C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire qui secoue le monde minier au Mali. Mercredi, les trois cadres de la société australienne Resolute Mining, dont le directeur général britannique Terence Holohan, ont été remis en liberté. Cette libération survient après la signature d’un protocole d’accord entre la compagnie et le gouvernement malien, prévoyant le versement de 160 millions de dollars par Resolute.
Les trois hommes avaient été arrêtés de manière inattendue en novembre dernier, alors qu’ils pensaient se rendre à Bamako pour des négociations de routine avec la junte au pouvoir. Au lieu de cela, ils ont été interpellés et interrogés sans explication.
Un accord financier conséquent
La société Resolute Mining détient 80% de la filiale qui exploite la mine d’or de Syama, dans le nord-ouest du Mali, tandis que l’État malien en contrôle les 20% restants. Ce contexte a pu jouer un rôle dans les évènements récents, les dirigeants militaires ayant promis de récupérer plus de revenus des compagnies minières étrangères opérant dans le pays.
Les termes exacts du protocole d’accord n’ont pas été révélés mais selon un responsable malien de la mine, Resolute aurait accepté de verser 80 millions de dollars prélevés sur ses réserves de trésorerie existantes. Un second paiement de 80 millions supplémentaires devrait aussi intervenir dans les mois à venir. Un montant très conséquent au regard des liquidités actuelles de la société, évaluées à 157 millions de dollars dans ses derniers états financiers.
Des répercussions sur l’avenir de la mine ?
Si ce paiement a permis d’obtenir la libération des cadres détenus, il soulève aussi des questions sur la santé financière de Resolute Mining et la viabilité future de ses activités au Mali, en particulier sur le site de Syama. L’entreprise va-t-elle pouvoir maintenir son niveau d’investissement et d’exploitation malgré ce coup dur ? L’avenir nous le dira.
Un pays en crise multidimensionnelle
Au-delà du secteur minier, c’est tout le Mali qui traverse une période difficile sur les plans politique, sécuritaire et économique. Bien que figurant parmi les principaux producteurs d’or en Afrique, le pays reste l’un des plus pauvres au monde.
Depuis 2012, la nation ouest-africaine fait face à la menace des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ainsi qu’à une insurrection séparatiste dans le nord du territoire. Des défis immenses pour le gouvernement de transition actuellement en place.
D’autres cas similaires ?
L’arrestation des responsables de Resolute Mining n’est pas un cas isolé. Selon une source proche du dossier, c’est la deuxième fois en quelques mois que des employés d’une entreprise minière étrangère sont détenus au Mali.
« De telles situations créent un climat d’incertitude pour les investisseurs et pourraient avoir des répercussions sur l’attractivité du Mali », commente un spécialiste du secteur qui a requis l’anonymat.
Une chose est sûre, ce nouvel épisode révèle les tensions palpables entre les autorités maliennes et les compagnies minières internationales. Au risque de fragiliser un secteur crucial pour l’économie du pays ?
Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’impact de cette affaire sur l’écosystème minier malien. Un dénouement potentiellement lourd de conséquences que gouvernement et industriels devront gérer avec précaution, pour préserver ce pilier du développement national.