Imaginez-vous demain matin devant la concession automobile. Le vendeur vous annonce que la voiture de vos rêves coûte soudain 1 000 dollars de moins qu’hier. C’est exactement la promesse que vient de faire Donald Trump en supprimant les normes de consommation imposées par Joe Biden. Une décision spectaculaire qui divise déjà l’Amérique entière.
Une Signature Historique dans le Bureau Ovale
Mercredi, dans le décor solennel du Bureau Ovale, le président américain a paraphé un texte qui porte un nom évocateur : Freedom Means Affordable Cars. Devant les caméras et en présence des patrons des plus grands constructeurs automobiles du pays, il a qualifié les anciennes règles de « ridiculement contraignantes » et « horribles ».
Ces normes, connues sous le nom de CAFE (Corporate Average Fuel Economy), existent depuis 1975. Elles obligent chaque constructeur à respecter une moyenne de consommation pour l’ensemble de sa gamme vendue aux États-Unis. L’administration Biden les avait renforcées drastiquement avec un objectif ambitieux : dépasser les 50 miles par gallon (environ 4,7 L/100 km) d’ici 2031.
Avec la nouvelle mesure, cet objectif chute à 34,5 miles par gallon. Un retour en arrière spectaculaire qui ramène les exigences à un niveau proche de celui d’avant 2021.
Les Arguments du Gouvernement Trump
Le ministère des Transports avance des chiffres impressionnants. Selon ses calculs, les anciennes règles auraient fait grimper le prix moyen d’un véhicule neuf de 1 000 dollars. Sur cinq ans, cela représente 109 milliards de dollars d’économies pour les ménages américains.
Le message est clair : en relâchant la pression réglementaire, on redonne du pouvoir d’achat aux familles et on protège les emplois dans l’industrie automobile traditionnelle.
« Nous supprimons officiellement les ridiculement contraignants et horribles standards CAFE de Joe Biden qui imposaient des restrictions coûteuses »
Donald Trump, président des États-Unis
L’Industrie Automobile Applaudit à Tout Rompre
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Les trois géants de Detroit – Ford, Stellantis et General Motors – étaient représentés dans le Bureau Ovale au moment de la signature.
Jim Farley, patron de Ford, a salué une décision qui « aligne enfin les standards sur les réalités du marché ». Il insiste sur le fait qu’on peut progresser en efficacité énergétique tout en laissant le choix aux consommateurs.
De son côté, le dirigeant de Stellantis a plaidé pour des « politiques environnementales responsables » qui n’empêchent pas les clients d’acheter le véhicule qu’ils désirent au prix qu’ils peuvent payer.
Même l’Alliance pour l’innovation automobile, qui regroupe la majorité des constructeurs, se réjouit même si elle dit « examiner » encore les détails du nouveau texte.
Les Craintes des Défenseurs de l’Environnement
Mais tout le monde n’applaudit pas. Du côté des associations écologistes, c’est la consternation.
Gina McCarthy, ancienne conseillère climat des administrations Obama et Biden, accuse le gouvernement de ne jamais agir « dans l’intérêt de la santé ou de l’environnement ».
Dan Becker, du Centre pour la diversité biologique, va plus loin : il parle de la destruction de « la plus grande initiative jamais prise par un pays pour réduire la consommation de pétrole et la pollution liée au changement climatique ».
« Ce gouvernement n’agira jamais dans l’intérêt de notre santé ou de l’environnement »
Gina McCarthy
Un Retour en Arrière Mesuré en Chiffres
Pour bien comprendre l’ampleur du changement, voici les chiffres clés en un coup d’œil :
- Objectif Biden 2031 : > 50 miles/gallon (≈ 4,7 L/100 km)
- Nouvel objectif Trump : 34,5 miles/gallon (≈ 6,8 L/100 km)
- Économie estimée par véhicule : 1 000 dollars
- Économies totales sur 5 ans : 109 milliards de dollars
Ces 34,5 miles par gallon ne représentent même pas une amélioration par rapport à la situation actuelle selon certains experts. Un simple statu quo maquillé en grande victoire.
Pourquoi les Constructeurs Reculent sur l’Électrique
Depuis deux ans, les annonces de reports ou d’annulations de projets de véhicules électriques se multiplient. Ford a repoussé le lancement de plusieurs modèles. General Motors a abandonné certains objectifs. Même Toyota, pourtant pionnier de l’hybride, freine des quatre fers.
La raison principale ? Les ventes de voitures électriques restent bien en deçà des prévisions. Les consommateurs américains plébiscitent toujours majoritairement les gros pick-up et les SUV gourmands en carburant.
Charlie Chesbrough, économiste chez Cox Automotive, le reconnaît : « Atteindre les anciens objectifs était difficile pour l’industrie et augmentait le coût des véhicules. Pourtant, les consommateurs apprécient les voitures économes ».
Consommateurs : Gagnants à Court Terme, Perdants à Long Terme ?
À court terme, la baisse du prix d’achat est indéniable. Une famille qui change de voiture tous les cinq ou sept ans pourrait économiser plusieurs milliers de dollars.
Mais à la pompe, l’addition risque d’être plus salée. Une consommation moyenne plus élevée signifie des pleins plus fréquents et plus chers, surtout si les prix du pétrole remontent.
Sans parler des conséquences climatiques. Les transports représentent près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis. Relâcher la pression réglementaire maintenant pourrait compromettre les objectifs de réduction pour 2030 et au-delà.
Un Choix de Société
Derrière les chiffres et les déclarations politiques, c’est un véritable choix de modèle qui se joue. D’un côté, la liberté individuelle, le pouvoir d’achat immédiat et la défense de l’industrie traditionnelle. De l’autre, la responsabilité collective face au réchauffement climatique et la transition vers des technologies plus propres.
Donald Trump a tranché. Et comme souvent avec lui, le message est simple : l’Amérique d’abord, les grandes berlines et les pick-up d’abord, le portefeuille des ménages d’abord.
Reste à savoir si les Américains, dans leur grande majorité, suivront cette voie ou si la pression internationale et les réalités climatiques finiront par imposer un autre chemin. Une chose est sûre : cette décision marquera durablement le paysage automobile et environnemental des prochaines années.
En une seule signature, Donald Trump vient peut-être de redessiner l’avenir de l’automobile américaine… et de compliquer sérieusement la lutte contre le changement climatique.
Les prochains mois nous diront si cette mesure « historique » sera célébrée comme une victoire du bon sens ou regrettée comme un rendez-vous manqué avec l’histoire.









