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Uber Eats et Stuart : des livreurs moins payés que le Smic ?

Une enquête choc révèle que de nombreux livreurs d'Uber Eats et Stuart gagneraient moins que le Smic horaire. Entre temps d'attente et frais, leur rémunération serait bien en-deçà du minimum légal. Découvrez les détails de cette étude qui met en lumière la précarité des travailleurs de la livraison...

Imaginez pédaler des heures dans les rues, bravant intempéries et circulation, pour finalement gagner moins que le salaire minimum. C’est pourtant le quotidien de nombreux livreurs travaillant pour des plateformes comme Uber Eats et Stuart, selon une enquête édifiante menée par l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi (ARPE).

Des revenus en berne pour les livreurs

L’étude de l’ARPE, basée sur les chiffres publiés par les sociétés de livraison, dresse un constat alarmant. En prenant en compte les temps d’attente entre chaque course, le revenu moyen des livreurs a baissé depuis 2021, et ce, quelle que soit la plateforme. Des chiffres qui font froid dans le dos :

  • Chez Deliveroo et Delicity (livraison de repas), les revenus horaires moyens en 2023 atteignaient respectivement 16,8 et 14 euros brut.
  • Mais chez Uber Eats (repas) et Stuart (colis), ils chutaient à 10,1 et 11,3 euros, sous le Smic horaire fixé à 11,65 euros brut.

Et encore, ce maigre salaire ne prend pas en compte les frais que les livreurs, auto-entrepreneurs, doivent déduire : véhicule, assurance, cotisations sociales… Autant de dépenses qui grèvent un budget déjà serré.

Le cri d’alarme des livreurs

Ces chiffres font écho aux témoignages recueillis par l’ARPE auprès des livreurs en mai 2024. Beaucoup expriment leur inquiétude face à la dégringolade de leurs revenus. Un constat qui doit interpeller les plateformes et les syndicats, selon Joël Blondel, directeur général de l’ARPE.

C’est un sujet qui doit questionner les partenaires, du côté des plateformes comme des syndicats de professionnels.

Joël Blondel, directeur général de l’ARPE

Un revenu minimal horaire pas toujours respecté

Pourtant, depuis 2023, les plateformes sont tenues de verser aux livreurs un revenu minimal de 11,75 euros brut de l’heure. Mais ce garde-fou semble insuffisant face à la réalité du terrain. Car pour atteindre ce revenu moyen hypothétique, encore faudrait-il que le livreur accepte toutes les courses proposées, précise l’ARPE.

Un sacré défi quand on sait que les temps d’attente entre chaque livraison ne cessent de s’allonger. Résultat, impossible pour beaucoup de livreurs d’atteindre le fameux Smic horaire. Et pour cause, selon l’ARPE :

  • Le revenu minimal ne s’applique qu’au temps de livraison effectif
  • Il ne prend pas en compte les temps d’attente, qui eux, ne sont pas rémunérés
  • Ni les frais engagés par les livreurs (véhicule, essence, assurance, entretien…)

Vers une meilleure régulation du secteur ?

Face à ce constat préoccupant, certains appellent à une régulation plus stricte du secteur. Des voix s’élèvent pour réclamer un véritable salaire horaire garanti, qui prendrait en compte l’ensemble du temps travaillé, attentes comprises. D’autres évoquent la nécessité d’un dialogue social renforcé entre plateformes et livreurs.

Car au-delà des chiffres, c’est le quotidien difficile et précaire de milliers de travailleurs qui est en jeu. Derrière chaque livraison express se cache une réalité souvent moins reluisante : petits contrats, horaires décousus, revenus aléatoires… Sans parler des risques du métier, entre accidents de la route et usure physique.

Il est plus que temps que les géants de la livraison prennent leurs responsabilités. Car à l’heure de la livraison à tout-va, le modèle économique de ces plateformes ne peut plus se faire au détriment de ceux qui pédalent et roulent pour nous. L’enjeu est de taille: redonner à ces travailleurs de l’ombre la juste rétribution et la protection sociale qu’ils méritent.

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