À peine réélu, le président américain Donald Trump a d’ores et déjà lancé les hostilités contre ceux qu’il qualifie d' »ennemis du peuple » : les médias. Selon une source proche de son entourage, le milliardaire aurait un plan bien précis pour « redresser la presse » durant son second mandat. Au programme : une avalanche de procédures judiciaires contre des journalistes et des médias renommés, mais aussi des changements radicaux dans la communication présidentielle.
Une pluie de plaintes en diffamation
D’après nos informations, Donald Trump aurait déjà engagé ou s’apprêterait à lancer un nombre record de poursuites en justice contre des organes de presse. Parmi ses cibles : le légendaire journaliste d’investigation Bob Woodward, pour une affaire d’enregistrements, mais aussi la chaîne CBS, accusée d’avoir manipulé une interview de Kamala Harris. Même des médias locaux comme un quotidien de l’Iowa n’échappent pas à la fureur procédurière du président, qui leur reproche des sondages défavorables.
Si de nombreux experts juridiques doutent de l’issue favorable de ces plaintes pour Donald Trump, beaucoup s’inquiètent de l’effet d’intimidation qu’elles pourraient avoir sur la profession. Le risque, selon Melissa Camacho, professeure de communication, c’est que les journalistes « commencent à s’autocensurer » par crainte des représailles judiciaires.
Un prix Pulitzer en sursis
Autre coup de semonce du locataire de la Maison Blanche : sa demande de retirer le prestigieux prix Pulitzer au New York Times et au Washington Post. Il leur reproche leur couverture des ingérences russes dans l’élection de 2016, un dossier qui empoisonne son premier mandat. Au-delà des tribunaux, c’est toute la communication présidentielle qui pourrait être chamboulée.
Des fidèles aux manettes des médias publics
Première mesure choc : la nomination de l’ancienne présentatrice Kari Lake, farouche partisane de la théorie du « vol » de l’élection de 2020, à la tête de Voice of America, le média public américain. Dans le même temps, le milliardaire Elon Musk, chargé par Trump de réduire les dépenses, promet de sabrer dans les subventions à l’audiovisuel public, autre bête noire du président.
Vers la fin du « pool » présidentiel ?
Mais la révolution trumpienne pourrait aller encore plus loin, en dynamitant les usages en vigueur pour les rapports entre le président et la presse. Selon Sean Spicer, un ancien porte-parole de Trump, le briefing quotidien de la Maison Blanche et le « pool », ce groupe restreint de journalistes qui suit le président dans tous ses déplacements, pourraient être remis en cause.
« Donald Trump va secouer Washington à partir du 20 janvier, et cela passera par la salle de briefing »
– Sean Spicer, ancien porte-parole de Donald Trump
Parmi les pistes évoquées, l’attribution des sièges et des questions pendant le point presse ne se ferait plus en fonction du média mais du principe du « premier arrivé, premier servi », ouvrant la voie à une surreprésentation des médias favorables au président. De même, podcasteurs et influenceurs proches du camp conservateur pourraient être invités à y participer.
Face à cette menace sans précédent sur la liberté de la presse aux États-Unis, les associations de journalistes et les défenseurs des droits civiques se disent extrêmement préoccupés. Ils craignent un effet dévastateur sur la capacité des médias à jouer leur rôle de contre-pouvoir en informant librement les citoyens. D’autant que ce climat d’intimidation survient dans un contexte de défiance record des Américains envers les « médias mainstream ».
À l’orée de ce second mandat, le paysage médiatique américain s’apprête donc à vivre des changements majeurs, au gré des batailles judiciaires et des coups de force de la Maison Blanche. Avec une question vertigineuse en toile de fond : jusqu’où ira Donald Trump dans sa guerre contre la presse, et quelles en seront les conséquences pour l’avenir de la démocratie américaine ? Une chose est sûre : les prochains mois s’annoncent explosifs dans les rapports entre le président et ceux qu’il a désignés comme ses ennemis.