La trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza vient de franchir une nouvelle étape importante. Au lendemain de la libération de trois otages israéliennes, c’est au tour d’Israël de relâcher 90 détenus palestiniens. Un geste fort qui nourrit l’espoir d’une paix durable dans la région, après plus de 15 mois d’une guerre dévastatrice.
Selon des sources proches du dossier, les prisonniers palestiniens ont été libérés tôt ce lundi matin d’une prison militaire en Cisjordanie occupée ainsi que d’un centre de détention à Jérusalem. Ils avaient été qualifiés de « terroristes » par les autorités israéliennes.
Cette libération fait suite à celle, la veille, de trois femmes israéliennes retenues en otage par le Hamas : Emily Damari, 28 ans, de nationalité israélo-britannique ; Doron Steinbrecher, 31 ans, israélo-roumaine ; et Romi Gonen, 24 ans. Leurs enlèvements lors d’une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 avait été l’élément déclencheur de la guerre.
Un accord de cessez-le-feu porteur d’espoir mais fragile
Le cessez-le-feu, entré en vigueur dimanche avec quelques heures de retard, ambitionne à terme de déboucher sur la « fin définitive » de la guerre selon le Qatar, médiateur de l’accord aux côtés des États-Unis et de l’Égypte. Mais le chemin vers la paix s’annonce encore long et semé d’embûches.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti qu’Israël se réservait « le droit de reprendre la guerre si besoin ». La branche armée du Hamas a de son côté affirmé que la trêve dépendait du « respect des engagements » par l’État hébreu.
L’accord prévoit plusieurs étapes :
- Cessez-le-feu et libération de 33 otages israéliens dans une première phase de 6 semaines
- Libération par Israël d’environ 1900 prisonniers palestiniens sur la même période
- Exil de 236 Palestiniens condamnés à perpétuité pour des attaques, principalement vers le Qatar ou la Turquie
- Négociation des modalités de la deuxième phase de trêve pendant ces 6 semaines
- Libération des derniers otages lors de la phase 2
- Reconstruction de Gaza et restitution des corps des otages décédés en captivité en phase finale
Gaza et Israël épuisés après la plus longue guerre de leur histoire
Avec plus de 15 mois de combats, il s’agit de la plus longue et la plus meurtrière des guerres ayant opposé Israël et les Palestiniens. Les deux sociétés en sortent profondément marquées et épuisées.
Personne n’ose parler de victoire alors que les pertes humaines et les destructions sont immenses des deux côtés.
Les familles des otages oscillent entre soulagement et appréhension au moment d’accueillir leurs proches dont elles craignent les séquelles physiques et psychologiques après 470 jours de captivité.
Les raisons d’y croire malgré tout
Le contexte semble malgré tout plus favorable que lors de la précédente trêve en 2023 pour une résolution durable du conflit selon les analystes :
- L’épuisement des belligérants après une guerre d’une intensité inédite
- La pression de la communauté internationale en faveur de la paix
- Le rôle moteur du Qatar, puissance régionale montante
- La perspective d’une aide massive pour la reconstruction de Gaza
- La menace d’un chaos régional en cas d’échec
Israël et le Hamas ont tous deux intérêt à respecter le cessez-le-feu.
David Khalfa, chercheur spécialiste d’Israël
À quelques jours de l’entrée en vigueur de ce cessez-le-feu encore fragile, les défis restent immenses pour bâtir une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Mais pour la première fois depuis longtemps, une lueur d’espoir semble poindre à l’horizon malgré l’ampleur de la tâche.
Les prochaines semaines et les prochains mois seront décisifs pour savoir si la région s’engage enfin sur la voie d’une normalisation ou si les vieux démons reprendront le dessus. Le monde retient son souffle, les peuples israélien et palestinien aspirent à la paix plus que jamais.