Le froid glacial du front ukrainien transit les soldats dans les tranchées. Mais plus que les températures hivernales, c’est l’épuisement moral et physique qui ronge ces combattants, englués dans un conflit qui dure depuis bientôt trois ans. Au fil des témoignages recueillis par notre équipe sur place, un constat amer revient tel un leitmotiv : l’abandon ressenti face à des alliés occidentaux qui tardent à livrer l’aide militaire tant espérée.
Des soldats à bout de forces sur un front figé
Sous une pluie de bombes russes, les militaires ukrainiens s’accrochent à leurs positions, au péril de leur vie. Mais après 36 mois d’affrontements ininterrompus, les organismes sont éreintés, les esprits lassés. « Nous les militaires, on est exténués, il nous manque cruellement de l’aide matérielle de la part des pays alliés », confie un soldat ukrainien, le regard las. Sur cette ligne de front quasi immobile depuis des mois, chaque jour est une épreuve de survie.
Un quotidien rythmé par les alertes et les explosions
Dans les villes dévastées proches des combats, la vie des quelques civils restants est scandée par le fracas des bombardements. Chaque sortie est un pari risqué. La veille encore, une frappe russe a fauché un habitant dans sa voiture. Un autre « dommage collatéral » de cette guerre d’usure, dont l’issue s’obscurcit au fil des jours.
La technologie russe prend le dessus
Face aux forces de Moscou, les Ukrainiens font face à un ennemi disposant d’un net avantage technologique. Les redoutables drones russes quadrillent le ciel, repérant les moindres mouvements des troupes adverses. « Les russes savent déjà faire voler leurs drones à plus de 15 kilomètres, on en a même vu à 20 kilomètres », s’inquiète un militaire ukrainien. Une supériorité aérienne qui se paye cash en vies humaines.
Le cri d’alarme des combattants ukrainiens
Dans ce contexte difficile, les soldats d’Ukraine lancent un appel désespéré à l’aide internationale. « Si on avait obtenu toutes les armes et les munitions qui avaient été promises par les pays étrangers, on aurait déjà repris tous les territoires perdus depuis le début de la guerre », assure Macha, une vétérane du front âgée de seulement 22 ans. Un constat partagé par nombre de ses frères d’armes, qui se sentent oubliés, sacrifiés sur l’autel de tergiversations diplomatiques.
L’armée ukrainienne, une force vieillissante
Sur le terrain, le manque de moyens se conjugue à une autre problématique de taille : le vieillissement accéléré des troupes. La moyenne d’âge des combattants ukrainiens dépasse désormais les 43 ans, soit dix ans de plus qu’en 2022. Faute d’effectifs suffisants, aucun répit n’est accordé à ces vétérans fourbus. « C’est surtout la fatigue morale qui est dure », explique Sergueï, un soldat qui enchaîne les missions sans jamais vraiment pouvoir souffler.
La relève de la jeune génération, un sujet sensible
Pour combler les rangs clairsemés, la question d’une mobilisation plus large de la jeunesse ukrainienne se pose avec acuité. Mais dans un pays déjà saigné par des années de guerre, ce sujet divise. Envoyer au front les moins de 25 ans ? L’idée soulève le débat, tant le traumatisme infligé à la nation est profond.
On se demande surtout quand et si cette guerre va un jour se terminer…
– Sergueï, soldat ukrainien
Au final, c’est toute une société qui s’interroge sur son avenir, suspendu au bon vouloir de soutiens étrangers parfois hésitants. Dans les tranchées comme à l’arrière, une question lancinante revient, terreau d’angoisses et d’espoirs mêlés : ce conflit aura-t-il une fin ? Les soldats ukrainiens veulent y croire. Mais pour tenir, encore faut-il en avoir la force et les moyens.