Imaginez la scène : un tapis rouge interminable, des caméras du monde entier braquées sur un seul homme, et au bout, une médaille dorée qui brille sous les projecteurs. Vendredi soir, à Washington, le tirage au sort du Mondial 2026 a pris des allures de grand-messe trumpienne. Et pour cause, le président américain s’est littéralement approprié l’événement.
Une soirée où tout semblait orchestré pour un seul homme
Dès son arrivée au Kennedy Center, l’ambiance était posée. Donald Trump a pris tout son temps sur le tapis rouge, saluant, posant, comme à l’époque où il présentait The Apprentice. Les journalistes venus des cinq continents n’avaient d’yeux que pour lui. Et ce n’était que le début.
Le tout premier « Prix de la paix » décerné par la FIFA
Le moment fort de la soirée ? Sans conteste la remise d’un trophée monumental par Gianni Infantino himself. Le président de la FIFA, connu pour ses relations chaleureuses avec le locataire de la Maison Blanche, a tendu au président américain un imposant trophée doré baptisé « Prix de la paix ».
« Voilà votre Prix pour la paix », a lancé Infantino avec un large sourire, avant d’ajouter une médaille que Donald Trump s’est immédiatement passée autour du cou. L’intéressé n’a pas caché sa satisfaction : recevoir cette distinction représente, selon ses propres mots, « l’un des grands honneurs de ma vie ».
Et aussi une belle médaille que vous pouvez porter partout où vous allez.
Gianni Infantino, président de la FIFA
Celui qui rêve ouvertement du Prix Nobel de la paix depuis des années a semblé toucher du bout des doigts une forme de reconnaissance internationale… même si celle-ci provient d’une organisation parfois critiquée pour ses choix diplomatiques.
Les démocrates ne décolèrent pas
À peine la séquence terminée, les réseaux sociaux se sont enflammés. Côté démocrate, on n’a pas mâché ses mots. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, probable candidat en 2028, a ainsi ironisé sur un « prix Happy Meal », en référence aux petits jouets offerts chez McDonald’s.
D’autres ont parlé de « médaille en chocolat » ou de récompense « faite maison ». L’opposition y voit la preuve supplémentaire que les institutions internationales seraient prêtes à tout pour flatter le président américain, surtout quand il s’agit d’un événement aussi stratégique que le Mondial organisé en partie sur le sol des États-Unis.
Un faux tirage au sort très téléréalité
Après la remise de prix, place au clou du spectacle : le tirage au sort. Enfin… une version très particulière. Donald Trump est remonté sur scène aux côtés du Premier ministre canadien Mark Carney et de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.
Les trois dirigeants se sont alignés derrière des pupitres dignes d’un jeu télévisé. Chacun a tiré une boule… contenant, ô surprise, le nom de son propre pays. « C’est très étonnant ! », a lancé Trump avec son sens légendaire de l’ironie, sous les rires de la salle.
Le vrai tirage des groupes a commencé juste après, mais l’image était déjà gravée : trois pays hôtes unis sur scène, malgré les tensions commerciales qui les opposent depuis des mois.
Football ou soccer ? Trump tranche le débat millénaire
Et puis il y a eu ce moment où Donald Trump s’est aventuré sur un terrain glissant pour tout Américain : le nom du sport. Debout sur scène, il a déclaré sans détour que le vrai football, c’était celui avec les pieds, et qu’il faudrait « trouver un autre nom » pour le football américain.
Quand on y pense, c’est ça le football, il n’y a pas de doute. Il faut trouver un autre nom pour tout ce qui a à voir avec la NFL.
Donald Trump
Dans la salle, Gianni Infantino a applaudi chaleureusement. Il faut dire que le patron de la FIFA rêve depuis longtemps de convertir les Américains au soccer. Comparer le Mondial à « 104 Super Bowls » ? C’était le genre de phrase qu’il attendait depuis des années.
YMCA et la danse qui conclut le show
La soirée s’est achevée comme elle avait commencé : en musique. Quand les premières notes de YMCA des Village People ont retenti – l’hymne officieux de la dernière campagne de Trump – le président s’est levé dans sa loge.
Et là, sous les yeux de milliers de personnes et des caméras du monde entier, il a exécuté sa fameuse chorégraphie : bras qui montent et descendent de façon presque mécanique, sourire XXL. La « Trump Dance » a clos la cérémonie en apothéose.
Entre diplomatie footballistique, cadeaux clinquants et spectacle permanent, le tirage au sort du Mondial 2026 entrera sans doute dans les annales… mais pas forcément pour les bonnes raisons.
Derrière les dorures et les sourires de façade, les enjeux sont immenses : réussite commerciale du tournoi, relations tendues avec le Canada et le Mexique, image du football aux États-Unis. Et au centre de tout cela, un homme qui, une fois de plus, a réussi à transformer un événement sportif en show personnel.
Le ballon rond n’a peut-être jamais été aussi politique.









