Et si une décision prise en pleine nuit pouvait changer le destin d’un pays ? En Tunisie, le président a une nouvelle fois surpris tout le monde en limogeant son Premier ministre dans l’obscurité de la nuit de jeudi à vendredi. Un acte qui résonne comme un écho dans un paysage politique déjà marqué par l’instabilité et les tensions. Ce n’est pas la première fois que le chef de l’État use de son pouvoir absolu pour bouleverser l’échiquier gouvernemental, mais cette fois, une femme ingénieure se retrouve propulsée à la tête du gouvernement, dans un contexte économique et social plus que fragile.
Un Nouveau Chapitre pour la Tunisie
Le président tunisien, connu pour ses décisions radicales, a mis fin aux fonctions du Premier ministre en place depuis août dernier. Ce technocrate, spécialiste des affaires sociales, avait été nommé lors d’un vaste remaniement estival. Mais les résultats n’ont visiblement pas convaincu. À sa place, une haute fonctionnaire de 62 ans, ingénieure en génie civil et polyglotte, prend les commandes. Elle devient ainsi la deuxième femme à occuper ce poste dans l’histoire du pays, un symbole fort dans une nation où les défis s’accumulent.
Une Femme d’Expérience à la Barre
Avec un parcours impressionnant, la nouvelle Première ministre n’est pas une novice. Avant de devenir ministre de l’Équipement en 2021, elle a dirigé pendant plus de dix ans la division des autoroutes au sein de ce même ministère. Négociatrice aguerrie avec les bailleurs de fonds internationaux, elle apporte une expertise technique rare à un poste souvent dominé par des profils politiques. Sa maîtrise de quatre langues – arabe, français, anglais et allemand – pourrait aussi jouer en sa faveur pour redorer l’image de la Tunisie à l’étranger.
« Il est temps que chaque dirigeant rende des comptes, quel que soit son poste. »
– Une source proche du président, lors d’une réunion récente
Cette nomination intervient après des semaines de critiques ouvertes du président envers son gouvernement. Dans une vidéo diffusée peu avant l’annonce, il a martelé son exigence de responsabilité, soulignant que les abus envers les citoyens devaient cesser. Une rhétorique qui fait écho à ses promesses de campagne, mais qui peine à se concrétiser face à une réalité économique implacable.
Une Économie au Bord du Gouffre
La Tunisie traverse une tempête économique sans précédent. Avec une croissance anémique de **0,4 % en 2024**, un chômage qui touche 16 % de la population et une dette frôlant les 80 % du PIB, le pays est à un tournant critique. Les pénuries, notamment de pain dans les boulangeries subventionnées, ont déjà coûté leur poste à d’autres dirigeants par le passé. La nouvelle Première ministre hérite donc d’un défi colossal : redresser une économie asphyxiée tout en répondant aux attentes d’une population épuisée.
- Croissance en berne : À peine 0,4 % en 2024, un chiffre alarmant.
- Chômage galopant : 16 % des Tunisiens sans emploi.
- Dette écrasante : Environ 80 % du PIB, un fardeau insoutenable.
Pour beaucoup, ce limogeage est une tentative de détourner l’attention de ces chiffres désastreux. Mais pourra-t-elle réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ? Son expérience dans les infrastructures pourrait être un atout, notamment pour relancer des projets d’envergure capables de stimuler l’emploi et l’économie.
Un Président aux Pleins Pouvoirs
Depuis l’été 2021, le président tunisien concentre tous les pouvoirs entre ses mains. En gelant le Parlement et en révisant la Constitution, il a instauré un régime ultra-présidentiel qui lui permet de limoger ministres, magistrats et responsables publics à sa guise. Ce dernier changement s’inscrit dans une série de décisions brutales, souvent justifiées par “l’intérêt suprême de l’État” ou des impératifs de sécurité nationale. Mais à quel prix pour la démocratie ?
Un pouvoir absolu qui soulève des questions : jusqu’où ira cette centralisation ?
Sa réélection en octobre 2024, avec plus de 90 % des voix, a renforcé sa légitimité, bien que le scrutin ait été marqué par une abstention massive (moins de 30 % de participation). Un paradoxe qui illustre le désintérêt croissant des Tunisiens pour une politique qu’ils jugent déconnectée de leurs préoccupations quotidiennes.
Un Climat Politique Explosif
Le limogeage du Premier ministre ne survient pas dans un vide politique. Des dizaines d’opposants, hommes d’affaires et figures médiatiques croupissent en prison, certains depuis deux ans. Ce tour de vis sécuritaire, dénoncé par les ONG comme une régression des libertés, contraste avec l’élan du Printemps arabe de 2011, qui avait fait de la Tunisie un symbole d’espoir. Aujourd’hui, beaucoup parlent d’un retour en arrière, voire d’un “coup d’État” institutionnalisé.
Événement | Date | Impact |
Coup de force présidentiel | Été 2021 | Parlement gelé, pouvoir centralisé |
Réélection | Octobre 2024 | 90 % des voix, faible participation |
Ce climat tendu est exacerbé par des relations internationales complexes. Proche de l’Algérie, qui soutient la Tunisie avec des prêts et des hydrocarbures à bas prix, le président a pourtant rompu il y a plus d’un an les discussions avec le FMI. Ce dernier proposait un prêt de 2 milliards de dollars en échange de réformes, notamment sur les subventions énergétiques. Une décision risquée qui laisse le pays dans une impasse financière.
Quel Avenir pour la Tunisie ?
La nomination d’une Première ministre expérimentée est-elle un signe d’espoir ou une simple façade ? Entre crise économique, répression politique et désillusion populaire, la Tunisie se trouve à un carrefour. La nouvelle cheffe du gouvernement devra naviguer entre les exigences d’un président omnipotent et les attentes d’un peuple au bord de l’épuisement. Saura-t-elle transformer son expertise technique en vision politique ? L’histoire nous le dira, mais une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs.
Pour l’instant, les regards sont tournés vers cette ingénieure discrète, propulsée sous les projecteurs dans un pays où chaque décision semble se jouer dans l’ombre. Une chose est certaine : la Tunisie n’a pas fini de nous surprendre.