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Trump : Les Droits de Douane Vont-ils Fracasser le Brésil ?

Les surtaxes de Trump à 50% menacent le Brésil : pétrole, agriculture, avions en péril. Lula négocie, mais le choc sera-t-il évité ? Lisez pour découvrir...

Imaginez un instant : des conteneurs remplis de fruits brésiliens bloqués dans les ports, des avions invendus, des champs de soja sans acheteurs. C’est la menace qui plane sur le Brésil, alors que les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, s’apprêtent à imposer des droits de douane de 50% dès le 1er août 2025. Cette mesure, motivée par des raisons politiques plutôt qu’économiques, risque de bouleverser la première économie d’Amérique latine. Pourquoi cette décision ? Quels secteurs seront touchés ? Et comment le Brésil peut-il répondre à cette tempête commerciale ?

Une Surtaxe qui Frappe Fort

Le 9 juillet 2025, Donald Trump a annoncé une mesure choc : des droits de douane punitifs de 50% sur les importations brésiliennes. Contrairement à d’autres pays visés par des mesures similaires, le motif n’est pas un déficit commercial – les États-Unis affichent même un excédent de 284 millions de dollars avec le Brésil en 2024. Non, la raison est politique : Trump accuse le gouvernement brésilien de mener une chasse aux sorcières contre Jair Bolsonaro, son allié d’extrême droite, poursuivi pour tentative de coup d’État. Cette décision place le Brésil dans une position délicate, car les États-Unis sont son deuxième partenaire commercial.

Le commerce bilatéral entre les deux pays est crucial. Le Brésil exporte principalement du pétrole brut (12% de ses exportations vers les États-Unis), des produits semi-finis en fer et acier (9,7%), du café (5,8%) et des équipements aéronautiques (5,2%). Avec des droits de douane aussi élevés, ces secteurs risquent de subir des pertes colossales, menaçant des milliers d’emplois et l’équilibre économique du pays.

L’Agriculture : Un Géant en Danger

Le Brésil, dixième économie mondiale selon le Fonds monétaire international, est un titan de l’agriculture. Premier exportateur mondial de viande de bœuf, de poulet, de soja, de maïs, de café, de sucre et de jus d’orange, le pays dépend fortement du marché américain. Selon la Confédération de l’agriculture et de l’élevage, les exportations agricoles pourraient perdre jusqu’à 5,8 milliards de dollars à cause de ces surtaxes. Ce chiffre donne le vertige, mais il reflète la dépendance du secteur à l’export.

Les premiers effets se font déjà sentir. Des expéditions de viande, de fruits, de poissons et de céréales vers les États-Unis ont été suspendues, dans l’attente d’une solution diplomatique. L’Association brésilienne des producteurs et exportateurs de fruits rapporte que 77 000 tonnes de fruits sont actuellement bloquées dans des conteneurs. Si la situation perdure, ces produits risquent de pourrir, entraînant des pertes financières et une crise logistique.

Impact estimé sur l’agriculture :

  • Pertes potentielles : 5,8 milliards de dollars
  • Secteurs touchés : viande, soja, maïs, café, sucre, jus d’orange
  • Fruits en attente : 77 000 tonnes

L’Aéronautique : Embraer dans la Tourmente

Un autre secteur emblématique du Brésil, l’aéronautique, est sur la sellette. Embraer, troisième avionneur mondial, exporte 45% de ses avions commerciaux et 70% de ses avions d’affaires vers les États-Unis. Avec des droits de douane de 50%, le directeur général d’Embraer, Francisco Gomes Neto, évoque un scénario catastrophe, comparable à celui de la pandémie de Covid-19. Il parle même d’un quasi-embargo sur ses produits.

« Ces droits de douane représentent presque un embargo pour nous. »

Francisco Gomes Neto, directeur général d’Embraer

Les conséquences pourraient être dramatiques : pertes d’emplois, réduction de la production et affaiblissement de la compétitivité. Pour une entreprise qui symbolise le savoir-faire technologique brésilien, ce coup pourrait avoir des répercussions à long terme, non seulement sur l’économie, mais aussi sur l’image du pays à l’international.

