Chaque année, le deuxième lundi d’octobre aux États-Unis suscite un débat vibrant : faut-il célébrer l’explorateur Christophe Colomb ou rendre hommage aux peuples autochtones qui ont souffert de la colonisation ? En 2025, ce débat a repris de plus belle avec une décision marquante du président américain. En signant une proclamation pour honorer le navigateur italien, il a choisi de réaffirmer une vision traditionaliste de l’histoire, tout en écartant une reconnaissance simultanée des Amérindiens. Cette prise de position, loin d’être anodine, reflète des tensions culturelles et politiques profondes dans un pays où l’histoire est un terrain de lutte idéologique.
Un Retour Controversé à la Tradition
En proclamant le Columbus Day comme jour férié, le président a mis l’accent sur l’héritage de Christophe Colomb, figure célébrée par beaucoup, notamment les Américains d’origine italienne. Cette décision s’inscrit dans une volonté de restaurer une vision historique centrée sur les exploits des explorateurs européens. Lors de la signature, il a déclaré avec enthousiasme : On aime les Italiens
, soulignant l’importance culturelle de cette fête pour une communauté fière de ses racines.
Cette proclamation intervient dans un contexte où l’histoire de Colomb est de plus en plus scrutée. Depuis des décennies, des voix s’élèvent pour critiquer le rôle de l’explorateur dans la colonisation brutale des Amériques, marquée par des violences contre les populations autochtones. Pourtant, le président a choisi de ne pas aborder ces critiques, préférant une célébration sans nuance de l’héritage de Colomb.
Une Ombre sur les Peuples Autochtones
En 2021, un précédent président avait marqué l’histoire en instaurant la Journée des peuples autochtones le même jour que le Columbus Day. Cette initiative visait à reconnaître les souffrances des Amérindiens et à promouvoir une vision plus inclusive de l’histoire américaine. Cependant, cette reconnaissance a été écartée en 2025, le président actuel choisissant de ne pas mentionner les peuples autochtones dans sa proclamation. Ce silence est perçu par beaucoup comme un rejet des efforts pour rééquilibrer le récit historique.
Ce choix a suscité des réactions vives. Pour certains, il s’agit d’une tentative de réaffirmer une vision eurocentrique de l’histoire, qui minimise les conséquences de la colonisation. Pour d’autres, il reflète une volonté de contrer ce que le président appelle le wokisme, un terme qu’il utilise pour critiquer les politiques progressistes de reconnaissance des minorités.
Repères historiques :
- 1492 : Christophe Colomb débarque sur une île des Bahamas, marquant le début de la colonisation européenne.
- 1968 : Le Congrès américain instaure le Columbus Day comme jour férié fédéral.
- 2021 : Proclamation de la Journée des peuples autochtones, parallèlement au Columbus Day.
- 2025 : Le Columbus Day est célébré sans mention des peuples autochtones.
Leif Erikson : Une Alternative Nordique
En parallèle, le président a signé une autre proclamation, désignant le 9 octobre 2025 comme le Leif Erikson Day. Cette journée rend hommage au célèbre Viking nordique, considéré comme l’un des premiers Européens à avoir atteint l’Amérique du Nord, bien avant Colomb. En célébrant Leif Erikson, le président met en avant l’héritage des Américains d’origine nordique, tout en diversifiant les figures historiques honorées.
Cette initiative peut être vue comme une tentative de répondre aux critiques sur l’exclusivité du Columbus Day. Cependant, elle ne compense pas l’absence de reconnaissance des Amérindiens, car elle reste ancrée dans une perspective européenne. Le choix de Leif Erikson, figure moins controversée que Colomb, semble également refléter une volonté de célébrer l’exploration sans s’attarder sur les conséquences de la colonisation.
Un Contexte Politique Chargé
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, le président a multiplié les initiatives pour contrer les politiques progressistes de l’administration précédente. Il a notamment ciblé ce qu’il appelle une idéologie woke, critiquant les efforts pour réexaminer l’histoire à travers le prisme des minorités et des groupes marginalisés. Cette posture s’inscrit dans une offensive plus large contre les institutions culturelles, y compris les musées, accusés de promouvoir des récits historiques jugés trop critiques.
Le rejet de la Journée des peuples autochtones s’inscrit dans cette logique. En mettant l’accent sur des figures comme Colomb et Erikson, le président cherche à renforcer une narrative nationale centrée sur l’héroïsme des explorateurs européens, au détriment d’une reconnaissance des injustices historiques.
Columbus Day, nous sommes de retour… On aime les Italiens.
Extrait de la déclaration du président lors de la signature de la proclamation.
Pourquoi Cette Controverse Persiste-t-elle ?
La figure de Christophe Colomb est au cœur d’un débat qui dépasse la simple célébration d’un explorateur. Pour beaucoup d’Américains d’origine italienne, il incarne la fierté de leur héritage et leur contribution à la construction des États-Unis. Cependant, pour les défenseurs des droits des Amérindiens, il symbolise le début d’une période de violence, d’exploitation et de génocide.
Ce clivage reflète une tension plus large dans la société américaine : comment concilier des récits historiques divergents ? La décision de 2025 de ne pas reconnaître les peuples autochtones ravive ce débat, posant la question de savoir si une célébration de l’histoire peut être inclusive sans nier les souffrances du passé.
Perspective | Arguments principaux |
---|---|
Défenseurs du Columbus Day | Célébration de l’héritage italien, reconnaissance de l’exploration européenne. |
Défenseurs des peuples autochtones | Reconnaissance des violences de la colonisation, besoin d’un récit historique inclusif. |
Vers une Réconciliation Possible ?
Le débat autour du Columbus Day et de la Journée des peuples autochtones soulève une question fondamentale : comment une nation peut-elle célébrer son passé tout en reconnaissant ses erreurs ? Certains proposent de maintenir les deux journées, en les utilisant comme une opportunité pour éduquer le public sur l’histoire complexe des Amériques. D’autres suggèrent de remplacer le Columbus Day par une célébration plus large de l’exploration et de la diversité culturelle.
Pour l’instant, la décision de 2025 semble privilégier une vision unilatérale de l’histoire. Mais les réactions qu’elle suscite montrent que le débat est loin d’être clos. Les prochaines années seront cruciales pour déterminer si les États-Unis parviendront à trouver un équilibre entre la célébration de leurs origines et la reconnaissance des injustices passées.
En attendant, la proclamation du Leif Erikson Day pourrait ouvrir la voie à une diversification des figures historiques célébrées. Mais sans une reconnaissance explicite des peuples autochtones, elle risque de n’être qu’un détour dans une controverse qui continue de diviser.