C’est une annonce qui risque de faire du bruit dans le monde de la tech. Donald Trump, le président nouvellement élu des États-Unis, vient de révéler un investissement titanesque de 20 milliards de dollars en provenance des Émirats arabes unis. Cette manne financière sera entièrement dédiée à la construction de centres de données ultra-modernes sur le sol américain. Une initiative qui s’inscrit dans la course effrénée à l’intelligence artificielle et promet de propulser les États-Unis au rang de leader incontesté dans ce domaine stratégique.
Un partenariat émirati de longue date
Derrière cet investissement record se cache un homme d’affaires émirati bien connu de Donald Trump : Hussein Sajwani, le PDG du géant de l’immobilier Damac Properties. Les deux hommes entretiennent une relation privilégiée depuis de nombreuses années, concrétisée notamment par la construction du somptueux Trump International Golf Club à Dubaï en 2017. Inauguré quelques mois seulement après la première élection de Trump, ce complexe de luxe témoigne des liens étroits qui unissent le magnat de l’immobilier et le président américain.
L’élection de Donald Trump en novembre a été une nouvelle extraordinaire pour moi et ma famille. Cela fait quatre ans que nous attendons d’augmenter nos investissements aux États-Unis pour atteindre des montants très importants.
Hussein Sajwani, PDG de Damac Properties
La confiance retrouvée des investisseurs étrangers
Au-delà de l’amitié qui lie les deux hommes, c’est bien la confiance retrouvée des investisseurs étrangers dans l’économie américaine qui semble motiver ce geste. Comme le souligne Hussein Sajwani, l’élection de Donald Trump a été perçue comme un signal fort, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités d’investissement massif outre-Atlantique. Un enthousiasme partagé par d’autres géants mondiaux, à l’image du conglomérat japonais SoftBank qui a promis en décembre dernier d’injecter 100 milliards de dollars dans l’économie américaine au cours des quatre prochaines années.
L’IA, moteur de la croissance américaine
Si les centres de données cristallisent aujourd’hui toutes les attentions, c’est qu’ils sont devenus un enjeu stratégique majeur avec l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle. Gourmandes en puissance de calcul, les technologies d’IA nécessitent des infrastructures informatiques toujours plus performantes pour fonctionner de manière optimale. Une course à l’armement technologique dans laquelle les États-Unis entendent bien rester en tête, comme l’a martelé Donald Trump :
L’IA est importante dans les centres de données, et cela va être un sujet brûlant dans les années à venir. Cet investissement permettra aux États-Unis de rester à la pointe de la technologie.
Concrètement, les 20 milliards promis par les Émirats arabes unis serviront dans un premier temps à bâtir de nouveaux data centers dans huit États américains, dont le Texas et l’Arizona. De quoi offrir aux entreprises locales des capacités de traitement et de stockage décuplées pour développer leurs projets d’IA. Mais la manne émiratie pourrait bien dépasser les prévisions initiales, Hussein Sajwani ayant laissé entendre que Damac Properties était prêt à doubler, voire tripler la mise dans les années à venir.
La question environnementale en suspens
Pourtant, le déploiement massif de centres de données n’est pas sans poser question sur le plan environnemental. Extrêmement énergivores, ces cathédrales de serveurs et de circuits imprimés ont un impact carbone considérable qui vient contrecarrer les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre des géants de la tech. Google, Amazon, Microsoft et autres mastodontes du numérique, qui investissent des dizaines de milliards chaque année dans ces infrastructures, se retrouvent ainsi face à un dilemme cornélien : comment concilier la course à l’IA et la transition vers une économie plus verte ?
Si Donald Trump n’a pas directement abordé cet épineux sujet lors de son point presse, gageons que la question écologique s’invitera rapidement dans le débat à mesure que les data centers fleuriront sur le territoire américain. Les défenseurs de l’environnement seront particulièrement attentifs aux solutions déployées par les entreprises pour limiter l’empreinte carbone de ces véritables usines à données. Le recours accru aux énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficience énergétique des serveurs seront sans doute des pistes privilégiées pour verdir l’IA made in USA.
En attendant, c’est bien une nouvelle ère technologique qui s’ouvre pour les États-Unis avec cet investissement émirati. Un pari à 20 milliards de dollars sur l’avenir qui confirme, s’il en était encore besoin, le statut de l’oncle Sam comme terre d’opportunités pour les capitaux étrangers. Reste à savoir si cette manne providentielle profitera à l’ensemble de l’économie américaine ou si elle ne fera qu’accroître un peu plus le pouvoir des géants du numérique. Réponse dans les prochains mois, à mesure que les premiers centres de données dernier cri sortiront de terre.
