Une découverte macabre a été faite mercredi dernier sur une route menant à la célèbre station balnéaire d’Acapulco, dans le sud du Mexique. Les corps sans vie de onze personnes, toutes portées disparues depuis le mois d’octobre, ont été retrouvés à l’intérieur d’une camionnette abandonnée. Un drame qui vient s’ajouter à la longue liste d’actes de violence qui endeuillent cette région tourmentée.
Selon les informations communiquées par le bureau du procureur de l’État de Guerrero, les victimes – quatre mineurs âgés de 13 à 17 ans, deux femmes et cinq hommes – étaient originaires de la ville de Chilapa. Commerçants pour la plupart, ils figuraient tous sur une liste officielle de personnes portées disparues, établie par les autorités locales.
Une région sous l’emprise des gangs
D’après les déclarations du général Pedro Nieto, responsable du détachement militaire déployé dans la zone, ces enlèvements seraient l’œuvre du gang “Los Ardillos”. Cette organisation criminelle, impliquée dans le trafic de drogue et les rackets en tous genres, fait régner la terreur dans la région.
Les premières disparitions remontent au 22 octobre, lorsque les proches de dix des victimes ont signalé leur absence. Quatre jours plus tard, sept autres personnes parties à leur recherche se sont volatilisées à leur tour. Un scénario glaçant qui témoigne de la spirale de violence qui gangrène cet État côtier.
L’État de Guerrero, épicentre de la violence
Niché entre l’océan Pacifique et les contreforts de la Sierra Madre del Sur, l’État de Guerrero est depuis des années le théâtre d’une escalade de violence inouïe. Trafic de stupéfiants, extorsions, enlèvements… Les puissants cartels de la drogue se livrent une guerre sans merci pour le contrôle des routes stratégiques et des territoires.
Les autorités semblent impuissantes face à cette situation explosive. Lundi dernier encore, un commando armé a froidement abattu cinq membres d’une même famille dans une maison d’un quartier pauvre d’Acapulco, blessant grièvement deux autres personnes.
Une liste macabre qui s’allonge
Le 6 octobre, une sinistre découverte avait déjà marqué les esprits : la tête décapitée d’Alejandro Arcos, maire de Chilpancingo âgé de 43 ans, avait été abandonnée sur le toit d’un véhicule. Une exécution sauvage survenue seulement six jours après son entrée en fonction.
Quelques semaines plus tard, le 24 octobre, une violente fusillade opposant des civils armés à des militaires dans la municipalité de Tecpán de Galeana s’est soldée par la mort de quatorze personnes. Les assaillants avaient auparavant assassiné deux policiers.
Un pays meurtri par la guerre des cartels
Depuis le lancement controversé de la “guerre contre le narcotrafic” en 2006, le Mexique a sombré dans un cycle infernal de violence. Les chiffres officiels font froid dans le dos : plus de 450 000 homicides et 100 000 disparitions recensés en une quinzaine d’années, un bilan terrifiant qui ne cesse de s’alourdir.
Face à ce fléau qui ronge le pays, les autorités semblent désemparées. Corruption endémique, collusion entre les forces de l’ordre et les cartels, manque de moyens… Les obstacles sont nombreux et les progrès bien maigres.
Pendant ce temps, les familles des victimes attendent désespérément des réponses, hantées par l’absence de leurs proches. La découverte des onze corps dans cette camionnette abandonnée est venue raviver leur douleur et leur colère. Un énième drame qui illustre l’impuissance d’un État gangréné par le crime organisé, incapable de protéger ses citoyens.
Une tragédie de plus dans un pays qui semble avoir perdu le contrôle, pris en otage par des organisations criminelles toutes-puissantes. Un pays où la vie humaine ne semble plus avoir de valeur, où la mort rode à chaque coin de rue. Un pays qui se meurt, lentement mais sûrement, étouffé par la violence et la peur.