Un événement diplomatique remarquable s’est déroulé cette semaine, marquant un nouveau chapitre dans les relations entre la Grèce et la Turquie. Lors d’une cérémonie officielle au musée numismatique d’Athènes, la Grèce a restitué à la Turquie un trésor de plus de mille pièces de monnaie antiques en argent, saisies par les douaniers grecs à la frontière en 2019.
Cette restitution, une première du genre entre ces deux pays voisins aux relations souvent tendues, témoigne d’une volonté de dialogue et de coopération. Selon la ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, ces 1055 pièces d’argent avaient été importées illégalement. Leur retour en Turquie, leur pays d’origine, est un geste fort en faveur du rapatriement des biens culturels.
Un trésor antique d’une grande valeur historique
Les pièces restituées, pour la plupart de grandes pièces d’argent appelées tétradrachmes, ont été frappées à l’origine à Athènes et largement utilisées en Méditerranée orientale. Selon des experts grecs et turcs, elles faisaient partie d’un stock caché en Asie mineure entre la fin du Ve et le début du IVe siècle avant notre ère.
Outre les tétradrachmes athéniens, le trésor comprend des pièces provenant de Chypre, des îles grecques d’Égine et de Milos, de villes d’Asie mineure, du royaume ancien de Lydie et de Phénicie. Cette diversité témoigne de la richesse des échanges commerciaux et culturels dans la région à l’époque antique.
Un symbole fort pour le rapatriement des biens culturels
Pour la ministre grecque Lina Mendoni, cette restitution revêt une importance particulière. Elle souligne que «les Grecs sont particulièrement sensibles aux questions de rapatriement» et que «toutes les antiquités exportées illégalement, quel que soit le pays, doivent retourner dans leur pays d’origine».
Ce geste intervient quelques mois après qu’Ankara a publiquement soutenu Athènes dans sa longue bataille diplomatique pour récupérer les marbres du Parthénon exposés au British Museum de Londres. Un soutien que Lina Mendoni a tenu à saluer lors de la cérémonie, le qualifiant de «décisif» en faveur de la position grecque.
Vers un apaisement des tensions gréco-turques ?
Au-delà de sa dimension culturelle, cette restitution revêt une portée diplomatique indéniable. Les relations entre la Grèce et la Turquie ont souvent été marquées par des tensions, notamment autour de questions territoriales en mer Égée et en Méditerranée orientale.
Cependant, ces derniers mois ont vu plusieurs signes de détente. Outre le soutien turc sur la question des marbres du Parthénon, les deux pays ont repris en 2021 des pourparlers exploratoires sur leurs différends, après cinq ans d’interruption.
« La restitution de ces pièces antiques est un geste de bonne volonté qui, nous l’espérons, ouvrira la voie à une coopération accrue entre nos deux pays dans de nombreux domaines. »
– Une source diplomatique proche du dossier
Selon des observateurs, cet événement pourrait marquer le début d’une nouvelle ère dans les relations gréco-turques, basée sur le dialogue, le respect mutuel et la coopération culturelle. Un optimisme prudent semble de mise, même si de nombreux dossiers sensibles restent à régler entre Athènes et Ankara.
Un exemple pour la protection du patrimoine mondial
Au-delà du symbole fort qu’elle représente pour les relations bilatérales, cette restitution s’inscrit dans un mouvement plus large en faveur de la protection du patrimoine culturel mondial. De nombreux pays et institutions, comme l’UNESCO, militent activement pour le retour des biens culturels dans leur pays d’origine.
Cette prise de conscience croissante est essentielle face aux défis posés par le trafic illicite d’antiquités, qui alimente un marché noir très lucratif et prive les peuples de leur héritage. En coopérant pour le rapatriement de ces trésors, la Grèce et la Turquie montrent l’exemple et contribuent à préserver un patrimoine qui appartient à l’humanité toute entière.
Reste à espérer que cette restitution historique ne restera pas un cas isolé, mais qu’elle inspirera d’autres pays à œuvrer ensemble pour protéger et valoriser leur héritage commun. Car c’est en dialoguant et en coopérant, plutôt qu’en s’opposant, que nous pourrons le mieux préserver les trésors inestimables légués par nos ancêtres.