Un cas inquiétant d’apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux. Un adolescent d’origine tchétchène a été mis en examen le 13 juin dernier pour avoir diffusé sur TikTok des images et vidéos faisant l’apologie du terrorisme. Drapeau de Daech, scènes de décapitation, tueries… Un contenu choquant qui soulève de sérieuses questions sur le contrôle des réseaux sociaux et la radicalisation des mineurs.
Un signalement qui a permis l’interpellation du suspect
C’est grâce à un signalement que l’enquête a pu être ouverte. Des publications suspectes repérées sur le compte TikTok du jeune garçon né en 2008 à Grozny en Tchétchénie. Parmi elles, des reproductions du drapeau de l’État islamique, des photos de terroristes, ainsi que des images et vidéos de décapitations. Un contenu d’une violence extrême, auquel s’ajoutaient des liens vers des jeux vidéo mettant en scène des tueries dans des lieux de culte. De quoi déclencher rapidement l’intervention des forces de l’ordre.
Interpellé le 11 juin, le mineur a été mis en examen deux jours plus tard pour «diffusion d’images relatives à des atteintes volontaires à l’intégrité de la personne» et «apologie publique d’actes de terrorisme». Âgé de moins de 16 ans, il n’a pas été placé en détention mais sous contrôle judiciaire avec diverses obligations et interdictions.
Un profil à éclaircir, une enquête qui se poursuit
Si les faits reprochés au jeune suspect sont graves, de nombreuses zones d’ombre subsistent quant à son profil et ses motivations. L’enquête confiée à la police judiciaire et aux services spécialisés dans la lutte anti-terroriste se poursuit pour tenter d’en savoir plus. Plusieurs questions se posent :
- Le mineur a-t-il agi seul ou était-il en lien avec des individus ou groupes extrémistes ?
- Quelle était sa volonté en diffusant ce type de contenus ? Simple provocation d’adolescent ou adhésion à l’idéologie terroriste ?
- Quel a été son parcours, notamment sa situation familiale et scolaire, pouvant expliquer un tel comportement ?
Autant de points à éclaircir pour les enquêteurs qui devront aussi s’intéresser au rôle joué par les réseaux sociaux et leur responsabilité dans la diffusion de tels contenus auprès d’un jeune public potentiellement influençable.
Les réseaux sociaux, terreau de la radicalisation des jeunes
Cette affaire met en lumière les dérives possibles des réseaux sociaux et notamment leur utilisation par des groupes extrémistes pour diffuser leur propagande et tenter de recruter de nouveaux adeptes, en particulier chez les plus jeunes. Un phénomène pris très au sérieux par les autorités comme le souligne la procureure de Tours en charge du dossier :
Les réseaux sociaux sont devenus un moyen pour les mouvements extrémistes de tout bord de diffuser massivement leurs messages haineux et leur propagande auprès d’un public jeune et potentiellement vulnérable. Une réalité qui nous oblige à la plus grande vigilance et à une réponse pénale ferme.
Catherine Sorita-Minard, procureure de la République de Tours
Alors que le spectre du terrorisme continue de planer, la prévention de la radicalisation des mineurs sur Internet apparaît plus que jamais comme un enjeu crucial. Cela passe par une sensibilisation accrue des jeunes et des familles aux dangers de l’extrémisme véhiculé en ligne, un contrôle plus strict des contenus des plateformes, mais aussi un accompagnement renforcé des adolescents les plus fragiles.
Un travail de longue haleine dans lequel chacun a un rôle à jouer, des géants du web aux éducateurs en passant par la société dans son ensemble, pour tenter d’endiguer ce fléau et éviter que d’autres jeunes ne basculent comme ce fut le cas de cet adolescent tchétchène. Son interpellation et sa mise en examen envoient un signal fort mais ne régleront pas tout. La lutte contre la haine et la terreur sur les réseaux sociaux ne fait que commencer.