Il y a un an, les travées du stade de l’Aube résonnaient de silences lourds, ponctués de soupirs. Relégué en National, l’Estac de Troyes semblait à l’agonie. Pourtant, en cette saison 2024-2025, un vent d’espoir souffle à nouveau sur la ville. Les supporters, longtemps désabusés, retrouvent le sourire grâce à une 10e place en Ligue 2 et une équipe qui incarne la combativité. Comment le club a-t-il opéré ce retour en grâce ? Plongeons dans une saison qui a redonné vie à un club centenaire.
Un Renouveau Inattendu pour l’Estac
La saison précédente avait laissé des cicatrices. Une relégation en National, un vestiaire démoralisé, et une ambiance pesante au stade : Troyes touchait le fond. Mais un repêchage inespéré en Ligue 2, dû à des déboires administratifs d’un autre club, a offert une seconde chance. « On partait de tellement loin, c’était presque inespéré », confie un supporter de longue date. Ce sursis, loin d’être une garantie, a marqué le début d’une reconstruction.
Avec seulement 4 points en 9 matchs à l’automne 2024, l’équipe végétait en bas de classement. Les gradins, clairsemés, reflétaient le désarroi collectif. Pourtant, ce chaos a servi de catalyseur. De nouveaux visages à la direction, un entraîneur audacieux, et une équipe remaniée ont posé les bases d’un renouveau. La 10e place finale, assortie d’une troisième meilleure défense de la ligue, témoigne de ce redressement.
Stéphane Dumont : L’Homme du Changement
L’arrivée de Stéphane Dumont comme entraîneur a été un tournant. Nommé dans l’urgence à quelques jours du championnat, il a hérité d’un groupe en plein désarroi. « Les joueurs n’avaient plus de joie, ça se voyait à l’entraînement », raconte un habitué du stade. Dumont, avec une approche pragmatique, a instauré des entraînements rigoureux et une philosophie de jeu claire : une défense solide et des attaques par les ailes.
« Il a réparé les têtes avant de construire une équipe. On a retrouvé du plaisir à les voir jouer. »
Kevin, supporter
Les résultats ont suivi. Dès la 10e journée, un changement clé dans les cages – la titularisation de Nicolas Lemaître – a solidifié la défense. Avec 14 ou 15 clean sheets, l’équipe a grimpé au classement. Les supporters notent aussi l’intelligence tactique de Dumont, qui a su tirer parti des forces de ses joueurs, même dans un effectif limité.
Une Défense de Fer, un Cœur de Guerrier
Si l’Estac a surpris, c’est d’abord par sa solidité défensive. Terminer troisième meilleure défense de Ligue 2, pour une équipe repêchée, relève de l’exploit. Ce succès repose sur des choix audacieux, comme la confiance accordée à Lemaître, mais aussi sur une mentalité nouvelle. « On a une équipe de guerriers, prêts à tout donner », s’enthousiasme un supporter.
Les clés de la solidité défensive :
- Gardien décisif : Nicolas Lemaître, révélation dans les buts.
- Entraînement intense : Séances musclées sous Stéphane Dumont.
- Collectif soudé : Une défense qui joue pour l’équipe, pas pour les individualités.
Cette rigueur a permis à Troyes de rivaliser avec des équipes mieux préparées. Les joueurs, galvanisés par leur coach, ont retrouvé une identité : celle d’une équipe dure à battre, qui ne lâche rien. Ce mental a aussi séduit les supporters, qui voyaient enfin une équipe à leur image.
La Coupe de France : Une Étincelle pour les Fans
Si la Ligue 2 a été le théâtre de la reconstruction, la Coupe de France a ravivé la flamme des supporters. Deux victoires mémorables à domicile, contre Metz et surtout Rennes, un club de Ligue 1, ont fait vibrer le stade de l’Aube. « On n’avait pas vu ça depuis des années », se remémore une fidèle du club. Ces matchs, disputés avec ferveur, ont rappelé aux fans pourquoi ils aimaient leur équipe.
Malheureusement, l’aventure s’est arrêtée en huitièmes de finale face à Brest. Une déception, certes, mais qui n’a pas entamé l’enthousiasme. Ces rencontres ont redonné vie au stade, attirant jusqu’à 9 000 spectateurs pour le dernier match de la saison contre Amiens, grâce à des places à 5 euros.
