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Turkménistan : Répression Brutale des Droits LGBT+

Dans l’ombre du Turkménistan, des hommes LGBT+ racontent viols, tortures et exil. Quel est le prix de leur liberté ? Découvrez leurs histoires bouleversantes...

Imaginez un pays où aimer qui vous voulez peut vous conduire en prison, où votre identité devient un crime puni par la violence et l’humiliation. Au Turkménistan, un État discret d’Asie centrale, les personnes LGBT+ vivent dans l’ombre d’une répression brutale. À travers les récits d’Arslan, David et Emir, trois hommes ayant fui ce régime autoritaire, nous plongeons dans un univers où la peur et la persécution façonnent le quotidien. Leurs histoires, marquées par la douleur et la résilience, révèlent un système qui broie les libertés sous le poids de traditions autoproclamées.

Un Pays Fermé, Une Répression Invisible

Le Turkménistan, riche de ses immenses réserves de gaz, reste l’un des États les plus opaques au monde. Dirigé par la dynastie des Berdymoukhamedov, ce pays d’Asie centrale ne tolère ni médias indépendants ni organisations non gouvernementales. Les défenseurs des droits humains, comme Amnesty International, dénoncent une persécution impitoyable des opposants et des minorités sexuelles, dans un silence médiatique presque total.

Les autorités justifient cette répression par des valeurs traditionnelles, invoquant une mentalité nationale façonnée par la culture turkmène. Mais derrière ce discours se cache une réalité bien plus sombre : des arrestations arbitraires, des tortures et des internements psychiatriques pour « guérir » ceux qui osent être différents.

Arslan : Les Cicatrices de la Prison

Arslan, 29 ans, a grandi dans la pauvreté à Türkmenabat, une ville frontalière. À 18 ans, il découvre à Achkhabad une communauté gay discrète, mais aussi les dangers qui l’accompagnent. En 2017, une descente policière le conduit en détention. Accusé de sodomie, un crime puni par le code pénal turkmène, il est condamné à deux ans de prison.

« C’était abominable. Le chef du baraquement m’a violé à cinq reprises après m’avoir drogué. Le directeur de la prison a ri quand je lui ai parlé des viols. »

Arslan, rescapé de la répression

Dans la colonie pénitentiaire, Arslan partage un baraquement avec des dizaines d’hommes, dont beaucoup sont emprisonnés pour leur orientation sexuelle. Les abus sont monnaie courante, souvent ignorés par l’administration. Après une tentative de suicide, il est hospitalisé, mais les violences continuent à le hanter.

Libéré en 2018, Arslan tente de reprendre sa vie. Mais la stigmatisation le rattrape : insultes, menaces et internements psychiatriques répétés le poussent à fuir. Grâce à une ONG, il obtient un passeport via des réseaux de corruption, un fléau endémique dans ce pays classé parmi les plus corrompus au monde.

David : Une Voix Contre l’Oubli

David Omarov, également âgé de 29 ans, est séropositif depuis son adolescence. Dans un pays où la prévention contre le VIH est quasi inexistante, il vit dans la peur constante d’être dénoncé. En 2019, il est arrêté lors d’une vague de répression à Achkhabad. Torturé pour livrer des noms, il endure des sévices physiques et psychologiques.

« Le pire, c’est que personne n’entend tes cris. Ils me frappaient avec des gants pour éviter mon sang, mais j’ai saigné abondamment. »

David Omarov, militant en exil

David qualifie le régime de « fascisme folklorique », une critique acerbe des autorités qui glorifient la culture turkmène tout en écrasant les libertés. Après sa fuite en 2020, il s’installe en Pologne, où il milite pour les droits LGBT+ à travers son projet, L’arc-en-ciel invisible du Turkménistan. Malgré les menaces de mort et les représailles contre sa famille restée au pays, il refuse de se taire.

Les chiffres clés de la répression :

  • Article du code pénal : La sodomie est punie de deux ans de prison.
  • Corruption : Le Turkménistan est parmi les 15 pays les plus corrompus selon Transparency International.
  • VIH : Aucune statistique officielle sur les contaminations, prévention quasi inexistante.

Emir : Pris au Piège

Emir, 31 ans, a toujours su qu’il était différent. À Türkmenabat, son goût pour les vêtements colorés et les manucures attire les remarques homophobes. En 2018, il fuit vers la Russie avec un visa d’études, puis vers un territoire non reconnu en Europe. Mais en 2024, un diagnostic de séropositivité bouleverse sa vie.

Sans emploi et menacé d’expulsion vers le Turkménistan, Emir vit dans l’angoisse. Les personnes séropositives, comme les homosexuels, risquent l’emprisonnement pour « exposition au VIH ». L’accès aux traitements antiviraux est limité, et la peur d’une extradition le hante.

« Si je retourne là-bas, ils me violenteront et me feront mourir à cause de ma maladie. »

Emir, en exil

Un Système de Contrôle Absolu

Le Turkménistan, sous la coupe des Berdymoukhamedov, glorifie une identité nationale centrée sur le folklore turkmène, incarné par des symboles comme le cheval akhal-teke ou le chien alabaï. Ce culte de la tradition sert de façade à un régime autoritaire qui étouffe toute dissidence. L’accès à Internet, contrôlé par un unique fournisseur, est limité et surveillé, rendant la communication avec l’extérieur presque impossible.

Les organisations comme EQUAL PostOst jouent un rôle crucial en aidant les personnes LGBT+ à fuir. Cependant, la corruption généralisée complique les démarches, comme l’obtention d’un passeport, souvent conditionnée à des pots-de-vin exorbitants.

Séropositivité : Une Double Peine

Les personnes séropositives au Turkménistan font face à une double stigmatisation. Non seulement elles risquent l’emprisonnement pour leur orientation sexuelle, mais leur statut sérologique peut aussi être utilisé contre elles. Dans les prisons, l’absence de traitements favorise la propagation du VIH, tandis que les autorités refusent de reconnaître l’ampleur du problème.

Les médecins, sous pression, dissimulent souvent les diagnostics pour éviter des ennuis. Les rares traitements disponibles dépendent d’associations étrangères, mais leur accès reste précaire, laissant des personnes comme Emir dans une incertitude constante.

Problème Conséquences
Répression des LGBT+ Arrestations, tortures, internements psychiatriques
Séropositivité Absence de traitements, stigmatisation, risque d’emprisonnement
Corruption Accès difficile aux documents pour fuir

La Résilience Face à l’Oppression

Malgré la terreur, des voix s’élèvent. David, depuis son exil, continue de militer pour donner espoir à ceux restés au Turkménistan. Son message, simple mais puissant, résonne : « Tu n’es pas une erreur. » Arslan et Emir, eux, tentent de reconstruire leur vie, bien que marqués par les traumatismes.

Leur courage met en lumière une réalité que le régime cherche à cacher. Dans un pays où le contrôle est absolu, chaque fuite, chaque témoignage est une victoire contre l’oppression. Mais pour combien de temps encore les personnes LGBT+ devront-elles payer le prix de leur identité ?

Le Turkménistan reste un mystère, un pays où les droits humains sont bafoués sous le vernis d’une culture glorifiée. Les histoires d’Arslan, David et Emir nous rappellent que derrière les façades de marbre d’Achkhabad se cachent des vies brisées, mais aussi une lutte obstinée pour la liberté.

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