C’est une histoire qui se répète inlassablement au centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles, dans le Pas-de-Calais. Un jeune ressortissant algérien de 22 ans s’oppose pour la troisième fois à son expulsion vers son pays d’origine. Malgré les efforts des autorités pour procéder à son éloignement, l’homme refuse catégoriquement de se plier à cette mesure.
Un refus obstiné qui mène droit en prison
Le 18 octobre 2024, les forces de l’ordre se rendent au CRA de Coquelles dans le but de transporter le jeune Algérien vers l’aéroport en vue de son expulsion. Sans surprise, ce dernier oppose une fois de plus une fin de non-recevoir. Face à ce énième refus, il est maintenu au centre tandis qu’un procès-verbal est dressé pour acter son opposition.
Ce scénario, le personnel du CRA le connaît par cœur. En effet, l’intéressé avait déjà refusé à deux reprises de se soumettre à la mesure d’éloignement, les 20 septembre et 4 octobre 2024. Cette obstination à rester sur le territoire français malgré les injonctions a fini par lasser la justice. Le tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer l’a ainsi condamné à une peine de deux mois d’emprisonnement ferme. Un mandat de dépôt a été délivré dans la foulée.
Des motifs de refus qui interrogent
Que se cache-t-il derrière cette résistance acharnée ? D’après une source proche du dossier, le jeune homme aurait invoqué des craintes de persécutions en cas de retour en Algérie. Il affirme être menacé dans son pays en raison de son engagement politique. Cependant, les autorités françaises estiment que ces allégations ne sont pas suffisamment étayées pour justifier l’annulation de la procédure d’expulsion.
En parallèle, des associations de défense des droits des étrangers dénoncent les conditions de rétention dans les CRA français. Elles pointent du doigt la dureté du quotidien, entre promiscuité, accès limité aux soins et aux services juridiques. Pour certains retenus, le refus de l’expulsion apparaît comme un ultime acte de résistance face à une machine administrative perçue comme déshumanisante.
Un cas loin d’être isolé
L’histoire de ce jeune Algérien n’est malheureusement pas unique. Chaque année, des milliers d’étrangers en situation irrégulière passent par les centres de rétention avant d’être expulsés. En 2023, ce sont plus de 15 000 personnes qui ont été éloignées du territoire depuis un CRA d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Parmi elles, certaines multiplient les recours et les refus pour tenter d’échapper à ce qu’elles considèrent comme une double peine. Car au-delà de l’expulsion en elle-même, c’est aussi le spectre d’un avenir incertain qui effraie. Retourner dans un pays que l’on a fui, parfois depuis des années, sans savoir ce qui nous y attend, peut s’avérer un déchirement profond.
Entre fermeté et humanité, un équilibre à trouver
Face à ces situations complexes, les autorités se retrouvent souvent tiraillées entre le respect du droit et la prise en compte des situations individuelles. Si la loi prévoit l’éloignement des étrangers en situation irrégulière, son application ne peut faire l’économie d’un examen approfondi de chaque cas.
C’est tout l’enjeu du travail mené par les juges, les avocats et les associations. Leur rôle est de s’assurer que les droits fondamentaux des personnes retenues sont respectés et que les décisions d’expulsion ne mettent pas en danger leur vie ou leur intégrité. Un défi de tous les instants qui nécessite compétence, empathie et détermination.
Quant au jeune Algérien du CRA de Coquelles, son avenir immédiat semble scellé. Il purgera sa peine de prison avant, probablement, une nouvelle tentative d’expulsion. Mais son combat, aussi vain puisse-t-il paraître, en dit long sur la détresse et la révolte qui habitent celles et ceux qui se retrouvent pris dans les mailles du filet de la machine à expulser. Une réalité crue qui interroge notre capacité à concilier humanité et respect de l’État de droit.