C’est un véritable séisme dans la politique climatique mondiale. Fraîchement réinvesti à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a annoncé lundi une série de mesures traduisant un revirement total en matière d’action contre le changement climatique. Au programme : une nouvelle sortie de l’accord de Paris et la promesse de « forer à tout-va » pour doper la production d’hydrocarbures du pays. Des décisions lourdes de conséquences qui mettent en péril les efforts déployés à l’échelle internationale pour endiguer le réchauffement.
Les États-Unis claquent (encore) la porte de l’accord de Paris
Figure de proue de la lutte contre le dérèglement climatique, l’accord de Paris se voit une nouvelle fois déserté par la première puissance économique mondiale. Les États-Unis, déjà sortis une première fois sous le mandat précédent de Donald Trump avant de réintégrer l’accord sous la présidence de Joe Biden, s’apprêtent ainsi à claquer la porte une seconde fois. Un départ officiel qui interviendra d’ici un an et qui devrait porter un coup dur aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays, deuxième pollueur mondial actuel et premier pollueur historique.
Cap sur les énergies fossiles
Dans son discours d’investiture, le locataire de la Maison Blanche a été on ne peut plus clair : « Nous allons forer à tout-va ». Une promesse martelée durant sa campagne, avec comme objectif assumé de doper la production de pétrole et de gaz des États-Unis, déjà leader mondial dans le domaine. Pour y parvenir, Donald Trump a annoncé un état d' »urgence énergétique » national et le démantèlement de nombreuses mesures pro-climat instaurées par son prédécesseur, comme les financements alloués aux énergies renouvelables ou à l’achat de véhicules électriques.
Il n’y a pas d’urgence énergétique aux États-Unis en ce qui concerne les combustibles fossiles, mais il y en a une en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique.
Athan Manuel, de l’organisation Sierra Club
La communauté internationale sous le choc
Ce virage à 180 degrés intervient alors même que le monde traverse une période critique, avec un réchauffement qui s’emballe. Les deux années écoulées ont ainsi été les plus chaudes jamais enregistrées à l’échelle planétaire. Dans ce contexte, les annonces du président américain ont immédiatement suscité une vague d’indignation parmi les défenseurs de l’environnement, y voyant un déni cinglant de l’urgence climatique.
Pour Julie McNamara, de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists, « nous sommes à un moment où, dans le monde entier, nous devons accélérer nos efforts, redoubler nos engagements » en faveur du climat. Un objectif que vient contrarier frontalement la nouvelle politique énergétique made in USA.
Des objectifs climatiques plombés
Adopté en 2015, l’accord de Paris fixe comme cap de maintenir le réchauffement « bien en-dessous de 2°C » par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible à 1,5°C. Pour y parvenir, les quelque 200 pays signataires se sont engagés à réduire leurs émissions. Côté américain, l’ambition affichée par Joe Biden était de les diminuer de 61 à 66% d’ici 2035 (par rapport à 2005) pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Des objectifs déjà mal engagés, qui risquent tout bonnement d’être jetés aux oubliettes avec le retour de Donald Trump aux affaires. Selon les projections du centre de recherche Rhodium Group, les promesses de « détricotage » du nouveau président pourraient se traduire par une baisse des émissions limitée à 24-40% d’ici 2035, bien loin des 61-66% escomptés. Un coup dur pour le climat mondial, avec pas moins de 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires qui pourraient être relâchées dans l’atmosphère d’ici 2030 du fait de ce changement de cap.
Un effet domino à craindre
Au-delà de l’impact direct sur les émissions de gaz à effet de serre, le grand bond en arrière opéré par la première économie mondiale pourrait inciter d’autres gros pollueurs à revoir à la baisse leurs ambitions vertes. À l’image de la Chine ou de l’Inde qui pourraient être tentées par un alignement. Ou encore de l’Argentine, dont le nouveau président ultralibéral Javier Milei – proche de Donald Trump – a récemment indiqué qu’il comptait « réévaluer » la participation de son pays à l’accord de Paris.
