protégés au domicile de l’homme. Ce dernier a reconnu l’intégralité des faits dès sa garde à vue en septembre 2021, à la suite d’une plainte déposée par les parents de la jeune fille.
La question du consentement au cœur des débats
Tout au long de l’instruction, l’adolescente, qui ne se considérait pas comme une victime, a revendiqué cette relation amoureuse et affirmé y avoir consenti à chaque étape. Elle a expliqué que le professeur, dont elle était éprise, avait toujours veillé à s’assurer de son accord avant d’aller plus loin.
Ne se considérant pas comme une victime, cette dernière a pour sa part revendiqué cette relation et s’était dite consentante durant toute l’instruction.
Cependant, la loi est claire : en-dessous d’un certain âge, un mineur est jugé incapable de donner un consentement libre et éclairé à des actes sexuels avec un adulte, qui plus est dans le cadre d’une relation d’autorité. Les faits étaient donc constitués, quelle que soit la perception de la jeune fille.
Un homme fragilisé, une addiction destructrice
L’enquête a par ailleurs révélé que l’ancien enseignant, agrégé de lettres classiques, marié, père de famille et fervent catholique, souffrait d’une addiction au sexe et consommait de la pornographie depuis une vingtaine d’années. Un contexte personnel qui a pu le fragiliser et faciliter le passage à l’acte, sans pour autant l’excuser.
Au-delà de la peine de prison, dont la partie ferme sera aménageable, le professeur a été condamné à un suivi socio-judiciaire de 8 ans, une privation de ses droits d’éligibilité pendant 10 ans et une interdiction définitive d’exercer une activité en contact avec des mineurs. Il sera également inscrit au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
La nécessaire prévention des violences sexuelles en milieu scolaire
Cette affaire illustre une fois de plus les dérives et abus qui peuvent survenir au sein même de l’école, un lieu pourtant censé protéger les enfants et favoriser leur épanouissement. Si les cas d’enseignants condamnés pour violences sexuelles restent minoritaires, ils n’en sont pas moins préoccupants et appellent à une vigilance de tous les instants.
Pour prévenir ces situations dramatiques, il est essentiel de former les personnels à repérer les signaux faibles, de créer des espaces de parole pour libérer la parole des victimes, et d’agir fermement face à tout soupçon en signalant systématiquement les faits à la justice. Un défi permanent pour l’institution scolaire, qui doit concilier bienveillance et fermeté pour garantir la sécurité des élèves qui lui sont confiés.