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Trump s’attire les foudres des conservateurs sur l’avortement

Donald Trump sème la discorde chez les conservateurs en assouplissant sa position sur l'avortement. Accusé de trahir le mouvement anti-IVG, l'ancien président tente de contrer les attaques de sa rivale démocrate Kamala Harris. Mais à quel prix pour sa base électorale ?

Alors que la course à la Maison Blanche s’intensifie, Donald Trump se retrouve sous le feu des critiques de son propre camp. En cause : son récent changement de position sur l’avortement, un sujet brûlant qui divise l’Amérique. Face aux attaques répétées de sa rivale démocrate Kamala Harris, l’ancien président tente de se présenter en défenseur des droits reproductifs des femmes. Une volte-face qui passe mal auprès des conservateurs, l’accusant de trahir le mouvement anti-IVG.

Trump, l’ami devenu ennemi des “pro-vie”

Depuis l’annulation par la Cour suprême de l’arrêt Roe v. Wade en juin 2022, qui garantissait un droit constitutionnel à l’avortement, Donald Trump n’a eu de cesse de s’en attribuer le mérite. Ses nominations de juges conservateurs ont en effet permis ce revirement historique, faisant de lui un héros du mouvement anti-avortement. Mais voilà que le candidat républicain change son fusil d’épaule.

Sur son réseau Truth Social, Trump a récemment assuré que son administration serait “formidable pour les femmes et leurs droits reproductifs“. Des propos en réaction à un discours enflammé de Kamala Harris, qui avait reproché aux républicains d’avoir “perdu la tête” sur la question de l’IVG. Cette déclaration pro-choix de l’ex-président a aussitôt déclenché l’ire des médias conservateurs :

L’abandon par Trump des “pro-vie” est total.

– National Review

Jeremy Boreing, cofondateur du site The Daily Wire, a pour sa part fustigé “la pire déclaration” de Donald Trump depuis le lancement de sa première campagne en 2015, déplorant sa malléabilité idéologique. Un revirement jugé inconcevable par le camp conservateur.

L’avortement, un fardeau électoral pour les républicains

Si l’ancien locataire de la Maison Blanche a souvent oscillé sur la question de l’IVG au fil des années, son soutien affiché au mouvement anti-avortement était jusqu’alors indéfectible. Composante majeure de l’électorat conservateur, ce dernier n’a pas manqué de le porter aux nues après la décision de la Cour suprême. Mais depuis, le sujet est devenu un véritable boulet pour le Parti républicain.

Face au retour de bâton dans l’opinion publique, nombre d’électeurs se sont tournés vers les démocrates, promettant de rétablir le droit à l’avortement. Dans le même temps, les “pro-vie” appellent Donald Trump à aller plus loin, militant pour une interdiction nationale de l’IVG. Pris en étau, le candidat à la présidentielle de 2024 tente désormais de ménager la chèvre et le chou.

Un grand écart périlleux pour l’ex-président

Évitant de se prononcer sur une interdiction au niveau fédéral, Trump botte en touche en répétant que la décision revient à chaque État. Il s’est même dit favorable à un remboursement de la fécondation in vitro (FIV) et a jugé trop court le délai de six semaines pour avorter en vigueur en Floride, son État de résidence. Mais dans le même temps, il accuse Harris et les démocrates de vouloir “exécuter des bébés”.

Ce grand écart de plus en plus périlleux risque fort d’aliéner une partie de son électorat le plus fidèle, sans pour autant convaincre les pro-choix. Car si les conservateurs déçus ne se mettront pas à voter démocrate, ils pourraient bien bouder les urnes en novembre prochain. Comme le souligne Marjorie Dannenfelser, présidente de l’organisation anti-IVG Susan B. Anthony Pro-Life America :

Notre cause est bien plus importante que Donald Trump. Elle façonnera le Parti républicain au-delà de cette période Trump.

– Marjorie Dannenfelser

À vouloir jouer sur tous les tableaux, l’ancien président prend le risque de se mettre à dos son propre camp, sans gagner de voix dans celui d’en face. Un pari plus que périlleux à un an de l’élection présidentielle américaine, qui pourrait lui coûter cher dans les urnes. La question de l’avortement, plus clivante que jamais, sera assurément l’un des enjeux majeurs du scrutin.

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