Alors que les cours du pétrole dégringolent, le président américain Donald Trump a décidé de passer à l’offensive. Lundi, il a déclaré « l’état d’urgence énergétique » avec un objectif clair : augmenter massivement la production d’hydrocarbures made in USA pour faire baisser les prix de l’énergie et combattre l’inflation galopante dans le pays. Une promesse choc résumée par un slogan martelé pendant sa campagne : « Nous allons forer à tout-va ».
Le pari risqué de Trump pour doper la production
Derrière cette annonce se cache une stratégie énergétique agressive visant à exploiter au maximum les immenses réserves d’hydrocarbures américaines. Selon plusieurs analystes, l’idée est d’inonder le marché mondial de pétrole et de gaz US pour peser sur les cours et soulager le portefeuille des consommateurs, durement éprouvé par l’envolée des prix.
Mais ce pari est loin de faire l’unanimité. Car malgré les rodomontades présidentielles, les États-Unis sont déjà le premier producteur mondial de pétrole avec plus de 13 millions de barils pompés chaque jour en 2024. Un niveau record qui rend difficile une augmentation significative de la production à court terme selon les experts.
Les limites du « drill baby drill »
Autre obstacle de taille : l’industrie pétrolière américaine est déjà sous pression avec des coûts d’exploitation élevés et une rentabilité fragilisée par la chute des cours. Augmenter les volumes dans ce contexte pourrait paradoxalement accélérer les fermetures de puits les moins compétitifs. Comme le résume un analyste :
La notion d’urgence énergétique est difficile à concevoir alors que les États-Unis n’ont jamais produit autant de brut. Trump essaie de forcer l’industrie à ajouter des barils à une production déjà historique.
La menace des sanctions contre la Russie et l’Iran
Au-delà du défi de la production, la politique étrangère de Trump pourrait aussi compliquer l’équation pétrolière. Moscou et Téhéran, deux exportateurs majeurs, sont dans le collimateur de Washington avec la menace de nouvelles sanctions sur leurs hydrocarbures. Des mesures attendues de pied ferme par les marchés qui craignent un choc sur l’offre mondiale.
Pour limiter les risques, Trump devra jouer finement. D’après une source proche du dossier, le président « devrait faire preuve de prudence dans la mise en œuvre des sanctions, après tout, les prix bas de l’énergie sont d’une grande importance pour son programme économique ». Un équilibre précaire qui promet de maintenir la pression sur les cours.
L’ombre du réchauffement climatique
Enfin, impossible d’occulter l’enjeu climatique dans ce dossier brûlant. Alors que la lutte contre le réchauffement est devenue un impératif mondial, le virage pétrolier de Trump apparaît en décalage avec les efforts de transition énergétique. Un contresens écologique qui suscite la controverse, y compris dans son propre camp.
Miser sur le pétrole à l’heure de l’urgence climatique, le pari est osé. Mais fidèle à son style, Trump assume et promet monts et merveilles aux Américains. Reste à savoir si « l’ami des énergies fossiles » parviendra à tenir ses engagements sans déclencher un cataclysme sur les marchés ou pour la planète. Les semaines à venir s’annoncent cruciales sur le front de l’or noir.