C’est un cri du cœur qui transperce l’Allemagne. Désirée Gleißner, mère du petit André, 9 ans, a publié un message poignant sur les réseaux sociaux au lendemain de l’attaque meurtrière du marché de Noël de Magdebourg. Son fils fait partie des cinq victimes fauchées par la folie d’un homme, qui a précipité son véhicule sur la foule vendredi soir, blessant également plus de 200 personnes.
« Pourquoi toi, André ? »
Les mots de Désirée sont ceux d’une mère anéantie par le chagrin et l’incompréhension :
« André n’a rien fait à personne… Il n’avait passé que 9 ans avec nous sur terre… Pourquoi toi ? Je ne comprends pas. Maintenant, tu es auprès de mamie et papi au ciel. Ils t’ont beaucoup manqué, comme tu nous manques ici maintenant. Tu vivras toujours dans nos cœurs. Je te le promets. »
Selon les informations recueillies, André était le benjamin d’une fratrie de cinq enfants. Ce soir-là, accompagné de camarades, il participait à une sortie avec son groupe de jeunes pompiers volontaires. Une passion dévorante pour ce petit garçon originaire de Warle, un village de Basse-Saxe situé à 70 km de Magdebourg. Personne n’aurait pu imaginer qu’une simple visite au marché de Noël se transformerait en un tel cauchemar.
Un traumatisme national
Le message bouleversant de Désirée a suscité un immense élan de soutien et de compassion. Sa publication, accompagnée d’un portrait souriant d’André, a été partagée plus de 200 000 fois en quelques heures. De nombreuses personnalités lui ont également rendu hommage, à l’image du célèbre DJ Jan Leyk :
« Tu étais encore un enfant, une petite personne innocente qui venait de commencer à découvrir le monde – un monde qui était censé t’aimer et te protéger. Au lieu de ça, elle t’a déçu. Ta vie s’est terminée bien trop tôt et si tragiquement. »
Jan Leyk, DJ
Au-delà de l’onde de choc provoquée par ce drame, c’est toute l’Allemagne qui s’interroge. Comment un tel acte a-t-il pu se produire ? Qui est vraiment le suspect, cet homme de 50 ans présenté comme un médecin-psychiatre d’origine saoudienne, réfugié en Allemagne depuis 2006 ? Quelles étaient ses motivations ? De nombreuses zones d’ombre subsistent alors que le pays s’apprête à voter pour renouveler son parlement.
Sécurité renforcée
Face à l’émotion et aux questions suscitées par cette tragédie, les autorités tentent de rassurer. Selon des sources proches de l’enquête, le suspect avait exprimé à plusieurs reprises des opinions hostiles à l’islam sur les réseaux sociaux et était connu pour des faits de menaces remontant à 2013. L’Arabie Saoudite avait même émis une mise en garde à son sujet le mois dernier. Des révélations qui soulèvent de sérieux doutes sur le suivi de cet individu et les failles du système.
En attendant d’y voir plus clair, la priorité est au recueillement et au soutien des victimes. Des mémoriaux improvisés ont fleuri sur les lieux du drame, couverts de fleurs, bougies et peluches. Un hommage national sera rendu la semaine prochaine en présence des plus hauts responsables du pays. La maire de Magdebourg, Pia Müller, a promis un renforcement de la sécurité sur tous les marchés de Noël, devenus des cibles potentielles.
Mais au-delà de ces mesures, beaucoup s’interrogent sur les racines d’un tel acte et ce qu’il dit de l’état de la société. L’extrême-droite tente déjà de récupérer l’événement tandis que d’autres mettent en cause la politique migratoire. Une chose est sûre : il faudra du temps à l’Allemagne pour panser ses plaies. Et surtout ne jamais oublier le petit André et toutes les victimes innocentes fauchées bien trop tôt. Le combat contre la haine et l’intolérance est l’affaire de tous, chaque jour. C’est le meilleur hommage que nous puissions leur rendre.