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Turquie: l’inflation ralentit en juillet, un soulagement pour l’économie

La Turquie respire un peu mieux en ce mois de juillet. Après des mois de flambée des prix, l'inflation montre enfin des signes de ralentissement. Les derniers chiffres officiels révèlent une baisse significative, laissant entrevoir une lueur d'espoir pour l'économie du pays. Mais est-ce suffisant pour redresser la barre ? Décryptage.

La Turquie peut enfin souffler un peu. Après des mois de flambée des prix qui ont mis à rude épreuve le pouvoir d’achat des ménages et la stabilité économique du pays, l’inflation montre enfin des signes d’essoufflement. Selon les derniers chiffres officiels publiés par l’Institut statistique turc, le taux d’inflation annuel a nettement ralenti en juillet, passant de 71,6% en juin à 61,78%. Une baisse significative de près de 10 points qui redonne espoir.

Un ralentissement plus marqué que prévu

Si l’inflation reste à un niveau très élevé, ce ralentissement est plus important qu’anticipé par les économistes. Il faut dire que la Turquie sort d’une série noire, avec une inflation galopante qui avait atteint un pic de 75,45% en mai. Le pays fait face à une crise économique profonde, marquée par un effondrement de la livre turque et une explosion des prix à la consommation.

Malgré ce contexte difficile, la banque centrale turque a maintenu son taux directeur inchangé à 50% pour le quatrième mois consécutif fin juillet. Une décision controversée, alors que la plupart des économistes prônent un resserrement monétaire pour juguler l’inflation. Mais les autorités turques misent sur une approche non conventionnelle, estimant que des taux élevés alimentent paradoxalement la hausse des prix.

Des facteurs saisonniers en jeu

Plusieurs éléments expliquent ce ralentissement de l’inflation en juillet. Tout d’abord, des facteurs saisonniers entrent en ligne de compte. En été, la Turquie bénéficie traditionnellement d’une baisse de la consommation d’énergie mais aussi d’un afflux de devises étrangères grâce au tourisme. Des éléments qui contribuent à alléger temporairement la pression sur les prix.

Autre facteur déterminant : la base de comparaison. L’inflation avait commencé à s’emballer en juillet dernier en Turquie. Un an plus tard, mécaniquement, la comparaison en glissement annuel devient plus favorable. Pour autant, il ne faut pas crier victoire trop vite. Sur un mois, entre juin et juillet, les prix à la consommation ont continué d’augmenter de 3,23%.

La baisse de l’inflation se fera davantage sentir dans la période à venir.

Mehmet Simsek, ministre turc de l’Économie

Une inflation encore très élevée

Malgré ce ralentissement, l’inflation reste à des niveaux très préoccupants en Turquie. En juillet, la hausse des prix a été particulièrement forte dans des secteurs clés comme l’éducation (+104,5% sur un an), le logement (+98,4%) ou l’hôtellerie et la restauration (+76%). Des chiffres qui pèsent lourdement sur le budget des ménages.

Le gouvernement turc se veut pourtant optimiste. Selon les prévisions de la banque centrale, l’inflation devrait redescendre à 43,5% fin 2024 et à 25,5% fin 2025. Des projections jugées trop optimistes par de nombreux économistes, qui pointent la fragilité des fondamentaux de l’économie turque et les incertitudes politiques.

Un enjeu politique majeur

Car au-delà de l’aspect économique, l’inflation est devenue un sujet politique brûlant en Turquie. La flambée des prix est considérée comme la principale raison de la défaite du parti du président Erdogan aux élections locales de mars dernier. Un revers cinglant qui fragilise le pouvoir en place.

Pour tenter de regagner la confiance de l’opinion, le gouvernement multiplie les promesses et les gestes symboliques. Mais beaucoup s’interrogent sur la crédibilité de la politique monétaire actuelle et sur la capacité des autorités à maîtriser durablement l’inflation. Une équation complexe qui pèsera lourd dans les prochaines échéances électorales.

Des chiffres contestés

Autre point de crispation : la fiabilité des chiffres officiels. Certains économistes accusent l’Institut statistique turc de sous-estimer l’ampleur réelle de l’inflation. Le Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), un organisme indépendant, calcule ainsi une hausse des prix de 100,88% en glissement annuel, soit près de 40 points de plus que les données gouvernementales.