Antoine Sibierski et Edwin Pindi : Les Architectes de l’Ombre
Derrière les exploits sur le terrain, deux hommes ont joué un rôle crucial : Antoine Sibierski, directeur sportif, et Edwin Pindi, président exécutif. Arrivé en juillet 2024, Sibierski a pris des décisions courageuses, comme le remplacement de l’entraîneur David Guion par Dumont. « Il a su trouver un coach capable de tout changer », note un supporter.
Pindi, nommé en octobre, a quant à lui recentré le club sur ses racines. En valorisant l’histoire de Troyes – le centenaire du stade et les 125 ans du club – il a renoué avec les supporters. Des opérations comme les tarifs réduits ou les événements festifs ont boosté l’affluence, passant de 5 497 spectateurs en moyenne en 2023-2024 à 6 353 cette saison.
« Pindi a compris ce que les supporters attendaient : un club qui leur ressemble. »
Pedro, fidèle du stade
Les Héros du Terrain : Révélations et Combattants
Si l’équipe a brillé, c’est aussi grâce à des joueurs qui ont su se révéler. Outre Lemaître, des noms comme Abdoulaye Kanté au milieu et Cyriaque Irié en attaque ont marqué les esprits. Malgré la blessure de l’attaquant Renaud Ripart, l’équipe a tenu bon, portée par un collectif soudé. « Ces joueurs incarnent l’esprit de Troyes : ils ne baissent jamais les bras », souligne une supportrice.
| Joueur | Rôle | Impact |
|---|---|---|
| Nicolas Lemaître | Gardien | 14-15 clean sheets, solidité défensive |
| Abdoulaye Kanté | Milieu | Énergie et créativité |
| Cyriaque Irié | Attaquant | Dynamisme offensif |
Les Supporters : Le Cœur Battant de Troyes
Les supporters de l’Estac sont plus qu’un public : ils sont l’âme du club. Après des années de désillusion, ils ont retrouvé la fierté de chanter pour leur équipe. « On a vibré comme jamais cette saison », confie une abonnée depuis 20 ans. Le kop, toujours fidèle, a été rejoint par de nouveaux visages, attirés par les performances et les initiatives du club.
Cette reconnexion s’est faite grâce à des gestes simples mais efficaces : des billets à prix réduits, des célébrations historiques, et une communication plus proche des fans. Pourtant, certains regrettent un manque de communion avec les joueurs après les matchs. « Ils rentrent trop vite au vestiaire », déplore une supportrice. Un détail, mais qui montre que le chemin reste à parcourir.
Les Défis de l’Avenir
Si la saison a été une réussite, l’avenir reste incertain. Les supporters s’inquiètent des rumeurs de départs dans l’encadrement, notamment l’entraîneur des gardiens, essentiel au succès de Lemaître. La politique sportive du propriétaire, un grand groupe international, suscite aussi des questions. « On a trouvé un équilibre, mais il est fragile », analyse un fan.
Les priorités pour 2025-2026 :
- Conserver la défense, socle de l’équipe.
- Recruter tôt pour une préparation optimale.
- Impliquer davantage les jeunes joueurs.
Les supporters rêvent d’un top 5 la saison prochaine, sans parler de montée. Mais pour cela, le club devra stabiliser son effectif et capitaliser sur ses acquis. « On veut une équipe qui attaque le championnat dès la première journée », insiste un abonné.
Une Ville qui Respire à Nouveau
Troyes, ville marquée par deux années moroses, retrouve des couleurs grâce à son club. L’Estac, en redevenant un symbole de combativité, a redonné un élan à toute une communauté. Les 6 353 spectateurs en moyenne cette saison, contre 5 497 l’an passé, témoignent de cet engouement retrouvé.
Les initiatives du club, comme les festivités pour les 125 ans de l’Estac, ont renforcé ce lien. « C’est plus qu’un club, c’est une partie de notre identité », résume un supporter. Cette saison, Troyes a prouvé qu’avec du courage et de la persévérance, même les moments les plus sombres peuvent mener à des jours meilleurs.
Alors que la nouvelle saison se profile, les supporters de l’Estac oscillent entre espoir et prudence. Une chose est sûre : ils seront là, dans les gradins, pour pousser leur équipe. Car à Troyes, le football est bien plus qu’un sport – c’est une histoire d’amour qui ne s’éteint jamais.