Industrie et Pêche : Une Dépendance Cruciale

Outre l’agriculture et l’aéronautique, d’autres secteurs sont menacés. L’industrie de transformation brésilienne envoie près de 80% de ses exportations vers les États-Unis, un marché vital pour les produits manufacturés. La pêche, bien que moins médiatisée, est également concernée : plus de la moitié de ses exportations dépend du marché américain. Même l’industrie de l’armement, un secteur stratégique, pourrait voir ses débouchés se réduire drastiquement.

Le tableau suivant illustre la dépendance de certains secteurs clés au marché américain :

Secteur Part des exportations vers les États-Unis
Aéronautique (avions commerciaux) 45%
Aéronautique (avions d’affaires) 70%
Industrie de transformation 80%
Pêche >50%

La Diplomatie à la Rescousse ?

Face à cette menace, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva appelle au dialogue. Mais il a déploré que Trump « ne veut pas discuter ». Pourtant, des efforts diplomatiques sont en cours. Le vice-président Geraldo Alckmin a qualifié de « fructueuse » une récente conversation avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick. Dès avril, après l’imposition d’un premier droit de douane de 10%, des discussions techniques avaient été entamées. Une proposition confidentielle a même été envoyée à Washington en mai, sans réponse à ce jour.

Pour Ricardo Alban, président de la Confédération brésilienne de l’industrie, la négociation est une nécessité « pragmatique ». Les États-Unis restent le principal débouché pour les produits manufacturés brésiliens, et rompre ce lien serait désastreux. Mais les marges de manœuvre sont étroites, et le temps presse.

« Nous devons négocier pour des raisons pragmatiques, car les États-Unis sont notre plus important partenaire pour les produits manufacturés. »

Ricardo Alban, président de la Confédération brésilienne de l’industrie

Quelles Solutions pour le Brésil ?

Le gouvernement Lula envisage des mesures pour amortir le choc. Des lignes de crédit pourraient être proposées aux entreprises affectées, mais ces solutions restent palliatives. À court terme, réorienter les exportations vers d’autres marchés semble compliqué. La Chine, premier partenaire commercial du Brésil, importe massivement ses matières premières, mais elle ne peut remplacer le marché américain pour des produits comme les avions ou les biens manufacturés.

Marcos Mendes, économiste au centre de recherche Insper, souligne la difficulté de cette transition :

« Il est plus facile de rediriger la production de pétrole brut ou de café vers d’autres pays que celle de pièces d’avions. »

Marcos Mendes, économiste

Pour certains secteurs, comme le pétrole ou le café, des débouchés alternatifs existent. Mais pour des industries spécialisées comme l’aéronautique, les options sont limitées. La Chine, par exemple, ne peut absorber la production d’Embraer, qui repose sur des contrats à long terme avec des compagnies américaines.

La Carte de la Réciprocité

Face à l’intransigeance américaine, Lula brandit la menace de la réciprocité. Une loi adoptée en 2024 permet au gouvernement brésilien d’imposer des droits de douane ou de supprimer des avantages commerciaux en réponse à des mesures similaires. Cette stratégie pourrait cibler des produits américains clés, mais elle comporte des risques : une escalade des tensions pourrait nuire aux deux économies.

Options envisagées par le Brésil :

  • Négociations diplomatiques pour réduire les tensions
  • Lignes de crédit pour les entreprises touchées
  • Réciprocité commerciale via des surtaxes sur les produits américains
  • Recherche de nouveaux marchés pour les exportations

Un Choc aux Conséquences Inédites

Les droits de douane de Trump ne sont pas seulement une mesure économique : ils redessinent les relations commerciales et diplomatiques entre le Brésil et les États-Unis. Pour la première économie d’Amérique latine, les enjeux sont immenses. L’agriculture, l’aéronautique et l’industrie manufacturière, piliers de l’économie brésilienne, pourraient subir des pertes durables. Les efforts diplomatiques et les mesures de soutien du gouvernement Lula seront cruciaux pour limiter les dégâts.

Mais au-delà des chiffres, c’est la résilience du Brésil qui est testée. Face à une mesure motivée par des considérations politiques, le pays devra naviguer entre dialogue, réciprocité et recherche de nouveaux partenaires. Une chose est sûre : les semaines à venir seront déterminantes pour l’avenir de l’économie brésilienne.

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