Au cœur de Lyon, un véritable trésor sommeille… Fermé pour travaux depuis 2021, le musée des Tissus abrite l’une des plus vastes collections textiles au monde. Ses 800 000 pièces, datant des pharaons à nos jours, font actuellement l’objet d’un bichonnage méticuleux en coulisses. Reportage exclusif dans ses ateliers tenus secrets.
Des merveilles textiles chouchoutées avec “humilité”
Scalpel en main, Anne-Rose Bringel s’attelle à un délicat travail de restauration. Cette professionnelle de 57 ans traite un fragment de velours Renaissance comme une “personne âgée”. “Avec douceur et humilité”, précise-t-elle, concentrée sur son ouvrage. Car ici, chaque textile est une pièce unique à manipuler avec la plus grande précaution.
Enrichies au fil des décennies par des dons et des acquisitions, les collections du musée des Tissus ne cessent de s’étoffer. Alors en attendant sa réouverture prévue en 2028, un chantier titanesque de rénovation a été lancé. Réserves et ateliers ont ainsi été déplacés dans un lieu tenu secret près de Saint-Étienne, pour y être bichonnés loin des regards.
Plongée au cœur des réserves, “boîtes aux merveilles” du musée
Dans cet écrin high-tech aux allures de coffre-fort, l’environnement est ultra-contrôlé. Hygrométrie, température, luminosité… Tout est millimétré pour offrir des conditions de conservation optimales aux textiles, stockés à plat ou en rouleaux. Des créations sixties aux tapis indiens du XVIIe siècle, c’est un véritable voyage spatio-temporel qui s’offre à nous.
Mais les véritables stars des lieux restent les “deux Joconde” du musée, dixit sa directrice Aziza Gril-Mariotte. Il s’agit d’un pourpoint médiéval ayant appartenu à Charles de Blois ainsi que d’une rarissime tunique funéraire vieille de plus de 2000 ans. Deux pièces d’exception qui ne sont quasiment jamais dévoilées au public.
Traquer la poussière et les insectes pour sauver des trésors inestimables
Mais avant d’être exposées, toutes ces merveilles doivent subir un check-up complet. Équipée d’un mini-aspirateur et d’une brosse, Anne-Rose traque le moindre grain de poussière, potentiel nid à moisissures. “Quand une œuvre est sale, elle attire plus vite les insectes”, explique la restauratrice. Des nuisibles redoutables pour les fibres naturelles !
Sous son microscope, sa collègue Julia Gazères ausculte aussi les secrets de fabrication des étoffes. Fils d’or, teintures naturelles… Chaque détail compte pour dresser le “profil génétique” de ces tissus d’exception. Un travail de fourmi crucial pour leur conservation comme pour enrichir les connaissances sur ces savoir-faire textiles ancestraux.
Un grand projet architectural pour sublimer les collections
Ces années de travaux représentent une opportunité unique pour le musée lyonnais. Une vaste campagne d’étude et de restauration est menée, tandis que les bâtiments historiques vont être entièrement repensés par le célèbre architecte Rudy Ricciotti. L’objectif : offrir un nouvel écrin à la hauteur de ce patrimoine exceptionnel.
Alors patience… Dans quelques années, le musée des Tissus rouvrira enfin ses portes pour dévoiler ses collections sous un jour nouveau. Au programme : un parcours repensé autour du vêtement comme objet d’art, de technicité et de société. Une approche inédite pour faire dialoguer kimonos, dentelles et autres trésors cachés de la mode. Vivement 2028 !