ActualitésPolitique

Trois Membres du Collectif de Lutte Contre la Vie Chère Interpellés en Martinique

En Martinique, trois membres du collectif de lutte contre la vie chère ont été interpellés suite aux récentes émeutes. Réactions et analyse d'une situation explosive dans les Antilles françaises...

Alors que la Martinique est secouée depuis deux mois par un vaste mouvement de contestation contre la vie chère, une nouvelle étape a été franchie ce jeudi avec l’interpellation de trois membres du collectif à l’origine de la mobilisation. Un épisode qui risque d’envenimer encore davantage la situation déjà explosive dans ce département d’Outre-mer.

Trois figures du mouvement placées en garde à vue

D’après une source proche du dossier, les forces de l’ordre ont procédé jeudi matin à l’interpellation de trois militants du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens (RPPRAC), le collectif qui mène la fronde contre la vie chère en Martinique depuis début septembre. Parmi eux figure Gwladys Roger, la trésorière de l’association, ainsi que deux autres membres dont les identités n’ont pas été révélées.

Les trois personnes ont été placées en garde à vue pour “violation de domicile, atteinte à la vie privée et actes d’intimidation”, a indiqué le parquet de Fort-de-France. Des faits qui remontent au 11 novembre dernier, lorsqu’une délégation du RPPRAC avait fait irruption dans la résidence du préfet pour exiger un entretien avec le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet, en visite sur l’île.

Le leader du collectif déjà mis en examen

Cette action coup de poing avait déjà valu à Rodrigue Petitot, le leader charismatique du RPPRAC, d’être interpellé le lendemain et placé sous contrôle judiciaire après 48h de garde à vue. Son procès pour ces faits a été renvoyé au 21 janvier prochain par le tribunal correctionnel de Fort-de-France.

Figure de proue du mouvement, cet ancien détenu passé par la lutte indépendantiste, qui se présente comme “le Mandela martiniquais”, cristallise autour de lui la colère d’une partie de la population contre la vie chère et les inégalités. Ses appels à la “révolution” et à la “guerre économique” contre l’État et les “békés” lui valent cependant de nombreuses critiques.

Le RPPRAC dénonce une “instrumentalisation de la justice”

Dans un communiqué, le RPPRAC a vivement dénoncé l’interpellation de ses trois membres, évoquant des “interpellations musclées” et des “perquisitions aux domiciles” menées “sans qu’il n’y ait eu au préalable de convocations”. Le collectif fustige “l’instrumentalisation de la justice” et l’emploi de moyens “totalement disproportionnés qui visent à discréditer” ses militants.

Rodrigue Petitot, c’est notre Nelson Mandela

Un manifestant du RPPRAC

Une mobilisation qui ne faiblit pas malgré les violences

Ces interpellations interviennent alors que la mobilisation contre la vie chère ne faiblit pas en Martinique, émaillée régulièrement de violences et de dégradations. Barrages, pillages, incendies de commerces et véhicules… D’après la préfecture, plus de 230 véhicules ont été brûlés et des dizaines de magasins saccagés depuis le début du mouvement début septembre.

Excédés par les blocages et les débordements, de nombreux Martiniquais expriment leur ras-le-bol et leur inquiétude face à un conflit qui s’enlise. Mais beaucoup soutiennent aussi les revendications du mouvement face à la cherté de la vie sur l’île, où les prix des produits de base sont en moyenne 40% plus élevés qu’en métropole selon l’Insee.

L’exécutif tente l’apaisement

Face à ces tensions persistantes, le gouvernement tente de reprendre la main. Après la visite mouvementée du ministre des Outre-mer le 11 novembre, marquée par des heurts et des dégradations, l’exécutif a dépêché cette semaine en Martinique une délégation interministérielle chargée de négocier des mesures d’apaisement et d’ouvrir des états généraux.

Mais sans perspective rapide de baisse significative des prix et d’amélioration des conditions de vie, et sur fond de défiance envers l’État, le dialogue s’annonce difficile. L’interpellation de trois figures du RPPRAC risque en tout cas de jeter de l’huile sur le feu et de durcir encore les positions. La Martinique n’est sans doute pas au bout de ses tensions.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.