Imaginez des centaines d’éoliennes géantes, prêtes à tourner au large des côtes américaines, soudainement figées par une décision politique. C’est exactement ce qui vient de se produire aux États-Unis. L’administration Trump a choisi de suspendre tous les grands projets d’éolien en mer, provoquant un séisme dans le secteur des énergies renouvelables.
Une Suspension Immédiate Qui Fait Polémique
Le gouvernement américain a annoncé cette mesure un lundi, avec effet immédiat. Tous les projets majeurs en cours de développement ou de construction sont concernés. Cette décision s’appuie officiellement sur des préoccupations de sécurité nationale, une justification qui divise profondément.
Le président américain a souvent exprimé son aversion pour les éoliennes offshore. Il les accuse régulièrement d’être nuisibles pour la faune, en particulier les oiseaux et les baleines, et de défigurer les paysages côtiers. Depuis son retour au pouvoir, plusieurs actions ont déjà été entreprises pour freiner le développement de cette filière.
Cette nouvelle suspension représente cependant une escalade notable. Elle intervient malgré une décision judiciaire récente : une juge fédérale avait annulé début décembre un décret présidentiel précédent visant à bloquer ces projets, le déclarant illégal.
Les Arguments Officiels du Gouvernement
Le ministère de l’Intérieur, en charge des ressources naturelles, a expliqué que cette pause permettrait d’évaluer les risques identifiés par le ministère de la Défense. Ces risques porteraient sur la sécurité nationale.
Un rapport de 2024 avait déjà mentionné des interférences radar possibles. Les pales en rotation et les mâts hauts des éoliennes, très réfléchissants, pourraient perturber les systèmes de détection. On ignore si les nouveaux risques invoqués sont directement liés à ces problèmes techniques.
Le ministre Doug Burgum, proche de l’industrie pétrolière et gazière, a défendu cette mesure comme relevant du « bon sens ». Il a comparé l’énergie produite par ces projets à celle d’un seul gazoduc, affirmant que ce dernier fournirait autant d’électricité.
« Un seul gazoduc fournit autant d’énergie que ces cinq projets réunis. »
Doug Burgum, ministre
Cette comparaison illustre la préférence marquée de l’administration pour les infrastructures fossiles traditionnelles.
Cinq Projets Majeurs Concernés
Les projets visés sont au nombre de cinq. Tous sont situés dans l’océan Atlantique, au large de la côte est des États-Unis. Cette zone concentre les développements les plus avancés du pays en matière d’éolien offshore.
Bien que le secteur américain soit moins mature qu’en Europe, il progresse rapidement. En 2023, l’éolien représentait environ 10 % de la production totale d’électricité nationale. Cela représente plus du double de la contribution du solaire, démontrant son importance croissante.
Ces parcs éoliens en mer devaient contribuer significativement à l’augmentation de cette part. Leur suspension met en pause des investissements colossaux et des années de planification.
Localisation des projets : exclusivement dans l’Atlantique, face aux États de la côte est.
Durée prévue de la suspension : 90 jours, selon les entreprises concernées.
Objectif annoncé : évaluer les possibilités d’atténuation des risques.
Les Réactions des Défenseurs de l’Environnement
Les organisations environnementales ont immédiatement dénoncé cette décision. Elles y voient une attaque ideologique contre les énergies propres, sans fondement scientifique solide.
Pasha Feinberg, de l’organisation NRDC, a qualifié la mesure d' »escalade des attaques incessantes et infondées » contre les renouvelables. D’autres associations soulignent le contraste : pendant que l’éolien est freiné, l’administration soutient activement les centrales à charbon vieillissantes.
« Cela n’a aucun sens et constitue une escalade des attaques incessantes et infondées du gouvernement contre les énergies propres. »
Pasha Feinberg, NRDC
Ces centrales, très polluantes, continuent de fonctionner à plein régime grâce aux mesures de soutien gouvernemental. Ce double standard est régulièrement pointé du doigt par les écologistes.
