Il y a un an, l’Argentine basculait. L’ultralibéral Javier Milei accédait triomphalement à la présidence, promettant une révolution économique. 12 mois plus tard, le pays est méconnaissable. Entre réformes-chocs et ancrage à droite assumé, retour sur une première année qui ne laisse personne indifférent.
Une présidence placée sous le signe des coupes budgétaires
Sitôt élu, Milei a engagé un vaste plan d’austérité. Dévaluation de 52% du peso, gel des chantiers publics, fin progressive des subventions… Les Argentins ont dû s’adapter dans la douleur. Mais pour l’exécutif, le jeu en valait la chandelle. Dès janvier, le pays affichait son premier excédent budgétaire mensuel depuis 12 ans, une prouesse renouvelée chaque mois depuis.
Cette cure d’amaigrissement de l’État s’est accompagnée d’une refonte en profondeur de l’appareil administratif. Le nombre de ministères a été divisé par deux, celui des directions générales par trois. Un « dégraissage » qui s’est soldé par la suppression de 33 000 postes dans le public en un an, rappelle fièrement le gouvernement.
Cap sur la dérégulation
Dans le même temps, Milei a entrepris de déverrouiller de vastes pans de l’économie et la société. Fin de l’encadrement des loyers, des accords sur les prix des produits de base, libéralisation du secteur aérien, amnistie fiscale, incitations aux investissements étrangers… L’ultralibéral applique à la lettre son credo.
Quitte à provoquer des remous dans certains secteurs. L’agence de presse publique Telam, vieille de près de 80 ans, a ainsi été purement et simplement fermée. Un sort semblable a été réservé à l’institut national de lutte contre les discriminations. Le langage inclusif a été interdit dans l’administration et l’armée.
Un président climatosceptique et pro-américain
Sur la scène internationale aussi, le changement de ton est radical. Exit le projet d’adhésion aux BRICS initié par le gouvernement précédent. Pour Milei, « les États-Unis et Israël » sont les « alliés stratégiques naturels » de l’Argentine. Un tropisme atlantiste illustré par ses multiples déplacements à la grand-messe conservatrice américaine CPAC.
À la tribune de l’ONU en octobre, le climatosceptique Milei a rejeté le « Pacte pour l’avenir », y voyant un avatar d’un « programme socialiste supranational ».
L’achat de 24 F-16 d’occasion au Danemark, présenté comme « l’acquisition militaire la plus importante depuis 50 ans », participe de cette inflexion géopolitique. Tout comme les attaques répétées contre une ONU accusée d’« imposer des arrière-pensées idéologiques ».
Un bilan économique en demi-teinte
Mais cette première année n’a pas été un long fleuve tranquille pour Milei. Si l’inflation a fini par décélérer, elle reste à un niveau vertigineux, 193% sur 12 mois en octobre. Dans le privé, 146 000 emplois ont été détruits, conséquence de la récession. De quoi tempérer l’enthousiasme des milieux d’affaires, pourtant prompts à saluer la politique économique du gouvernement.
À l’aune de ce bilan contrasté, une question revient avec insistance : jusqu’où Milei est-il prêt à aller ? Car s’il se félicite d’avoir « changé le paradigme économique », le président ne compte pas s’arrêter là. Déjà, de nouvelles réformes se profilent, comme la privatisation d’Aerolineas Argentinas. Avec à la clé, sans doute, de nouveaux remous en perspective.