Et si le sujet qui avait porté Donald Trump jusqu’à la Maison Blanche en 2024 finissait par lui coûter cher ? À moins d’un an des élections de mi-mandat, l’économie, son arme favorite, se retourne contre lui. Les Américains n’ont jamais trouvé la vie aussi chère et, pour beaucoup, le responsable a un nom.
Un déplacement stratégique en terre ouvrière
Mardi, le président américain pose ses valises en Pennsylvanie. Un État symbole, ancien cœur industriel, où il avait su parler aux cols bleus en 2024. Cette fois, il vient défendre son bilan face à une réalité brutale : l’inflation reste collante et le moral des ménages s’effondre.
Le message est rodé. Selon un haut responsable de l’exécutif, Donald Trump veut « expliquer comment son gouvernement reste concentré » sur la crise inflationniste héritée, selon lui, de l’administration précédente. Une ligne qu’il martèle depuis des mois, mais qui semble de moins en moins convaincre.
Les chiffres qui font mal
Les indicateurs parlent d’eux-mêmes. En septembre, l’inflation annuelle s’élevait encore à 3 %. Un chiffre qui peut paraître modéré vu de loin, mais qui, cumulé aux hausses précédentes, pèse lourdement sur le pouvoir d’achat.
Le coût de la vie domine très largement les préoccupations. Un récent sondage révèle que 46 % des Américains estiment n’avoir jamais connu une période où tout était aussi cher. Le même pourcentage désigne Donald Trump comme responsable de la situation économique actuelle.
« L’affordability est une supercherie démocrate »
Donald Trump, mercredi dernier
Une phrase qui résume la stratégie : tout rejeter sur l’ancienne administration et présenter ses propres mesures – notamment les droits de douane massifs – comme la solution miracle. Pourtant, dans les usines et les supermarchés de Pennsylvanie, le discours commence à s’user.
Un marché du travail qui s’assombrit
Le tableau est d’autant plus sombre que l’emploi vacille. En octobre, les annonces de licenciements ont atteint leur niveau le plus élevé pour ce mois depuis vingt-deux ans. Le taux de chômage, lui, n’avait pas été aussi haut depuis quatre ans.
À l’approche des fêtes de fin d’année – période traditionnellement faste pour la consommation – le ralentissement économique se fait cruellement sentir. Les familles qui préparent Noël regardent deux fois les étiquettes avant d’acheter les cadeaux.
Les signaux d’alerte en quelques points :
- Inflation annuelle toujours à 3 % en septembre
- Licenciements records en octobre
- Taux de chômage au plus haut depuis 4 ans
- 46 % des Américains jugent la vie « plus chère que jamais »
- 46 % tiennent le président actuel pour responsable
La Pennsylvanie, laboratoire de la colère
Pourquoi la Pennsylvanie ? Parce que l’État reste un baromètre politique. Trump y avait gagné de justesse en 2024 en promettant de ramener les emplois industriels et de protéger les travailleurs contre la concurrence étrangère. Deux ans plus tard, beaucoup d’usines tournent toujours au ralenti et les factures s’allongent.
Le président mise sur la proximité. Discours dans une usine, poignées de main avec des ouvriers casqués, photos devant des drapeaux américains géants. Le décor est connu, mais l’ambiance a changé. Les applaudissements sont plus polis que frénétiques.
Dans les rangs républicains, l’inquiétude grandit. Les midterms approchent et chaque point perdu dans les sondages sur l’économie peut se traduire par des sièges perdus à la Chambre et au Sénat. La Maison Blanche l’a bien compris : il est temps de remettre l’économie au centre du récit.
Les droits de douane, arme à double tranchant
Donald Trump continue de vanter sa politique protectionniste. Pour lui, les barrières douanières ont sauvé des emplois et rempli les caisses de l’État. Un discours qui plaît toujours à une partie de l’électorat ouvrier.
Mais dans les rayons des magasins, la réalité est différente. Beaucoup de produits importés ont vu leur prix grimper, alimentant directement l’inflation que les ménages subissent au quotidien. Le cercle vicieux est difficile à briser.
Le président promet que les effets positifs finiront par l’emporter. Reste à savoir si les Américains accepteront d’attendre encore alors que leur budget courses explose et que les cadeaux de Noël pèsent lourd dans la balance.
Une série de déplacements pour reprendre la main
La visite en Pennsylvanie n’est que le début. D’autres États industriels devraient suivre rapidement. L’objectif est clair : remettre Donald Trump en contact direct avec les classes populaires, là où il avait su créer la surprise par le passé.
Les équipes de communication préparent déjà les slogans. On parle de « l’économie des vrais Américains », de « combat contre l’inflation héritée », de « promesses tenues ». Des formules testées, mais qui devront affronter une réalité chiffrée implacable.
Car au-delà des discours, les portefeuilles parleront. Et pour l’instant, ils disent surtout que tout coûte plus cher qu’avant. La question est de savoir si le président parviendra à convaincre que ce n’est pas de sa faute – et surtout, qu’il a la solution.
La bataille de l’opinion est lancée. En Pennsylvanie mardi, puis ailleurs. À moins d’un an des midterms, chaque mot comptera. Et chaque facture d’électricité aussi.
À suivre, donc. Très attentivement.









