Une proposition inattendue du président américain Donald Trump vient de relancer le débat sur le rôle des monnaies digitales dans la finance mondiale. En effet, le locataire de la Maison Blanche a suggéré que le gouvernement fédéral se constitue des réserves en crypto-monnaies comme le Bitcoin. Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir, certains y voyant une menace pour la suprématie du dollar, tandis que d’autres saluent une initiative visionnaire.
Le dollar, une monnaie toujours dominante
Malgré les inquiétudes exprimées par les détracteurs de la proposition présidentielle, force est de constater que le dollar américain reste la monnaie de réserve incontestée au niveau international. Selon les dernières données du FMI, il représentait encore près de 60% des réserves de change détenues par les banques centrales fin 2024.
Contrairement aux devises classiques, le Bitcoin et les autres crypto-monnaies ne sont régis par aucune institution monétaire centrale. Il n’y a donc pas de risque de conflit d’intérêts avec un quelconque émetteur, comme cela pourrait être le cas avec le yuan chinois ou le rouble russe. De plus, la taille du marché des monnaies digitales reste modeste comparée à celle du dollar.
Des réserves de change diversifiées
En réalité, les États-Unis détiennent déjà d’importantes réserves en devises étrangères, principalement en euros et en yuans. Personne ne considère pour autant qu’il s’agit d’un soutien explicite à ces monnaies. Les pays conservent des réserves de change avant tout pour des raisons de liquidités, afin de faciliter les échanges commerciaux.
Compte tenu de la prépondérance du Bitcoin et de l’Ether en termes de capitalisation et de volumes échangés, il apparaît donc logique que les États-Unis s’intéressent à ces crypto-actifs. D’autant que même avec 50 000 bitcoins, cela ne représenterait qu’une fraction des réserves en devises du pays.
Le pari de la technologie financière
Au-delà de ces aspects purement monétaires, la proposition de Donald Trump s’inscrit dans une stratégie plus large visant à positionner les États-Unis comme un leader de la fintech. Les crypto-monnaies et la blockchain représentent en effet des innovations majeures qui pourraient transformer en profondeur le secteur financier dans les années à venir.
Avoir des bitcoins n’est pas nécessairement un adoubement de cette monnaie, mais c’est clairement dans l’intérêt des États-Unis s’ils veulent devenir une puissance de la fintech.
Chip Daniels, PDG de Salomon Brothers
En se dotant de réserves en monnaies digitales, le gouvernement américain fait donc le pari de l’avenir. Une façon de préparer le terrain pour les évolutions à venir et de stimuler l’écosystème des entreprises innovantes du pays. Un signal fort envoyé aux autres puissances mondiales, dans un contexte de compétition géoéconomique exacerbée.
Un débat qui ne fait que commencer
Si la proposition de Donald Trump a le mérite de poser les termes du débat, elle est loin de faire l’unanimité, y compris dans son propre camp. Nombreux sont ceux qui craignent un affaiblissement du dollar et une perte de souveraineté monétaire. D’autres s’inquiètent des risques liés à la forte volatilité de ces actifs numériques.
Il est clair que le sujet est complexe et soulève de nombreuses questions, aussi bien techniques que politiques. Les prochains mois seront donc cruciaux pour voir si cette idée se concrétise et sous quelle forme. Une chose est sûre : le débat sur la place des crypto-monnaies dans le système financier mondial ne fait que commencer, et les États-Unis entendent bien peser de tout leur poids dans cette bataille.
