ActualitésInternational

Tunisie : Libération de Sihem Bensedrine, Défenseuse des Droits Humains

Sihem Bensedrine, icône de la défense des droits humains en Tunisie, est enfin libre après des mois en détention. Son combat continue face à un pouvoir de plus en plus autoritaire. Découvrez son histoire inspirante et les réactions à sa libération...

C’est avec émotion et soulagement que Sihem Bensedrine, figure emblématique de la défense des droits humains en Tunisie, a retrouvé la liberté mercredi soir. Âgée de 74 ans, cette opposante de longue date avait été placée en détention en août dernier.

« Je ne peux qu’être heureuse, personne ne veut être dans ce trou », a-t-elle confié à sa sortie de prison, savourant « un air de liberté » et « un petit carré de ciel bleu » après des mois d’enfermement. Mme Bensedrine reste néanmoins poursuivie dans le cadre d’une affaire de falsification présumée d’un rapport sur les violations des droits de l’Homme commises sous les régimes de Bourguiba et Ben Ali.

Un parcours dédié aux droits humains

Ancienne journaliste, Sihem Bensedrine a été l’une des voix les plus critiques contre la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali. Après la révolution de 2011, elle a présidé l’Instance Vérité et Dignité (IVD), chargée d’enquêter sur un demi-siècle d’abus et de répressions. L’IVD a auditionné près de 50 000 victimes et transmis 173 dossiers à la justice.

Son rapport final, publié en 2020, appelait à démanteler « un système de corruption, de répression et de dictature » persistant au sein de l’État. C’est dans le cadre de ce rapport que Mme Bensedrine est aujourd’hui poursuivie, pour des soupçons de falsification qu’elle conteste.

Une détention contestée

De nombreuses ONG, dont Amnesty International et la FIDH, ont dénoncé « une détention arbitraire » et « un acharnement judiciaire » contre Sihem Bensedrine. Face à la dégradation de son état de santé, elle avait entamé une grève de la faim le 14 janvier, jour anniversaire de la chute de Ben Ali, avant d’être hospitalisée.

« Je ne supporterai pas davantage l’injustice qui me frappe. La justice ne peut être fondée sur les mensonges et les calomnies, mais sur des éléments de preuve concrets et tangibles »

– avait-elle écrit depuis sa cellule.

Si la Cour d’appel de Tunis a fini par ordonner sa remise en liberté, Sihem Bensedrine reste poursuivie et interdite de voyager. Son mari a témoigné qu’elle avait « souffert mais était déterminée à faire valoir ses droits ».

Inquiétudes pour les droits humains en Tunisie

Le cas de Sihem Bensedrine illustre une tendance préoccupante en Tunisie. Depuis que le président Kais Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, les ONG dénoncent une régression des droits et libertés dans le pays, berceau du Printemps arabe.

Des dizaines d’opposants politiques, d’hommes d’affaires, d’avocats et de journalistes ont été arrêtés ces derniers mois, la plupart poursuivis pour « complot contre la sûreté de l’État ». Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a condamné mardi la « persécution des opposants » en Tunisie.

Si la libération de Sihem Bensedrine est un soulagement, elle ne doit pas masquer la situation préoccupante des droits humains dans le pays. Son combat, comme celui de nombreux militants, est loin d’être terminé face à un pouvoir de plus en plus autoritaire.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.