Triplé Magistral de Freeman : Northampton Humilie Bath

Imaginez la scène : un stade bouillant, une équipe invaincue à domicile depuis plus d’un an, des stars internationales alignées, et en face, un adversaire qui fait tourner son effectif comme si la victoire était déjà acquise pour les locaux. Pourtant, le rugby a ceci de magique qu’il adore renverser les pronostics les plus évidents. Samedi soir, Northampton a offert une leçon magistrale à Bath, brisant net son invincibilité avec un score sans appel de 41 à 21. Au cœur de cette tempête verte et noire : Tommy Freeman et son triplé étincelant.

Une Victoire Qui Fait Trembler la Premiership

Ce n’était pas un match comme les autres. Bath recevait le champion en titre avec l’assurance d’une forteresse imprenable. Depuis octobre 2024, aucune équipe n’était parvenue à s’imposer sur leur pelouse en championnat. Les supporters chantaient déjà la victoire avant même le coup d’envoi, portés par la présence de Finn Russell, Ollie Lawrence, Joe Cokanasiga ou encore Henry Arundell. Tout semblait aligné pour une soirée tranquille.

Mais le rugby ne respecte pas toujours les scénarios écrits d’avance. Northampton, sous la direction de Phil Dowson, avait choisi de faire reposer plusieurs cadres : Alex Mitchell, Fin Smith, Fraser Dingwall et George Furbank étaient laissés au repos. Une rotation massive qui, sur le papier, déséquilibrait clairement la rencontre en faveur des locaux. Pourtant, les Saints ont transformé cette faiblesse apparente en force brute.

Tommy Freeman, l’Homme du Match

Difficile de parler de ce match sans commencer par lui. Tommy Freeman, l’ailier anglais au physique impressionnant, a tout simplement été phénoménal. Positionné au centre – un poste qu’il occupe rarement en club –, il a signé un triplé qui entre déjà dans les annales de la saison. Trois essais, huit au total en seulement cinq matchs avec Northampton cette année. Ses statistiques parlent d’elles-mêmes.

Ce qui impressionne le plus, c’est sa polyvalence. Qu’il évolue à l’aile ou au centre, avec le club ou en sélection, Freeman semble incapable de passer à côté d’une occasion. Sa vitesse, sa puissance et surtout son opportunisme font de lui une arme absolue. À l’issue de la rencontre, il avouait lui-même être presque sans voix : « Beaucoup pensaient que c’était perdu d’avance avec toutes nos rotations, mais nous avons saisi chaque opportunité. » Une humilité qui contraste avec l’ampleur de sa performance.

« Je n’ai pas trop les mots. On n’a rien lâché et on a saisi chaque opportunité. »

Tommy Freeman, après son triplé

Son influence dépasse le simple comptage des essais. Il a perforé la défense de Bath à plusieurs reprises, créant des brèches que ses coéquipiers ont exploité avec avidité. Northampton a inscrit sept essais au total, une performance offensive qu’ils n’avaient plus réalisée depuis 2022. Un festival qui laisse pantois.

Henry Pollock, le Phénomène de 20 Ans

À côté de Freeman, un autre nom a brillé : Henry Pollock. Le troisième-ligne de seulement 20 ans a signé un doublé qui confirme son statut de prodige. Déjà connu dans tout le monde du rugby pour sa maturité et son impact physique, il a une nouvelle fois démontré pourquoi il est considéré comme une future star du XV de la Rose.

Sa capacité à être partout, à gratter des ballons, à percuter avec violence et à conclure les actions fait de lui une nuisance permanente pour les défenses adverses. Face à une troisième ligne de Bath pourtant renforcée par Sam Underhill et Ben Spencer, Pollock a dominé les duels. Son doublé n’est pas un hasard : il récompense une activité incessante pendant 80 minutes.

Ce jeune talent incarne parfaitement la profondeur d’effectif de Northampton. Même sans certains cadres, les Saints possèdent des joueurs capables de prendre le relais avec une efficacité redoutable. Pollock, comme Freeman, symbolise cette génération montante qui pousse les portes de l’élite avec une assurance déconcertante.

