Le président élu des États-Unis Donald Trump a brandi vendredi la menace de droits de douane sévères contre l’Union européenne si elle ne réduit pas drastiquement son « énorme » déficit commercial avec Washington, exigeant qu’elle achète massivement du pétrole et du gaz américains pour y parvenir.
Dans un message posté sur son réseau social Truth, le milliardaire républicain a lancé un ultimatum : « J’ai dit à l’Union européenne qu’elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz. Sinon, ce sont les TARIFS DOUANIERS jusqu’au bout !!! », a-t-il menacé.
Un déficit commercial de 202,5 milliards de dollars
Selon les chiffres américains, les importations de biens en provenance de l’UE s’élevaient à 553,3 milliards de dollars en 2022, tandis que les exportations des États-Unis vers les Vingt-Sept représentaient 350,8 milliards de dollars. Cela représente un déficit commercial de 202,5 milliards de dollars entre les deux puissances économiques.
Donald Trump, qui prendra ses fonctions en janvier, a déjà menacé d’imposer des droits de douane élevés à d’autres partenaires commerciaux clés comme le Canada, le Mexique et la Chine. Des mesures qui pourraient déstabiliser l’économie mondiale.
L’Europe réplique en vantant le libre-échange
Face à ces menaces, l’UE a récemment conclu un important accord commercial avec quatre pays sud-américains du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen y a vu un symbole fort en faveur du libre-échange, dans un contexte de montée des tensions protectionnistes.
L’accord créera des ponts commerciaux alors que des vents forts soufflent dans la direction opposée, vers l’isolement et la fragmentation.
Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne
Trump assume sa ligne protectionniste
Si certains analystes voient dans les menaces de Donald Trump une posture pour mieux négocier à l’avenir, le président élu assume pleinement sa ligne protectionniste. Il répète que des droits de douane « correctement utilisés » seront bénéfiques pour l’économie américaine.
Les taxes douanières rendront notre pays riche.
Donald Trump
Le futur locataire de la Maison Blanche estime en effet que les États-Unis sont actuellement perdants dans leurs relations commerciales avec le reste du monde. Une situation qu’il entend bien rectifier, quitte à bousculer le libre-échange.
Les États-Unis, un fournisseur d’énergie incontournable ?
Grâce à l’essor des hydrocarbures de schiste, les États-Unis sont devenus un exportateur majeur de pétrole et de gaz ces dernières années. Donald Trump entend bien utiliser cette carte énergétique dans les futures négociations commerciales.
En exigeant que l’Europe achète massivement de l’énergie américaine, il cherche à la fois à réduire le déficit commercial et à affirmer le statut des États-Unis comme puissance énergétique incontournable. Une stratégie audacieuse dont l’efficacité reste à démontrer.
Un risque de guerre commerciale
Si l’UE refuse de céder aux exigences américaines, elle s’expose à des représailles douanières douloureuses, ouvrant la voie à une guerre commerciale transatlantique.
Un tel scénario aurait des conséquences néfastes pour les économies des deux côtés de l’Atlantique mais aussi pour la croissance mondiale. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir des relations commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne.
Face à la détermination de Donald Trump, l’Europe parviendra-t-elle à défendre ses intérêts sans entrer dans une dangereuse spirale protectionniste ? La réponse dans les prochains mois, pour ce qui s’annonce d’ores et déjà comme l’un des grands dossiers économiques et géopolitiques de l’année 2023.