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Traité Mondial Contre La Pollution Plastique En Danger

Un traité mondial prometteur contre la pollution plastique est en péril. Les négociations piétinent, tiraillées entre ambitions écologiques et intérêts économiques. La formulation du texte s'annonce décisive pour l'avenir de cet accord crucial. Les défenseurs de l'environnement sonnent l'alarme et...

Les négociations en vue d’un traité mondial ambitieux visant à mettre un terme à la pollution plastique sont au point mort. De sombres nuages s’amoncellent au-dessus de cet accord crucial, suscitant l’inquiétude croissante des négociateurs et des défenseurs de l’environnement. Au cœur des discussions, un point de discorde majeur : l’absence de mesures contraignantes pour réduire la production de plastique.

Un projet de texte en deçà des attentes

D’après une source proche du dossier, un document de travail distribué en amont des négociations décisives prévues à Busan, en Corée du Sud, serait à l’origine de vives tensions. Son contenu, jugé trop laxiste, ne prévoirait aucun engagement ferme en faveur d’une limitation de la production de plastique, pourtant considérée comme essentielle par de nombreux pays pour garantir l’efficacité du traité.

Ce projet de texte, truffé de positions contradictoires sur plus de 70 pages, peine à trouver un consensus parmi les quelque 175 pays impliqués. Face à l’impasse, certains observateurs évoquent même un possible échec des négociations, voire leur prolongation.

Une volonté politique en question

Pour la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, l’enjeu dépasse la question des moyens. “C’est une question de volonté politique”, a-t-elle déclaré, pointant du doigt le manque d’ambition du document de travail. Un constat partagé par de nombreux pays en développement, à l’instar du Rwanda, qui militent pour une formulation plus stricte et contraignante du traité.

“Même en devenant les champions du recyclage et de la collecte de déchets, on ne craquera pas le problème de la pollution plastique si on ne réduit pas l’utilisation et la production de plastique vierge.”

Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la Transition écologique

Des intérêts économiques qui freinent les avancées

Selon un négociateur membre de la High Ambition Coalition, qui œuvre pour un traité plus ambitieux, certains pays adopteraient une “stratégie très bien coordonnée pour éviter que leurs intérêts économiques ne soient menacés”. Une attitude qualifiée de “mépris extrême pour la santé humaine”.

La pierre d’achoppement concerne principalement la section du texte dédiée à la production de plastique. Luis Vayas Valdivieso, le diplomate qui préside les négociations, y concède que les positions restent pour l’heure inconciliables, proposant a minima un “processus visant à combler les lacunes actuelles en matière d’information concernant les niveaux de production existants et nécessaires”. Un contenu en deçà des attentes des défenseurs de l’environnement et de nombreux pays, qui réclament des objectifs chiffrés et contraignants.

La société civile appelle à un sursaut

Face à cette impasse, les ONG environnementales tirent la sonnette d’alarme. Pour Graham Forbes, responsable du projet mondial sur les plastiques chez Greenpeace, “la seule façon de mettre fin à la pollution plastique est d’arrêter de produire autant de plastique”. Un message clair adressé aux dirigeants politiques, appelés à s’opposer fermement à l’industrie des combustibles fossiles lors des négociations à Busan.

Le WWF, autre poids lourd de la défense de l’environnement, abonde dans ce sens, exhortant à “considérablement améliorer” le texte en termes d’ambition, notamment concernant les mesures contraignantes sur les produits chimiques dangereux et l’éco-conception des produits.

Un traité à la croisée des chemins

À l’aube de négociations décisives, le sort du traité mondial contre la pollution plastique reste donc plus que jamais incertain. Entre des pays producteurs de pétrole réticents à toute contrainte et des défenseurs de l’environnement déterminés à imposer des mesures ambitieuses, le fossé semble pour l’heure difficilement surmontable.

Reste une semaine aux négociateurs pour tenter de rapprocher des positions diamétralement opposées sur des points cruciaux, tels que l’interdiction des plastiques à usage unique ou le financement de la mise en œuvre de l’accord. Un défi de taille, qui pourrait bien déboucher sur une prolongation des discussions, voire leur échec pur et simple.

Face à ces incertitudes, une certitude demeure : l’urgence d’agir face à une pollution plastique galopante, qui menace chaque jour un peu plus la santé humaine et la biodiversité à l’échelle planétaire. Reste à savoir si la volonté politique sera au rendez-vous pour relever ce défi environnemental majeur de notre temps.

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