Ils rappellent que le charbon reste l’une des sources d’énergie les plus nocives pour l’air et le climat, contrairement aux éoliennes qui produisent une électricité totalement propre.
Les Critiques Politiques et Démocrates
Du côté politique, les démocrates n’ont pas mâché leurs mots. Le sénateur Sheldon Whitehouse, particulièrement engagé sur les questions climatiques, a accusé l’administration de « harcèlement vindicatif ».
Il a insisté sur le fait que les projets, notamment celui au large du Rhode Island, ont déjà fait l’objet d’examens approfondis. Toutes les questions de sécurité nationale ont été étudiées et validées par les autorités compétentes.
Cette suspension apparaît donc, selon lui, plus motivée par des considérations idéologiques que par de réels risques nouvellement découverts.
Les Conséquences Économiques et Sociales
Les entreprises directement impliquées tirent la sonnette d’alarme. Dominion Energy, qui développe l’un des plus importants parcs éoliens offshore du pays, prévoit de graves répercussions.
Cette pause menace selon eux la fiabilité du réseau électrique. Des installations militaires, civiles et même liées à l’intelligence artificielle pourraient être affectées. Plus grave encore, des milliers d’emplois sont mis en péril.
Le secteur de l’éolien offshore génère de nombreux postes qualifiés : ingénieurs, techniciens, ouvriers du bâtiment naval, logisticiens. Toute interruption prolongée risque de provoquer des licenciements et de décourager les investissements futurs.
Les marchés financiers ont immédiatement réagi. L’action Dominion Energy a chuté de près de 4 % à la Bourse de New York. Les entreprises européennes spécialisées, comme le danois Ørsted, ont subi des pertes encore plus importantes, dépassant les 12 %. Vestas, autre géant danois du secteur, a également reculé.
| Entreprise | Bourse | Variation |
|---|---|---|
| Dominion Energy | New York | -3,72 % |
| Ørsted | Copenhague | – plus de 12 % |
| Vestas | Copenhague | -2,65 % |
Contexte d’une Politique Énergétique Controverse
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump. Depuis janvier, plusieurs mesures visent à relancer les énergies fossiles, en particulier le charbon et le pétrole.
Des subventions et allègements réglementaires ont été accordés aux centrales à charbon. Des permis d’exploration pétrolière ont été facilités. Parallèlement, les renouvelables font face à des obstacles administratifs croissants.
Cette orientation contraste avec les engagements internationaux des États-Unis en matière de réduction des émissions. Elle suscite aussi des interrogations sur la compétitivité future du pays dans les technologies vertes.
L’Europe domine largement le marché de l’éolien offshore. Les États-Unis cherchaient justement à rattraper leur retard. Cette suspension risque de creuser davantage l’écart technologique et industriel.
Perspectives pour les 90 Jours à Venir
La suspension est officiellement limitée à 90 jours. Cette période doit permettre d’étudier des solutions pour atténuer les risques supposés. Reste à savoir si ces études aboutiront à une reprise des travaux ou à de nouvelles restrictions.
Les entreprises et associations environnementales se préparent déjà à contester juridiquement la mesure. La décision judiciaire de décembre, qui avait invalidé un décret similaire, pourrait servir de précédent.
Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’éolien offshore américain. Entre sécurité nationale, transition énergétique et emplois, les enjeux sont multiples et complexes.
Cette affaire illustre parfaitement les tensions actuelles aux États-Unis autour de la politique énergétique. D’un côté, la volonté de privilégier les sources traditionnelles. De l’autre, l’urgence climatique et le développement des renouvelables.
Quelle que soit l’issue des 90 jours, cette suspension marque un tournant. Elle rappelle que les choix énergétiques restent profondément politiques et idéologiques.
Le débat est loin d’être clos. Il concerne non seulement les Américains, mais l’ensemble de la planète face aux défis du changement climatique.
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