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Tunisie : L’exode massif des migrants face à la politique hostile

La Tunisie est secouée par un exode massif de migrants. Face à une politique hostile, les demandes de retours volontaires explosent, en hausse de 200%. Une situation inquiétante qui pousse des milliers de personnes à fuir le pays, exténuées et victimes de discrimination. Jusqu'où ira cette crise ?

Depuis quelques mois, la Tunisie est secouée par une vague d’exode sans précédent. Des milliers de migrants, exténués et victimes d’une virulente politique anti-Noirs, cherchent désespérément à quitter le pays. Entre le 1er janvier et le 25 juin 2024, environ 3500 personnes en situation irrégulière ont demandé l’aide de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) pour rentrer chez eux. Un chiffre en hausse vertigineuse de 200% par rapport à l’année passée, qui témoigne de l’ampleur de la crise.

Une politique anti-migrants qui pousse à l’exode

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Kaïs Saïed en 2021, la Tunisie a durci sa politique migratoire. Des descentes de police dans les quartiers à forte population subsaharienne, des arrestations arbitraires, des expulsions… Les migrants noirs font face à un climat de plus en plus hostile. En février dernier, un discours du président dénonçant une prétendue « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays a attisé les tensions raciales.

« Nous sommes traités comme des moins que rien, comme des criminels. On nous chasse de nos logements, on nous tabasse dans la rue. C’est devenu invivable. »

– Témoignage d’un migrant ivoirien

Face à cette situation, de nombreux migrants n’ont d’autre choix que de fuir. Les principaux concernés sont originaires de Gambie, du Burkina Faso et de Guinée. Beaucoup tentent la traversée périlleuse vers l’Europe. D’autres se tournent vers l’OIM pour bénéficier d’un retour volontaire, préférant rentrer chez eux plutôt que de subir l’hostilité grandissante.

L’OIM débordée par les demandes de rapatriement

Face à l’explosion des demandes, l’OIM peine à suivre le rythme. Les procédures de retour volontaire, qui comprennent des aides à la réinsertion, sont complexes et coûteuses. L’organisation appelle la communauté internationale à la soutenir pour faire face à cette crise.

« Nous faisons face à une hausse sans précédent des demandes de retour. Nos équipes sont mobilisées jour et nuit, mais nous avons besoin de moyens supplémentaires pour aider tous ceux qui souhaitent rentrer dans la dignité. »

– Porte-parole de l’OIM en Tunisie

Un pays sous tension, une crise qui s’aggrave

Alors que la Tunisie traverse une grave crise économique, la question migratoire cristallise les tensions. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les dérives racistes et appeler au respect des droits humains. Mais dans un contexte de crise, le durcissement sécuritaire l’emporte souvent sur la raison.

Pourtant, comme le rappelle Amnesty International, « la Tunisie a l’obligation de protéger les droits de tous, sans discrimination. » Au lieu de stigmatiser les migrants, il est urgent de travailler à l’intégration et au vivre-ensemble. Si rien n’est fait, cette crise risque de s’aggraver, poussant toujours plus de personnes vulnérables sur les routes de l’exil.

Alors que les chiffres des départs ne cessent de grimper, une question se pose : jusqu’où ira cette hémorragie ? La Tunisie saura-t-elle retrouver son hospitalité légendaire et endiguer cet exode massif ? L’avenir de milliers de migrants en dépend.

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