Imaginez : vous avez passé des années à remplir des dossiers, à économiser chaque dollar, à apprendre l’anglais et l’histoire américaine par cœur. Vous êtes à deux doigts de prêter serment et de devenir citoyen des États-Unis… et d’un seul coup, tout s’arrête. Votre dossier est gelé. Indéfiniment. C’est la réalité brutale que vivent des dizaines de milliers de personnes depuis quelques jours.
Un nouveau coup de massue sur l’immigration
Le choc a été annoncé sans tambour ni trompette, par un simple memorandum des services de l’immigration. Toutes les demandes de résidence permanente et de naturalisation provenant de 19 pays sont suspendues. Les dossiers en cours ? Gelés. Les personnes déjà approuvées mais pas encore assermentées ? En attente. Personne ne sait pour combien de temps.
Cette décision intervient quelques jours seulement après une fusillade mortelle à Washington, où un ressortissant afghan a ouvert le feu sur des militaires de la Garde nationale, tuant une femme soldat et en blessant grièvement un autre. Le président n’a pas tardé à réagir, promettant une réponse « massive et définitive ».
Les 19 pays concernés : un ciblage assumé des plus pauvres
La liste est longue et sans surprise pour ceux qui suivent la politique migratoire américaine. On y retrouve d’abord les douze pays déjà sous le coup d’une interdiction quasi-totale d’entrée depuis juin :
- Afghanistan
- Birmanie
- Tchad
- République du Congo
- Guinée équatoriale
- Erythrée
- Haïti
- Iran
- Libye
- Somalie
- Soudan
- Yémen
À ces noms s’ajoutent sept nouveaux pays, déjà soumis à des restrictions de visas mais qui passent désormais au niveau supérieur :
- Burundi
- Cuba
- Laos
- Sierra Leone
- Togo
- Turkménistan
- Venezuela
En tout, ce sont les ressortissants des nations les plus pauvres ou les plus instables de la planète qui se retrouvent purement et simplement exclus du rêve américain, du jour au lendemain.
Des mots qui choquent, une ligne dure assumée
Le président Trump n’a pas mâché ses mots. « Nous allons cesser définitivement l’immigration en provenance de tous les pays du tiers-monde », a-t-il déclaré. Il a promis de « chasser toute personne qui n’est pas un atout » et même de « dénaturaliser » ceux qui nuiraient à la tranquillité nationale.
« La citoyenneté est un privilège, pas un droit »
Matthew Tragesser, porte-parole de l’USCIS
Le ton est donné. Et il monte encore d’un cran avec la nouvelle ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, qui a recommandé publiquement d’interdire « les ressortissants de chaque satané pays qui a inondé notre nation de meurtriers, de sangsues et d’accros aux aides sociales ».
Le président s’est même permis une sortie ciblée contre les Somaliens : « Je n’en veux pas dans notre pays. Nous allons prendre la mauvaise direction si nous continuons à accepter des déchets dans notre pays. » Des propos qui ont immédiatement provoqué la colère du maire de Minneapolis, ville qui accueille la plus grande communauté somalienne des États-Unis.
Des conséquences humaines immédiates et massives
Derrière les déclarations choc, il y a des vies brisées. Des familles séparées. Des rêves réduits en miettes.
Plus de 1,5 million de demandes d’asile sont en attente. Plus de 50 000 personnes avaient obtenu l’asile sous l’administration précédente : leurs dossiers vont être réexaminés. Même ceux qui ont réussi l’examen de citoyenneté avec brio voient leur cérémonie annulée sine die.
Aaron Reichlin-Melnick, spécialiste reconnu du droit de l’immigration, résume la situation d’une phrase glaçante : « Des gens qui étaient à quelques jours de prêter serment se retrouvent bloqués à quelques mètres de la ligne d’arrivée. »
Une administration qui passe à la vitesse supérieure
Ce n’est pas qu’une mesure symbolique. Toute la machine administrative se met en branle.
Les services de l’immigration (USCIS) ont reçu l’ordre de ne plus traiter aucun dossier provenant de ces 19 pays. L’agence de l’immigration et des douanes (ICE), dotée de moyens jamais vus, reçoit la mission claire : expulser un nombre record de personnes en situation irrégulière.
En parallèle, toutes les décisions d’octroi d’asile sont gelées. Et l’administration se réserve le droit de revenir sur celles accordées depuis janvier 2021. On parle potentiellement de centaines de milliers de vies bouleversées.
Une fracture américaine de plus en plus visible
Cette politique ne fait pas l’unanimité, loin de là. À Minneapolis, le maire démocrate Jacob Frey a répondu directement au président : « Nos valeurs envers la communauté somalienne, envers chaque communauté immigrée, sont solides comme le roc et resteront inébranlables. »
Dans les grandes villes, les associations d’aide aux migrants sonnent l’alarme. Dans les États républicains, beaucoup applaudissent une mesure « de bon sens » et « longtemps attendue ».
Le débat est plus clivant que jamais : sécurité nationale contre tradition d’accueil, pragmatisme contre humanité, peur contre ouverture.
Et maintenant ?
La question que tout le monde se pose : jusqu’où ira cette nouvelle vague de restrictions ? Le gel des dossiers est-il temporaire ou deviendra-t-il permanent ? Les réexamens d’asile aboutiront-ils à des retraits massifs ? Et surtout, cette politique rendra-t-elle vraiment les États-Unis plus sûrs… ou simplement plus fermés ?
Une chose est sûre : des millions de personnes, aux États-Unis et à l’étranger, retiennent leur souffle. Leur avenir ne tient plus qu’à un fil administratif, dans un pays qui fut longtemps le symbole de l’espoir pour les opprimés du monde entier.
(Article mis à jour le 3 décembre 2025 – 3127 mots)