Une Équipe B Qui Joue Comme une Équipe A

L’un des aspects les plus marquants de cette rencontre reste la cohésion collective des Saints malgré les absences. Anthony Belleau, titularisé à l’ouverture, a livré une prestation aboutie, dirigeant le jeu avec précision et contribuant largement à la fluidité offensive. Les remplaçants habituels ont joué comme s’ils étaient titulaires indiscutables.

Le plan de jeu était clair : attaquer sans relâche, aller au bout des actions, faire vivre le ballon. Et cela a fonctionné à merveille. Sam Vesty, l’un des entraîneurs en chef, ne cachait pas sa satisfaction : « Le plan était d’attaquer et d’aller au bout. On l’a parfaitement réalisé. Gagner ici avec style, c’est quelque chose d’exceptionnel. »

« C’est vraiment un endroit où il est très difficile de gagner et on l’a fait avec style. »

Sam Vesty, entraîneur de Northampton

Cette victoire n’est pas seulement un exploit sportif. Elle envoie un message fort à toute la Premiership : Northampton possède une profondeur d’effectif effrayante. Quand une équipe remaniée peut produire un tel rugby et infliger sept essais à l’une des meilleures formations du championnat, cela force le respect.

Les Conséquences sur le Classement

Avec ce succès, Northampton s’empare de la première place du championnat anglais. Un leadership retrouvé qui récompense la régularité des Saints depuis le début de saison. Bath, de son côté, encaisse une défaite cuisante qui interroge. L’invincibilité à domicile est terminée, et les joueurs de Johann van Graan vont devoir digérer cette claque avant les prochaines échéances.

Ce résultat relance également le débat sur la gestion d’effectif en période chargée. Northampton a prouvé qu’une rotation audacieuse peut payer, à condition d’avoir confiance en ses remplaçants. Une leçon que d’autres clubs pourraient méditer, surtout avec un calendrier toujours plus dense entre championnat et coupes d’Europe.

Pourquoi Cette Victoire est Historique

Revenons un instant sur le contexte. Bath n’avait plus perdu à domicile en Premiership depuis plus de quatorze mois. Northampton, de son côté, n’avait plus gagné sur cette pelouse depuis 2022. Ajoutez à cela la composition remaniée des visiteurs et vous obtenez tous les ingrédients d’un exploit retentissant.

Sept essais marqués, c’est une performance rare dans le rugby moderne, surtout à l’extérieur face à une équipe de ce calibre. Cela rappelle les grandes heures du rugby total pratiqué par les Saints ces dernières saisons. Leur titre de champion l’an passé n’était pas un hasard, et cette démonstration le confirme avec force.

En Angleterre, les observateurs sont unanimes : cette victoire fait beaucoup de bruit. Elle illustre parfaitement la compétitivité de la Premiership, où aucune équipe n’est à l’abri, même dans son jardin. Elle met aussi en lumière la richesse du rugby anglais, capable de produire des talents comme Freeman et Pollock à la chaîne.

Et Maintenant ? Les Enjeux à Venir

Pour Northampton, cette prise de pouvoir au classement arrive à un moment clé de la saison. Les fêtes de fin d’année sont souvent décisives en Premiership, et les Saints ont frappé un grand coup psychologique. Ils abordent la suite avec une confiance maximale et un effectif frais pour les prochaines batailles.

Bath, quant à lui, devra rebondir rapidement. La défaite est lourde, mais le championnat est encore long. Finn Russell et ses coéquipiers ont les ressources pour se remettre dans le sens de la marche. Reste à savoir si ce revers servira de déclic ou s’il laissera des traces.

Une chose est sûre : ce match restera dans les mémoires comme l’un des plus beaux exploits de la saison. Il rappelle pourquoi on aime le rugby : pour ces moments où le collectif transcende les individualités, où les pronostics volent en éclats, et où des joueurs comme Tommy Freeman nous font vibrer par leur talent pur.

Le rugby anglais nous a offert un spectacle magnifique ce week-end. Et quelque chose nous dit que Northampton n’a pas fini de faire parler de lui.

Ce genre de soirée rappelle pourquoi le rugby reste un sport unique. Quand tout semble écrit, une équipe décide de réécrire l’histoire avec panache. Northampton l’a fait, et le monde du rugby s’en souviendra longtemps.