« Le déclin de l’Amérique est terminé. L’âge d’or a commencé. » C’est par ces mots forts que Donald Trump a entamé son discours d’investiture pour son second mandat à la Maison Blanche. Un ton résolument optimiste et ambitieux qui tranche avec la rhétorique plus sombre de sa première investiture en 2017. Le changement de cap est notable. Mais cette promesse d’un avenir radieux suffira-t-elle à rassembler un pays profondément divisé ?
Trump 2.0 : du populisme protestataire au populisme aspirationnel
Pour Yascha Mounk, professeur à l’université Johns Hopkins, ce discours marque un tournant dans la stratégie politique de Trump. Fini le temps du diagnostic apocalyptique sur l’état du pays. Place désormais à une vision positive, presque utopique, de ce que pourrait être l’Amérique sous sa houlette. Un « populisme aspirationnel » comme le nomme Mounk :
Trump cherche à proposer un avenir désirable à l’ensemble du peuple américain. Après avoir élargi sa base électorale, il veut maintenant incarner la promesse d’un futur radieux pour tous les Américains.
Yascha Mounk, professeur à l’université Johns Hopkins
Un changement de ton qui vise clairement à rassembler au-delà de son socle électoral traditionnel. En mettant en avant des thèmes fédérateurs comme la grandeur retrouvée de l’Amérique ou la prospérité à venir, Trump entend séduire ceux qui lui étaient jusqu’ici réfractaires.
Un pari risqué mais nécessaire
Alors, pari gagnant ou risque inconsidéré ? Si l’on en croit les premiers sondages, le discours a eu un écho plutôt favorable dans l’opinion. Une majorité d’Américains se disent séduits par la vision optimiste développée par Trump, même si les plus sceptiques attendent de voir si les actes seront à la hauteur des paroles.
Car le défi est de taille pour le 45e président. Derrière les envolées lyriques, il va falloir rapidement des résultats concrets. Sur l’économie, l’emploi, la sécurité, les attentes sont immenses. Trump a placé la barre très haut avec ses promesses. À lui maintenant de prouver qu’il peut les tenir.
Un entourage qui interroge
Un autre point d’inquiétude concerne l’entourage du président. Comme le souligne Anne Applebaum, prix Pulitzer 2005, Trump n’est peut-être pas un autocrate, mais il s’entoure de personnes ouvertement hostiles à la démocratie. Un constat préoccupant quand on sait le poids des conseillers dans les décisions présidentielles.
Les autocrates ont en commun le rejet de ceux qui aspirent à la démocratie, à la transparence, à l’État de droit.
Anne Applebaum, prix Pulitzer 2005
Mark Zuckerberg, Elon Musk, Peter Thiel… Autant de soutiens de Trump prônant une liberté d’expression « absolue », quitte à relayer désinformation et discours de haine. Leur présence dans le premier cercle présidentiel fait craindre le pire à certains observateurs.
Quelle place pour l’Europe ?
Autre interrogation majeure : quelle sera la place de l’Europe dans cette « Amérique d’abord » vantée par Trump ? Si le président s’est voulu rassurant envers les alliés traditionnels des États-Unis, la méfiance reste de mise du côté européen. Comme le résume Philippe Gélie dans un éditorial du Figaro :
Les Européens auraient tort de penser qu’ils jouent encore dans la même équipe que les États-Unis.
Philippe Gélie, éditorialiste au Figaro
Pour le spécialiste des questions internationales Louis Gautier, avec Trump, « le monde est un Monopoly où tout se négocie ». Pas sûr que cette vision transactionnelle des relations internationales soit du goût des dirigeants européens.
Entre espoirs et inquiétudes
Ce second mandat Trump s’ouvre donc sur une multitude d’interrogations. Si le discours inaugural se voulait rassembleur et porteur d’espoir, il n’efface pas les profondes divisions qui traversent la société américaine. Nombre d’opposants restent très inquiets des dérives possibles sur les libertés publiques ou l’État de droit.
Mais dans le même temps, la vision optimiste portée par Trump semble trouver un écho favorable chez une partie croissante de la population. Beaucoup veulent croire en cet « âge d’or » promis. Tout l’enjeu pour Trump sera de transformer l’essai, de passer de la promesse aux actes. Réussira-t-il son pari ? Réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’Amérique.