Imaginez-vous réveillé en pleine nuit par une nouvelle inattendue : le chef du gouvernement de votre pays vient d’être démis de ses fonctions sans explication. C’est exactement ce qui s’est passé en Tunisie dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsque le président a décidé de mettre fin au mandat de son Premier ministre. Un geste qui soulève bien des questions dans un pays déjà secoué par des tensions politiques et économiques.
Un Limogeage Qui Fait Trembler la Scène Politique
Ce n’est pas la première fois que le président tunisien fait parler de lui avec des décisions radicales. En août dernier, il avait déjà nommé ce technocrate, spécialiste des affaires sociales, lors d’un vaste remaniement. Mais voilà que quelques mois plus tard, ce dernier est écarté au profit de la ministre de l’Équipement, sans que le gouvernement dans son ensemble ne soit bouleversé.
D’après une source proche du pouvoir, aucune justification officielle n’a été donnée. Pourtant, ces derniers temps, des signes d’insatisfaction étaient perceptibles dans les déclarations du chef de l’État. Ce limogeage intervient dans un contexte où la Tunisie traverse une période particulièrement difficile, marquée par une économie en berne et une instabilité politique croissante.
Une Économie au Bord du Gouffre
Parlons chiffres : une croissance économique de seulement 0,4 % en 2024, un taux de chômage frôlant les 16 %, et une dette publique équivalant à près de 80 % du PIB. Ces données, bien réelles, dressent le portrait d’un pays en lutte pour sa survie financière. Les Tunisiens, eux, ressentent chaque jour les effets de cette crise dans leur quotidien.
La Tunisie ne peut plus continuer ainsi, il faut des réformes urgentes.
– Un observateur économique anonyme
Face à cette situation, le président avait pourtant refusé, il y a plus d’un an, une offre de prêt de 2 milliards de dollars proposée par une institution internationale. En échange, des réformes, notamment sur les subventions énergétiques, étaient exigées. Une décision qui a surpris, mais qui reflète une volonté de garder une certaine indépendance, appuyée par le soutien de l’Algérie voisine, généreuse en crédits et hydrocarbures à prix réduits.
Un Président aux Pleins Pouvoirs
Depuis l’été 2021, le président tunisien concentre entre ses mains un pouvoir quasi absolu. À l’époque, il avait suspendu le Parlement et limogé son Premier ministre, avant de réviser la Constitution pour instaurer un régime où il détient tous les leviers. Cette concentration des pouvoirs lui permet aujourd’hui de révoquer ministres et magistrats à sa guise, une prerogative qu’il n’hésite pas à utiliser.
En février dernier, c’est une ministre des Finances qui avait fait les frais de cette autorité, remplacée en pleine nuit par une magistrate. Aujourd’hui, c’est au tour du Premier ministre. Une méthode qui, selon certains, traduit une gouvernance imprévisible, voire autoritaire.
Un Climat Politique Sous Tension
Ce dernier bouleversement ne passe pas inaperçu dans un pays où l’opposition est muselée. Des dizaines de voix critiques – hommes politiques, entrepreneurs, journalistes – sont derrière les barreaux, certains depuis deux ans. Cette répression, dénoncée par des organisations locales et internationales, marque un recul des libertés qui inquiète.
Pourtant, le président a été réélu en octobre 2024 avec plus de 90 % des voix. Un score impressionnant, mais terni par une participation électorale historiquement basse, inférieure à 30 %. Que faut-il en déduire ? Une légitimité en trompe-l’œil ou un désintérêt profond des citoyens pour une politique qu’ils jugent verrouillée ?
Les Rémaniements : Une Stratégie ou un Aveu d’Échec ?
Revenons sur ce remaniement d’août 2024 : pas moins de 19 ministres avaient été remplacés, une décision justifiée par “l’intérêt suprême de l’État”. À l’époque, le choix d’un technocrate pour diriger le gouvernement avait surpris. Mais son éviction soudaine pose une question : ces changements fréquents sont-ils le signe d’une stratégie bien rodée ou d’une incapacité à stabiliser le pays ?
- Un technocrate nommé pour apaiser les tensions sociales.
- Une ministre de l’Équipement propulsée à la tête du gouvernement.
- Un président qui garde la main sur chaque décision clé.
Difficile de trancher. Ce qui est certain, c’est que chaque limogeage alimente les spéculations et ravive les débats sur la direction prise par la Tunisie.
L’Ombre de l’Algérie et l’Avenir Incertain
Dans ce chaos, un acteur extérieur joue un rôle discret mais crucial : l’Algérie. Ce voisin, avec ses aides financières et ses livraisons d’énergie à tarif préférentiel, offre une bouée de sauvetage à la Tunisie. Mais jusqu’à quand ? Et à quel prix ? Certains y voient une dépendance croissante, d’autres une solidarité régionale salutaire.
Indicateur | Valeur | Impact |
Croissance 2024 | 0,4 % | Stagnation économique |
Chômage | 16 % | Tensions sociales |
Dette/PIB | 80 % | Pression financière |
Alors que le pays oscille entre crise et espoir, une chose est sûre : les décisions du président continueront de façonner son avenir, pour le meilleur ou pour le pire. Mais à quel point les Tunisiens ont-ils encore leur mot à dire ?
Et Après ?
Ce limogeage n’est qu’un épisode de plus dans une saga politique qui tient le monde en haleine. Entre un pouvoir centralisé, une économie fragile et une société sous pression, la Tunisie avance sur une corde raide. La nouvelle Première ministre parviendra-t-elle à redresser la barre, ou sera-t-elle la prochaine à tomber ? L’histoire nous le dira, mais une chose est certaine : les regards restent braqués sur ce petit pays au cœur du Maghreb.