Si pour l’heure aucun pays n’a officiellement emboîté le pas de Washington, le risque d’un effet domino n’est pas à exclure, s’inquiètent les experts. Un scénario catastrophe tant pour le devenir de l’accord de Paris que pour la trajectoire déjà mal engagée de notre planète vers un réchauffement difficilement contrôlable.
Face à cette menace, les réactions n’ont pas tardé. Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris, veut ainsi croire que « l’action multilatérale pour le climat s’est avérée résiliente » et que « la transition mondiale bénéficie d’un élan économique imparable ». Un optimisme partagé à l’échelon local outre-Atlantique, où États, villes et entreprises disent vouloir prendre le relais. Avec toutefois un pouvoir d’influence à la baisse sans le soutien de l’État fédéral, prévient Julie McNamara.
Alors, vers quel avenir se dirige notre planète ? Si à ce stade les conséquences exactes du virage trumpiste restent à déterminer, une chose est sûre : la lutte contre le changement climatique vient de subir un sacré coup derrière la tête. Et le chemin vers la neutralité carbone mondiale apparaît plus que jamais semé d’embûches.
Pour Julie McNamara, de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists, « nous sommes à un moment où, dans le monde entier, nous devons accélérer nos efforts, redoubler nos engagements » en faveur du climat. Un objectif que vient contrarier frontalement la nouvelle politique énergétique made in USA.
Des objectifs climatiques plombés
Adopté en 2015, l’accord de Paris fixe comme cap de maintenir le réchauffement « bien en-dessous de 2°C » par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible à 1,5°C. Pour y parvenir, les quelque 200 pays signataires se sont engagés à réduire leurs émissions. Côté américain, l’ambition affichée par Joe Biden était de les diminuer de 61 à 66% d’ici 2035 (par rapport à 2005) pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Des objectifs déjà mal engagés, qui risquent tout bonnement d’être jetés aux oubliettes avec le retour de Donald Trump aux affaires. Selon les projections du centre de recherche Rhodium Group, les promesses de « détricotage » du nouveau président pourraient se traduire par une baisse des émissions limitée à 24-40% d’ici 2035, bien loin des 61-66% escomptés. Un coup dur pour le climat mondial, avec pas moins de 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires qui pourraient être relâchées dans l’atmosphère d’ici 2030 du fait de ce changement de cap.
Un effet domino à craindre
Au-delà de l’impact direct sur les émissions de gaz à effet de serre, le grand bond en arrière opéré par la première économie mondiale pourrait inciter d’autres gros pollueurs à revoir à la baisse leurs ambitions vertes. À l’image de la Chine ou de l’Inde qui pourraient être tentées par un alignement. Ou encore de l’Argentine, dont le nouveau président ultralibéral Javier Milei – proche de Donald Trump – a récemment indiqué qu’il comptait « réévaluer » la participation de son pays à l’accord de Paris.
Si pour l’heure aucun pays n’a officiellement emboîté le pas de Washington, le risque d’un effet domino n’est pas à exclure, s’inquiètent les experts. Un scénario catastrophe tant pour le devenir de l’accord de Paris que pour la trajectoire déjà mal engagée de notre planète vers un réchauffement difficilement contrôlable.
Face à cette menace, les réactions n’ont pas tardé. Laurence Tubiana, architecte de l’accord de Paris, veut ainsi croire que « l’action multilatérale pour le climat s’est avérée résiliente » et que « la transition mondiale bénéficie d’un élan économique imparable ». Un optimisme partagé à l’échelon local outre-Atlantique, où États, villes et entreprises disent vouloir prendre le relais. Avec toutefois un pouvoir d’influence à la baisse sans le soutien de l’État fédéral, prévient Julie McNamara.
Alors, vers quel avenir se dirige notre planète ? Si à ce stade les conséquences exactes du virage trumpiste restent à déterminer, une chose est sûre : la lutte contre le changement climatique vient de subir un sacré coup derrière la tête. Et le chemin vers la neutralité carbone mondiale apparaît plus que jamais semé d’embûches.