Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut. C’est le cas notamment du côté des représentants syndicaux qui s’inquiètent des conséquences de sa politique pour les travailleurs. Lors d’un entretien en marge du Forum économique de Davos, Luc Triangle, secrétaire-général de la confédération internationale des syndicats, tire un bilan critique du premier mandat de Trump.
« Il n’a pas été le président des travailleurs »
Pour le leader syndical, le constat est sans appel :
Je ne pense pas qu’il avait conscience de ce qu’il a fait pendant ses quatre premières années. Il n’a pas été le président des travailleurs.
Luc Triangle, secrétaire-général de la confédération internationale des syndicats
Luc Triangle pointe notamment du doigt la politique commerciale agressive menée par l’ancien et nouveau président américain lors de son premier passage à la Maison Blanche. L’imposition de droits de douane sur les produits des principaux partenaires commerciaux des États-Unis avait en effet provoqué de vives tensions avec la Chine, le Canada, le Mexique ou encore l’Union Européenne.
Crainte d’une nouvelle guerre commerciale
Et les premières annonces de Trump pour son second mandat ne sont guère rassurantes sur ce plan. Il a d’ores et déjà promis une hausse des taxes sur les produits étrangers entrant aux États-Unis, avec des surtaxes de 25% envisagées dès février pour le Mexique et le Canada.
Une perspective qui alarme Luc Triangle. Pour lui, une telle guerre commerciale aurait de lourdes répercussions pour l’emploi et les conditions de travail :
Une guerre commerciale n’est pour personne une bonne solution. Elle crée de l’incertitude, elle a des effets sur les entreprises, sur les emplois.
L’inflation, « une attaque sur le pouvoir d’achat »
Autre motif d’inquiétude majeur pour le syndicaliste : l’impact inflationniste que pourraient avoir les mesures protectionnistes de Trump. En renchérissant le prix des produits importés, ces dernières risquent en effet d’alimenter une hausse généralisée des prix aux États-Unis, puis par ricochet dans le reste du monde.
Un scénario noir que redoute le représentant syndical. Car pour lui, l’inflation constitue toujours « une attaque sur le pouvoir d’achat » des travailleurs. Et ce d’autant plus que les salaires ne suivent que très rarement le rythme de hausse des prix :
L’inflation est toujours une attaque sur le pouvoir d’achat car les travailleurs ne sont dans presque aucun pays compensés du niveau de l’inflation.
Crainte d’une explosion des inégalités
Enfin, le patron des syndicats mondiaux s’alarme de voir les hommes les plus riches de la planète soutenir le retour au pouvoir de Donald Trump. Un signe selon lui que les inégalités économiques, déjà abyssales, pourraient encore se creuser durant ce second mandat.
Ce que confirment les derniers chiffres publiés par l’ONG Oxfam qui montrent que la fortune des milliardaires a bondi de 2 000 milliards de dollars l’an dernier, pendant que les revenus des classes populaires et moyennes stagnent :
Les travailleurs n’obtiennent pas leur juste part de la richesse qu’ils ont contribué à créer, ce n’est pas soutenable. Cela ne permet pas de créer une société stable pour le futur. Nous risquons de connaître une explosion de l’insatisfaction dans le monde.
Biden, « le président le plus focalisé sur les travailleurs »
Un constat d’autant plus amer que selon Luc Triangle, le mandat de Joe Biden avait marqué une véritable rupture en faveur des travailleurs américains :
Joe Biden a réalisé un travail remarquable. Il a été le président américain le plus focalisé sur l’intérêt des travailleurs dans l’histoire.
Des avancées durement acquises qui pourraient bien être balayées par la politique à la fois populiste et inégalitaire de Donald Trump. Les syndicats restent donc plus que jamais vigilants et mobilisés pour défendre les intérêts des travailleurs face aux menaces qui s’annoncent.
Source : Article original de l’AFP.