Encore une fois, le président élu américain Donald Trump fait trembler les marchés et les relations internationales en brandissant la menace de guerres commerciales potentiellement dévastatrices. Dans une série de déclarations incendiaires sur son réseau social Truth Social, le républicain a annoncé son intention d’imposer dès le 20 janvier, jour de sa prestation de serment, des droits de douane punitifs de 25% sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada.
Trump conditionne la levée de ces taxes à l’arrêt du trafic de drogues, en particulier du fentanyl, et de « l’invasion » que constitue selon lui l’immigration illégale. Une rhétorique qui rappelle les heures les plus sombres de son premier mandat, marqué par de vives tensions commerciales avec la Chine et l’Europe. D’ailleurs, l’ancien magnat de l’immobilier n’a pas épargné Pékin, menaçant d’une augmentation de 10% des tarifs douaniers sur « tous les nombreux produits arrivant de Chine aux États-Unis ».
Une stratégie à haut risque qui suscite l’inquiétude
Sans surprise, ces déclarations fracassantes ont immédiatement fait réagir les principaux partenaires commerciaux des États-Unis :
- La Chine a averti qu’une guerre commerciale ne ferait que des perdants et rejeté les accusations liées au trafic de fentanyl.
- Le Mexique a mis en garde contre le risque d’un engrenage de représailles douanières mettant en péril les relations économiques.
- Le Canada, dont 75% des exportations partent vers les USA, craint un coup dur pour ses entreprises.
En Europe aussi, l’inquiétude est palpable. L’Allemagne, très dépendante de ses exportations, appelle à une réaction unie face aux menaces américaines. Les constructeurs automobiles allemands, cibles favorites de Trump, ont vu leur action dégringoler en Bourse.
Un style qui divise, des promesses électorales en action
Au-delà de l’impact économique redouté, c’est le style trumpien qui fait débat. Certains y voient une stratégie délibérée d’homme d’affaires pour renégocier les accords commerciaux en position de force. D’autres craignent une escalade incontrôlée, sur fond de nationalisme économique et de repli sur soi des États-Unis.
Je veux que les entreprises automobiles allemandes deviennent américaines. Nous allons voler les emplois d’autres pays, nous allons voler leurs usines.
Donald Trump pendant sa campagne
Une chose est sûre : à peine élu, Trump semble bien décidé à tenir ses promesses électorales les plus radicales en matière de politique commerciale et d’immigration. Sa proposition de nommer au Commerce Howard Lutnick, partisan d’une ligne dure face à la Chine, en est un signe supplémentaire.
Entre rhétorique et réalité, l’avenir du commerce mondial en question
Reste à savoir si le président élu mettra réellement ses menaces à exécution une fois installé à la Maison Blanche. Faut-il y voir une posture de négociation musclée, dans la droite ligne de sa stratégie d’homme d’affaires ? Ou la volonté réelle de bouleverser en profondeur les équilibres du commerce international, quitte à risquer une crise économique majeure ?
Réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent pour le moins incertains sur le front commercial. Une chose est sûre : dans un monde déjà fragilisé par les crises sanitaire, énergétique et géopolitique, une nouvelle guerre commerciale n’est dans l’intérêt de personne. Aux partenaires des États-Unis de trouver les moyens de temporiser les ardeurs protectionnistes du bouillonnant président, tout en défendant fermement leurs propres intérêts stratégiques. Un défi de taille, qui mettra à l’épreuve la solidité du système commercial multilatéral.