Imaginez un président américain qui, sans filtre, traite certains dirigeants européens de « stupides » et affirme que leurs villes autrefois magnifiques sont devenues méconnaissables à cause de l’immigration. C’est exactement ce qu’a fait Donald Trump cette semaine, relançant un débat explosif qui secoue le continent depuis des années.
Trump ne mâche pas ses mots face à l’Europe
Dans une interview accordée à Politico, le président américain a une nouvelle fois exprimé son rejet total de la politique migratoire européenne. Selon lui, ce qu’il se passe sur le Vieux Continent relève purement et simplement du « désastre ».
Il a commencé par une phrase presque affectueuse : « Je les aime tous. Je n’ai pas de véritable ennemi. » Puis, aussitôt après, la douche froide : certains leaders sont intelligents, d’autres… beaucoup moins. « Il y en a de vraiment stupides aussi », a-t-il lâché sans préciser de noms, laissant chacun deviner qui se trouve dans quelle catégorie.
Paris et Londres dans le viseur
Donald Trump a ensuite ciblé deux capitales emblématiques. « J’adorais Paris. C’est un endroit très différent de ce qu’il était », a-t-il regretté. Le ton était le même pour Londres : « J’aime Londres. Et je déteste voir cela arriver. »
Le maire de la capitale britannique, Sadiq Khan, n’a pas été épargné. Qualifié de « horrible, vicieux, dégoûtant », il cristallise pour Trump tout ce qui ne va pas dans la gestion migratoire outre-Manche. Rappelons que les deux hommes s’opposent publiquement depuis des années, Khan ayant déjà traité Trump de « raciste, sexiste et islamophobe ».
« Mes racines sont en Europe, comme vous le savez »
Donald Trump
Cette phrase montre que le président américain ne parle pas en adversaire de l’Europe, mais presque en cousin déçu qui constate que la maison familiale part à vau-l’eau.
D’où viennent les migrants selon Trump ?
Pour Trump, le problème ne vient pas seulement du Moyen-Orient, contrairement à ce que beaucoup imaginent. Il pointe du doigt l’Afrique subsaharienne et va très loin dans ses affirmations : « Ils arrivent du Congo… Et pire encore, ils viennent des prisons du Congo et de nombreux autres pays. »
Selon lui, les dirigeants européens, par peur d’être taxés de manque de cœur ou par excès de « politiquement correct », refusent purement et simplement de renvoyer ces personnes d’où elles viennent.
Ce discours fait écho à celui qu’il tenait déjà pendant sa première campagne en 2016, mais il semble encore plus tranchant aujourd’hui, comme s’il préparait le terrain à une pression accrue sur les alliés de l’OTAN.
La Suède, l’exemple qui obsède Trump
Stockholm revient souvent dans les interventions de Donald Trump. Pour lui, la Suède incarnait autrefois la sécurité absolue : « Le pays le plus sûr d’Europe, l’un des pays les plus sûrs du monde. »
Aujourd’hui, il la décrit comme « un pays très peu sûr », « totalement différent ». Coïncidence ou non, la Suède vient tout juste d’intégrer l’OTAN, un sujet sensible pour Washington qui attend des membres de l’Alliance une fermeté accrue sur les questions de sécurité intérieure.
Les chiffres de la criminalité suédoise, notamment les fusillades liées aux gangs, sont régulièrement cités par les détracteurs de la politique migratoire généreuse menée dans les années 2010. Trump, lui, n’hésite pas à en faire un symbole mondial du danger de l’ouverture tous azimuts.
Viktor Orban, le seul approuvé
Interrogé sur son soutien à certains leaders européens, Donald Trump n’a pas caché son admiration pour le Premier ministre hongrois. « J’ai soutenu Viktor Orban, qui fait un très bon travail, d’une façon différente, en matière d’immigration. »
Il a même admis, avec un sourire dans la voix, avoir soutenu « des gens que beaucoup d’Européens n’aiment pas ». Une manière de dire qu’il assume pleinement d’encourager les voix souverainistes sur le plus fermes d’Europe.
Orban, qui refuse les quotas de migrants et a construit une clôture à sa frontière sud, représente pour Trump le modèle à suivre. Un modèle que peu de dirigeants osent imiter publiquement.
Une stratégie de sécurité nationale inédite
Le timing n’est pas anodin. Quelques jours avant cette interview, l’administration Trump a publié un document baptisé « Stratégie de sécurité nationale » au ton résolument nationaliste.
On y parle sans détour d’« effacement civilisationnel » de l’Europe si rien n’est fait contre les « migrations de masse ». Des termes très forts qui choquent une partie de l’establishment, mais qui rencontrent un écho croissant chez ceux qui estiment que l’Europe a perdu le contrôle de ses frontières.
Ce texte officialise une vision du monde où l’immigration non maîtrisée représente une menace existentielle, pas seulement pour les États-Unis, mais pour toute la civilisation occidentale.
Pourquoi ce discours résonne-t-il autant ?
Parce qu’il touche une corde sensible. Des millions d’Européens, même parmi ceux qui votaient autrefois à gauche, expriment aujourd’hui leur lassitude face à l’afflux continu de migrants et aux difficultés d’intégration.
Les attentats, les zones de non-droit, la montée des violences dans certaines banlieues : tout cela alimente un sentiment que les élites sont déconnectées. Et Trump, avec son franc-parler, apparaît comme celui qui ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Il ne propose pas de solution miracle, mais il pose une question brutale : jusqu’à quand l’Europe continuera-t-elle à ouvrir grand ses portes sans exiger en retour respect des lois et des valeurs ?
Et maintenant ?
Cette sortie de Donald Trump intervient alors que plusieurs pays européens durcissent déjà leur politique : Danemark, Italie, Pologne, Hongrie… La liste s’allonge.
En Allemagne, en France, aux Pays-Bas, les partis souverainistes progressent à chaque élection. Même les gouvernements modérés adoptent des mesures autrefois jugées extrêmes : expulsions accélérées, contrôle renforcé aux frontières, fin du droit du sol dans certains cas.
Le président américain ne fait peut-être que surfer sur une vague déjà là. Mais en la nommant aussi crûment, il contribue à la rendre irréversible.
Une chose est sûre : le débat sur l’immigration en Europe ne sera plus jamais le même après ces déclarations. Reste à savoir si les dirigeants qualifiés de « stupides » répondront… ou s’ils préféreront continuer à ignorer la colère qui monte.
L’Europe est à un tournant. Entre ceux qui défendent l’ouverture absolue et ceux qui réclament un contrôle total, le compromis semble de plus en plus difficile. Donald Trump, lui, a déjà choisi son camp.
La question n’est plus de savoir si l’Europe va changer de cap, mais à quelle vitesse et jusqu’où.









