La décision de Donald Trump de gracier plus de 1200 personnes condamnées pour leur participation à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 suscite une vague d’indignation au sein de la classe politique et des forces de l’ordre. Ce décret présidentiel, signé lundi soir, est perçu par beaucoup comme une « trahison » et une « insulte » envers les policiers qui ont défendu le Capitole ce jour-là.
Une grâce massive et controversée
Le décret signé par Donald Trump met fin aux poursuites contre près de 1300 individus, dont 1270 personnes déjà reconnues coupables et 14 membres des mouvements d’extrême droite Oath Keepers et Proud Boys. Selon le texte, cette mesure vise à mettre un terme à « une grave injustice nationale infligée au peuple américain au cours des quatre dernières années ».
Cependant, cette décision est loin de faire l’unanimité. De nombreux élus démocrates et républicains modérés dénoncent une tentative de « réécrire l’Histoire » et de minimiser la gravité des événements du 6 janvier 2021. Pour rappel, ce jour-là, des centaines de partisans de Donald Trump avaient pris d’assaut le Capitole pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle.
Les procureurs abandonnent les poursuites
Suite à la signature de ce décret, le nouveau procureur par interim de Washington, Ed Martin, un juriste conservateur proche de Donald Trump, a ordonné l’abandon des poursuites en cours contre plusieurs centaines d’accusés. Cette décision a provoqué la consternation au sein du système judiciaire et des forces de l’ordre.
Les juges ont été absolument impitoyables. Les procureurs aussi.
Donald Trump, lors de la signature du décret
Colère et incompréhension chez les policiers
Pour les policiers qui ont défendu le Capitole le 6 janvier 2021, souvent au péril de leur vie, cette grâce présidentielle est vécue comme une véritable « trahison ». Michael Fanone, un ancien membre de la police de Washington qui a subi un arrêt cardiaque et un traumatisme crânien lors de l’assaut, s’est dit « trahi par [son] pays et par ceux qui ont soutenu Donald Trump ».
Six individus qui m’ont agressé alors que je faisais mon travail le 6 janvier, comme des centaines d’autres membres des forces de l’ordre, seront désormais libres.
Michael Fanone, ancien policier blessé lors de l’assaut
Cette incompréhension est partagée par Pam Hemphill, une septuagénaire condamnée dans ce dossier qui a purgé une peine de deux mois de prison. Bien qu’elle ait exprimé des regrets, elle a refusé la grâce présidentielle, estimant que ce serait « une insulte pour la police du Capitole et l’État de droit ».
Des réactions politiques contrastées
Au sein de la classe politique, les réactions sont mitigées. Si les élus républicains les plus fidèles à Donald Trump, comme Marjorie Taylor Greene, ont salué sans réserve cette mesure de clémence, d’autres se sont montrés plus mesurés, à l’instar du sénateur Thom Tillis.
Du côté des démocrates, la condamnation est unanime. Le sénateur Dick Durbin a qualifié cette décision de « honte nationale », rappelant que « les Américains ont assisté à cette violente profanation de [leur] Capitole en direct et avec un horrible luxe de détails ».
Une décision qui divise l’Amérique
Plus de deux ans après l’assaut du Capitole, cette grâce présidentielle ravive les tensions et les divisions au sein de la société américaine. Pour ses détracteurs, elle témoigne de la volonté de Donald Trump de minimiser la gravité des faits et de s’attirer les faveurs de l’extrême droite en vue de la prochaine élection présidentielle.
Ses partisans, en revanche, y voient un geste de « réconciliation nationale » et une réparation face à ce qu’ils considèrent comme une « persécution politique ». Un argument balayé par les nombreuses voix qui s’élèvent pour dénoncer une décision « irresponsable » et « dangereuse » pour la démocratie américaine.
Une polémique qui ne fait que commencer
Alors que Donald Trump laisse entendre qu’il pourrait se représenter en 2024, cette grâce présidentielle risque de peser lourdement sur le débat politique américain dans les mois à venir. Nombreux sont ceux qui y voient un nouvel épisode de la « guerre culturelle » qui déchire les États-Unis, entre les partisans d’un retour à « la loi et l’ordre » et les défenseurs d’une justice sociale et raciale.
Une chose est sûre : cette décision controversée ne manquera pas de susciter de vifs débats au Congrès et dans l’opinion publique. Elle risque également de compliquer la tâche des procureurs et des juges chargés de poursuivre et de condamner les auteurs de violences politiques, à l’heure où l’extrémisme et la radicalisation sont au cœur des préoccupations.
Reste à savoir si cette grâce présidentielle contribuera à apaiser les tensions ou, au contraire, à les exacerber davantage. Une question qui divise profondément l’Amérique et qui risque de peser lourd dans les urnes lors des prochaines échéances électorales.