Un nouveau rebondissement secoue la scène politique tunisienne. Le Président Kaïs Saïed vient en effet de limoger son Premier ministre, Ahmed Hachani, sans fournir d’explications officielles. Cette décision surprise intervient moins d’un an après la nomination de ce dernier, qui avait succédé à Najla Bouden, elle aussi remerciée sans justifications en août dernier.
Kaïs Saïed, un Président aux pouvoirs étendus
Élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed s’est progressivement arrogé tous les pouvoirs depuis son coup de force du 25 juillet 2021. Ce jour-là, il avait limogé le Premier ministre de l’époque et suspendu le Parlement, avant de le dissoudre. Depuis, il gouverne par décrets présidentiels, s’étant octroyé le droit de légiférer dans presque tous les domaines.
Une nouvelle Constitution sur mesure
En 2022, le Président tunisien a fait adopter par référendum une nouvelle Constitution instaurant un régime hyper-présidentialiste, réduisant considérablement les pouvoirs du Parlement et supprimant plusieurs contre-pouvoirs. Un nouveau Parlement aux prérogatives très limitées a ensuite été élu lors de législatives largement boudées par la population.
La Tunisie s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’autoritarisme et l’arbitraire présidentiels.
– Un diplomate européen sous couvert d’anonymat
Un avenir politique incertain
Ce nouveau limogeage soudain soulève de nombreuses questions quant à l’avenir politique de la Tunisie. Le pays, berceau du Printemps arabe, semble s’éloigner chaque jour un peu plus de l’idéal démocratique porté par la révolution de 2011. Les décisions du Président Saïed, prises sans concertation ni justification, font craindre une dérive vers un pouvoir de plus en plus personnel et autoritaire.
- Un régime présidentiel aux pouvoirs étendus
- Des contre-pouvoirs affaiblis voire inexistants
- Des décisions arbitraires et opaques
Dans ce contexte, l’annonce par Kaïs Saïed de sa candidature à sa propre succession lors de la présidentielle prévue le 6 octobre prochain inquiète. Beaucoup redoutent que le scrutin ne soit qu’une formalité destinée à légitimer l’accaparement de tous les pouvoirs par le chef de l’État. L’avenir démocratique de la Tunisie, autrefois considérée comme l’un des rares succès du Printemps arabe, apparaît aujourd’hui bien sombre et incertain.