Et si la guerre froide technologique entre les États-Unis et la Chine venait de prendre un tournant totalement inattendu ?
Lundi, Donald Trump a créé la surprise en annonçant personnellement avoir donné son feu vert à l’exportation de certaines puces Nvidia vers le marché chinois. Un revirement spectaculaire alors que Washington durcit depuis des années ses restrictions sur les technologies sensibles.
Un accord directement négocié au plus haut niveau
Le président américain a révélé avoir eu une conversation téléphonique avec Xi Jinping. Les deux chefs d’État auraient trouvé un terrain d’entente pour autoriser, sous conditions strictes, la vente de processeurs graphiques Nvidia à des clients chinois préalablement validés.
La condition principale a de quoi surprendre : Nvidia devra reverser 25 % de son chiffre d’affaires généré par ces ventes directement à l’État fédéral américain. Un mécanisme inédit qui transforme l’exportation en véritable source de revenus pour les caisses publiques.
« Le gouvernement Biden a forcé nos belles entreprises à fabriquer des produits dégradés dont personne ne voulait. Une très mauvaise idée qui a ralenti l’innovation et pénalisé les travailleurs américains. »
Cette phrase, publiée sur Truth Social, résume la vision de Donald Trump : plutôt que d’interdire purement et simplement, mieux vaut encadrer et monétiser.
Les puces concernées : les H200, pas les toutes dernières Blackwell
Attention, il ne s’agit pas des processeurs les plus avancés du catalogue Nvidia. L’autorisation porte sur la gamme H200 (architecture Hopper), déjà commercialisée depuis un certain temps.
La nouvelle génération Blackwell (B100, B200, GB200), lancée fin 2024 et nettement plus performante, reste quant à elle strictement interdite à l’export vers la Chine. Washington conserve donc un avantage technologique significatif dans les puces les plus puissantes, essentielles pour les supercalculateurs et l’entraînement des modèles d’IA les plus massifs.
Le message est clair : la Chine peut accéder à de l’excellent matériel… mais pas au meilleur.
Retour sur une saga de plusieurs années
Depuis 2022, les États-Unis ont progressivement resserré l’étau sur les exportations de semi-conducteurs avancés. L’objectif affiché : empêcher que ces technologies ne servent au développement militaire chinois, notamment dans l’intelligence artificielle.
Nvidia avait alors répondu en créant le H20, une version volontairement bridée de ses puces pour respecter les seuils fixés par Washington. Une stratégie qui avait permis de maintenir un pied sur le marché chinois… jusqu’à ce que l’administration Trump, en avril, n’interdise même ces versions allégées.
Pékin avait alors appelé ses entreprises à bouder complètement les produits américains au profit de solutions locales (Huawei Ascend, Biren, Cambricon, etc.). Résultat : Nvidia n’a réalisé que 50 millions de dollars de chiffre d’affaires en Chine au troisième trimestre et n’en attendait plus aucun pour le trimestre en cours.
25 % de commission : un précédent historique
Le nouveau mécanisme de 25 % de prélèvement direct sur les ventes constitue une grande première. Lors de l’épisode H20, la commission n’était que de 15 %. Le durcissement est net.
Concrètement, pour chaque puce H200 vendue à un client chinois autorisé, un quart du prix payé finira dans les caisses du Trésor américain. Un moyen astucieux de transformer une exportation stratégique en rente fiscale.
En résumé, les points clés de l’accord :
- Puces autorisées : H200 (Hopper) uniquement
- Blackwell et futures générations interdites
- Clients chinois soumis à validation préalable
- 25 % du CA reversé à l’État américain
- AMD et Intel pourront bénéficier du même régime
Une stratégie en deux temps : contenir et dominer
Derrière cette décision se dessine une vision plus large. Donald Trump veut à la fois limiter l’accès chinois aux technologies les plus sensibles et imposer les standards américains comme référence mondiale incontournable.
En autorisant l’export de puces un cran en-dessous des toutes dernières, les États-Unis conservent leur avance tout en maintenant Nvidia, AMD et Intel en position de leaders incontestés sur le marché mondial de l’IA.
Car même une H200 reste largement supérieure à la majorité des solutions chinoises actuelles. La Chine se retrouve donc contrainte d’acheter américain pour rester compétitive à court et moyen terme… tout en payant une taxe indirecte à Washington.
Réaction immédiate des marchés
Les investisseurs n’ont pas attendu pour réagir. Dans les échanges électroniques après clôture, l’action Nvidia a immédiatement pris plus de 2 %. Un signal fort que le marché voit cette ouverture, même limitée, du marché chinois comme une excellente nouvelle.
Les analystes estiment que même avec la commission de 25 %, la marge restante reste très confortable sur ces puces déjà amorties. Et surtout, cela permet de relancer les chaînes de production à plein régime.
Et maintenant ?
Cet accord pourrait n’être qu’une première étape. Plusieurs questions restent en suspens :
La Chine acceptera-t-elle durablement de payer cette « taxe Trump » ? Les entreprises locales vont-elles accélérer encore leur rattrapage ? Les 25 % seront-ils réinvestis dans la R&D américaine ou simplement dans le budget général ?
Une chose est sûre : la guerre technologique entre les deux superpuissances entre dans une phase nouvelle, plus subtile, où l’arme économique prend le pas sur l’interdiction pure et simple.
À suivre de très près.