Une divergence qui nourrit la défiance d’une partie de la population envers les autorités et fragilise la croissance économique. Car l’inflation n’est pas qu’un chiffre. C’est une réalité quotidienne douloureuse pour des millions de Turcs qui peinent à joindre les deux bouts. Et tant que la confiance ne sera pas restaurée, la route vers une reprise durable risque d’être semée d’embûches.

Un fragile espoir

Le ralentissement de l’inflation en juillet est incontestablement une bonne nouvelle pour la Turquie. Mais il faut se garder de tout excès d’optimisme. Le chemin vers la stabilité des prix et la croissance économique durable est encore long et périlleux.

Entre dépendance aux importations, déficits chroniques, livre turque sous pression et environnement géopolitique instable, les défis sont nombreux pour la Turquie. Il faudra plus que quelques indicateurs en légère amélioration pour restaurer la confiance des investisseurs et des consommateurs.

La vraie bataille contre l’inflation ne fait que commencer. Et elle se jouera autant sur le front économique que politique. Car pour endiguer durablement la hausse des prix, la Turquie aura besoin de réformes structurelles profondes et d’un cap clair. Un défi de taille pour le gouvernement actuel, qui joue sa survie dans cette crise. L’avenir nous dira si ce ralentissement est un simple répit ou le début d’un vrai rétablissement.

La baisse de l’inflation se fera davantage sentir dans la période à venir.

Mehmet Simsek, ministre turc de l’Économie

Une inflation encore très élevée

Malgré ce ralentissement, l’inflation reste à des niveaux très préoccupants en Turquie. En juillet, la hausse des prix a été particulièrement forte dans des secteurs clés comme l’éducation (+104,5% sur un an), le logement (+98,4%) ou l’hôtellerie et la restauration (+76%). Des chiffres qui pèsent lourdement sur le budget des ménages.

Le gouvernement turc se veut pourtant optimiste. Selon les prévisions de la banque centrale, l’inflation devrait redescendre à 43,5% fin 2024 et à 25,5% fin 2025. Des projections jugées trop optimistes par de nombreux économistes, qui pointent la fragilité des fondamentaux de l’économie turque et les incertitudes politiques.

Un enjeu politique majeur

Car au-delà de l’aspect économique, l’inflation est devenue un sujet politique brûlant en Turquie. La flambée des prix est considérée comme la principale raison de la défaite du parti du président Erdogan aux élections locales de mars dernier. Un revers cinglant qui fragilise le pouvoir en place.

Pour tenter de regagner la confiance de l’opinion, le gouvernement multiplie les promesses et les gestes symboliques. Mais beaucoup s’interrogent sur la crédibilité de la politique monétaire actuelle et sur la capacité des autorités à maîtriser durablement l’inflation. Une équation complexe qui pèsera lourd dans les prochaines échéances électorales.

Des chiffres contestés

Autre point de crispation : la fiabilité des chiffres officiels. Certains économistes accusent l’Institut statistique turc de sous-estimer l’ampleur réelle de l’inflation. Le Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), un organisme indépendant, calcule ainsi une hausse des prix de 100,88% en glissement annuel, soit près de 40 points de plus que les données gouvernementales.

Une divergence qui nourrit la défiance d’une partie de la population envers les autorités et fragilise la croissance économique. Car l’inflation n’est pas qu’un chiffre. C’est une réalité quotidienne douloureuse pour des millions de Turcs qui peinent à joindre les deux bouts. Et tant que la confiance ne sera pas restaurée, la route vers une reprise durable risque d’être semée d’embûches.

Un fragile espoir

Le ralentissement de l’inflation en juillet est incontestablement une bonne nouvelle pour la Turquie. Mais il faut se garder de tout excès d’optimisme. Le chemin vers la stabilité des prix et la croissance économique durable est encore long et périlleux.

Entre dépendance aux importations, déficits chroniques, livre turque sous pression et environnement géopolitique instable, les défis sont nombreux pour la Turquie. Il faudra plus que quelques indicateurs en légère amélioration pour restaurer la confiance des investisseurs et des consommateurs.

La vraie bataille contre l’inflation ne fait que commencer. Et elle se jouera autant sur le front économique que politique. Car pour endiguer durablement la hausse des prix, la Turquie aura besoin de réformes structurelles profondes et d’un cap clair. Un défi de taille pour le gouvernement actuel, qui joue sa survie dans cette crise. L’avenir nous dira si ce ralentissement est un simple répit ou le début d’un vrai rétablissement.

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