Le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée semble s’éloigner. Alors que la junte militaire au pouvoir depuis septembre 2021 s’était engagée à céder la place à des civils élus d’ici fin 2024, cette échéance ne sera vraisemblablement pas tenue. Le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte, a en effet déclaré dans son discours du nouvel an que 2025 serait « une année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel », sans préciser de date.
Une transition démocratique reportée
Pour rappel, la junte militaire avait pris le pouvoir en renversant le président Alpha Condé en septembre 2021. Sous la pression internationale, elle s’était alors engagée à rendre le pouvoir aux civils sous deux ans, soit d’ici fin 2024. Un engagement qu’elle a depuis fait savoir qu’elle ne tiendrait pas.
De même, le référendum constitutionnel promis avant fin 2022 n’a pas eu lieu. Le général Doumbouya annonce maintenant la signature d’un décret au premier trimestre 2025 pour fixer la date de ce scrutin. Les élections générales, elles, devraient suivre courant 2025 après l’élaboration d’un nouveau code électoral.
Un pouvoir militaire qui se durcit
Face à ces reports, l’opposition dénonce un exercice de plus en plus autoritaire du pouvoir par la junte et de multiples violations des droits. De nombreux opposants ont été arrêtés, poursuivis ou poussés à l’exil ces derniers mois.
Deux opposants sont portés disparus depuis leur arrestation par des gendarmes en juillet.
– D’après une source proche du dossier
Lundi encore, Aliou Bah, chef d’un parti d’opposition, a été écroué pour « offense au chef de l’État ». Son procès doit reprendre le 2 janvier. Un journaliste d’investigation, Habib Marouane Camara, a lui été arrêté début décembre par des hommes en uniforme et serait détenu au secret depuis.
L’opposition appelle à manifester
Face à cette situation, les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile ne comptent pas en rester là. Ils appellent à des manifestations à partir du 6 janvier dans la capitale Conakry pour « exiger le départ de la junte et la mise en place d’une transition civile ».
Une mobilisation à risques dans le contexte de restriction des libertés qui prévaut actuellement en Guinée. Mais pour l’opposition, il est crucial de maintenir la pression sur le pouvoir militaire afin d’obtenir un retour rapide des civils aux affaires.
Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir politique de la Guinée. Entre une junte déterminée à conserver le pouvoir et une opposition résolue à lui résister, le chemin vers la démocratie s’avère semé d’embûches. 2025 permettra-t-elle enfin aux Guinéens de retrouver un pouvoir civil et élu ? La question reste entière, mais la société civile semble plus mobilisée que jamais pour y parvenir.