Contre toute attente, Donald Trump a réussi l’exploit de reconquérir la Maison Blanche en novembre 2024, quatre ans après sa défaite face à Joe Biden. Le milliardaire républicain a séduit les électeurs en surfant sur un rejet de plus en plus marqué des idées progressistes dans la société américaine. Une victoire surprise qui suscite de nombreuses interrogations sur un bouleversement profond du paysage politique outre-Atlantique.
L’Amérique au cœur d’une crise identitaire ?
Selon plusieurs observateurs, le succès de Donald Trump s’explique en grande partie par un malaise croissant chez les hommes blancs, qui se sentent déstabilisés par les évolutions sociétales récentes. La montée en puissance des thèses féministes et antiracistes ces dernières années aurait provoqué une forme de backlash dans cette frange de la population.
Il y a une vraie angoisse identitaire, en particulier chez les jeunes hommes qui ne se reconnaissent plus dans le discours ambiant. Ils ont l’impression qu’on veut les culpabiliser en permanence.
Un sociologue interrogé sous couvert d’anonymat
Face à ce phénomène, Donald Trump a su se présenter en héraut d’une masculinité décomplexée, à rebours des injonctions moralisatrices de la gauche progressiste. Son côté provocateur et politiquement incorrect a séduit un électorat en quête de repères.
Le rejet du « wokisme », carburant de la victoire trumpiste
Plus globalement, c’est toute la rhétorique « woke » qui semble avoir été désavouée dans les urnes en novembre dernier. Loin de n’être qu’un épiphénomène, le courant anti-woke qui prospère aux États-Unis depuis quelques années paraît avoir atteint une masse critique.
Nombreux sont les Américains, y compris chez les démocrates modérés, à considérer que la gauche est allée trop loin dans sa volonté de déconstruire la société. Les appels à « annuler » des personnalités publiques pour des propos jugés problématiques ou encore la promotion de concepts comme la « non-binarité » passent de plus en plus mal.
- Selon un récent sondage, 62% des Américains estiment que « l’idéologie woke a un impact négatif sur le pays ».
- La proportion monte à 85% chez les électeurs républicains.
Le mouvement woke est perçu par beaucoup comme un vecteur de division et de censure. Il y a une vraie aspiration au retour d’un dialogue apaisé, loin des postures moralisatrices.
Une experte en communication politique
En se faisant le chantre assumé de l’anti-wokisme, Donald Trump a donc fait mouche auprès d’un électorat en perte de repères. Sa victoire écrasante (33 États remportés sur 50) témoigne de l’ampleur du rejet des idées progressistes dans le pays.
La déroute des démocrates, un électrochoc salutaire ?
Face à la déferlante trumpiste, les démocrates n’ont pas su trouver la parade. Leur candidat, le gouverneur de Californie Gavin Newsom, incarnait tout ce que rejette désormais une majorité d’Américains : progressisme sociétal poussé à l’extrême, arrogance intellectuelle des élites, déconnexion des réalités…
Le parti de l’Âne paie au prix fort son virage idéologique des dernières années. En épousant sans réserve les thèses wokes les plus radicales, les démocrates se sont coupés d’une large partie de leur base historique, notamment au sein des classes populaires.
Le défi pour les démocrates, c’est de renouer avec l’électorat modéré qu’ils ont perdu en route. Le parti doit retrouver une approche plus pragmatique et moins clivante s’il veut reconquérir le pouvoir.
Un cadre démocrate souhaitant rester anonyme
La défaite cuisante subie en novembre dernier pourrait finalement constituer un électrochoc salutaire pour la gauche américaine. À condition que les leçons en soient réellement tirées.
2024, l’élection du grand basculement ?
Au-delà des États-Unis, la victoire de Donald Trump à la présidentielle résonne comme un avertissement pour l’ensemble des démocraties occidentales. Le phénomène dépasse largement le cadre américain.
- Au Royaume-Uni, les conservateurs ont largement remporté les élections locales de mai 2024.
- En France, Éric Zemmour est donné favori dans les sondages pour 2027.
- En Allemagne, l’AfD est créditée de 22% d’intentions de vote.
À travers tout l’Occident, les idées conservatrices et identitaires ont le vent en poupe, portées par une jeunesse masculine qui se cherche de nouveaux repères. Un basculement majeur est peut-être en train de s’opérer sous nos yeux.
Reste à savoir quelles en seront les implications concrètes dans les années à venir. Une chose est sûre, la victoire-choc de Donald Trump en novembre 2024 nous obligera collectivement à repenser bien des schémas établis. Le combat culturel et politique ne fait sans doute que commencer.
