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Trêve Israël-Liban : Entre Espoir et Scepticisme

Trêve entre Israël et le Liban : un fragile espoir de paix émerge malgré le scepticisme ambiant. Les Israéliens oscillent entre soulagement et méfiance, tandis que le sort des otages à Gaza reste en suspens. Analyse des enjeux de ce cessez-le-feu.

L’entrée en vigueur d’une trêve entre Israël et le Hezbollah au Liban ce mercredi suscite des sentiments partagés au sein de la population israélienne. Si l’espoir d’un apaisement des tensions est palpable, il se mêle à une certaine dose de scepticisme quant à la pérennité de cet accord.

Une année d’affrontements meurtriers

Ce cessez-le-feu intervient après plus d’un an d’hostilités le long de la frontière israélo-libanaise. Les escarmouches entre l’armée israélienne et les combattants du Hezbollah ont dégénéré en conflit ouvert durant la seconde quinzaine de septembre, poussant près de 60 000 habitants du nord d’Israël à fuir leurs foyers.

Malgré l’annonce de la trêve par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, aucune date n’a encore été avancée pour le retour de ces déplacés. Un retour en toute sécurité qui constitue pourtant l’un des objectifs affichés par le gouvernement dans ce conflit.

Des réactions contrastées

Sur le terrain, les avis sont mitigés. Youri, 43 ans, habitant du kibboutz Yiron près de la frontière libanaise confie : « D’un côté, nous sommes contents car avec le cessez-le-feu, il y a un sentiment de plus grande sécurité et nos enfants peuvent retourner à l’école. Mais de l’autre, nous ne nous sentons pas complètement rassurés à l’idée de rentrer. Le Hezbollah a encore des forces et nous ne voyons pas quand tout cela s’achèvera véritablement ».

Un sentiment que partage Yaron, commerçant de 42 ans à Haïfa, ville particulièrement ciblée par les roquettes du Hezbollah : « Tout le monde veut la paix mais cela doit être solide, pas simplement une promesse vide sur un bout de papier. Pas un cessez-le-feu où chacun rentre chez soi dans le Nord pour être de nouveau pris pour cible deux jours plus tard ».

La question des otages à Gaza

Au-delà de la situation au Liban, nombreux sont ceux qui espèrent que cette trêve permettra d’avancer sur le dossier des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza. Sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque surprise du Hamas le 7 octobre, seuls 97 sont encore aux mains du groupe islamiste palestinien. Parmi eux, 34 ont été déclarés morts par l’armée.

Pour Liron Azrielant, dirigeante d’un fond de capital-risque à Tel-Aviv, c’est aujourd’hui la priorité : « Tout ce qui compte, c’est de ramener à la maison les otages et autant que possible vivants ». Une analyse partagée par le quotidien de gauche Haaretz, pour qui le « premier impératif moral » du gouvernement est désormais de « parvenir à un accord de cessez-le-feu et de libération des otages » à Gaza.

La méfiance des Israéliens

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme prudent. Le site d’information Ynet s’interroge : « Le Premier ministre et les grands chefs de l’armée savaient parfaitement de quoi le Hezbollah est capable et nous ont laissé dormir avec cette menace à notre porte. Pourquoi devrions-nous les croire maintenant quand ils nous disent que les choses seront différentes la prochaine fois ? ».

L’éditorialiste rappelle l’échec des services de renseignements à anticiper l’attaque du Hamas en octobre dernier. « Le gouvernement et le renseignement militaire ont failli plus que quiconque à cette date. Il est absurde d’escompter que nous allons gober les mêmes promesses après le prix insoutenable payé par les Israéliens pour leurs erreurs criminelles. »

Alors que le cessez-le-feu est entré en vigueur, les regards sont désormais tournés vers Gaza. Beaucoup espèrent que les efforts déployés pour obtenir cette trêve avec le Hezbollah serviront de base pour négocier la libération des otages du Hamas. Un dossier sensible qui constituera un test pour ce gouvernement déjà fragilisé par ses errements dans la gestion de ces crises sécuritaires. L’avenir dira si cet espoir était fondé ou si le scepticisme ambiant était finalement le plus lucide.

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